Vers la fin d’un monde….

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Mélancoli

Notre société repose sur l’adhésion à un ensemble de valeurs collectives fondamentales et sur la confiance qu’à le citoyen dans ses représentants, ceux-ci doivent prendre en compte les exigences nouvelles d’une société pour prévenir le risque d’une remise en cause du contrat social et de ce fait éviter que le citoyen se détourne de la vie démocratique. On s’aperçoit qu’un tel risque existe aujourd’hui car notre démocratie, oui même si on nous dit qu’on est dans une république bananière, nous sommes encore une démocratie, celle-ci est secouée par bon nombres d’affaires, ce qui crée une crise de confiance.

Cette crise, aggravée par une situation économique morose, par un phénomène de vie chère qui n’est pas encore endigué et où nos élus jouent aux apprentis sorciers, un sentiment d’impuissance de l’action publique apparaît, qui peut aussi être vu comme une crise de légitimité.

L’accès aux fonctions électives doit s’accompagner plus que jamais d’ un contrôle de l’action publique et des élus, élus qui doivent avant tout se consacrer pleinement à leur mission, qui doivent être impartiaux et désintéressés, pour que l’intérêt général soit leur mission première.

Avec les nombreuses affaires qui secouent la vie politique française, notre petit bout de territoire français n’est pas en reste avec depuis des années des affaires qui gangrènent la vie politique locale, qui sont une plaie pour la démocratie en Nouvelle-Calédonie, affaires qui n’est en rien l’apanage des loyalistes, les indépendantistes ont également un bon nombre de casseroles à leur actif. Certains diront qu’ils n’ont pas l’habitude de gérer une collectivité publique, que pour eux c’est nouveau, tout frais et on sait que la nouveauté attire toujours les convoitises. Un article m’a fait sourire, vendredi dernier, une interview du pharmacien milliardaire Didier Leroux qui nous parle du clientélisme et de la moralisation politique sur le territoire, toujours aussi comique ce Didier quand on sait que notre pharmacien local est président du conseil d’administration de la BCI et qu’il est à la tête d’un important groupe industriel calédonien, il y a de quoi se poser des questions sur un risque de conflits d’intérêt. Dernièrement, j’ai regardé les propositions en matière de moralisation politique émit par le MRC de Philippe Blaise, entre parenthèses je me pose la question pourquoi nous présenter que maintenant ces propositions? Pourquoi lorsqu’il était au RUMP ces propositions de rénovation n’ont pas été faites? A moins que je me trompe! En regardant la vidéo du MRC, quelques propositions ont été faites, mais avouons le, ce ne sont dans l’ensemble, que des mini- propositions.

Avec la présidence de Hollande, soit dite “irréprochable”, les évènements de ces derniers jours nous montrent au contraire, que le changement “c’est pas pour maintenant”. Une des multiples propositions du candidat Hollande était le non-cumul des mandats, cette proposition qui ne faisait pas l’unanimité même dans les rangs de la majorité, il y a quelques semaines les membres du congrès de la Nouvelle-Calédonie ont voté une résolution pour le non cumul des mandats, ils ont encore quelques années de répit car ce projet ne va pas voir le jour de si tôt. En Nouvelle-Calédonie, bon nombre de nos élus cumulent plusieurs mandats on a des présidents de province et de gouvernement qui sont maires, des ministres qui sont conseillers municipaux voire même pour un d’entre eux adjoint au maire de Nouméa. Le pays a besoin d’élus qui se consacrent pleinement à leurs fonctions. Au gouvernement , je citerai le cas du président qui cumule plusieurs casquettes: Président du gouvernement, maire de Paita et président de l’OPT, on se souvient que Jean Lèques avait décidé de démissionner de la présidence du gouvernement pour se consacrer à la mairie de Nouméa. Il semble que notre président-maire n’a pas la même conception du service public. L’exercice de la fonction ministérielle exige en effet un engagement constant de la part du dépositaire de cette charge, un ministre ne peux pas être député, le ministre est un acteur essentiel dans le processus de décision, bon nombre de nos ministres locaux se déchargent sur les membres de leur cabinet, mais c’est au ministre qu’incombe le devoir d’expliquer les décisions et d’impulser l’action publique et politique. Pour finir, un ministre ne peut exercer de fonctions locales comme adjoint ou maire surtout d’une grosse commune, ces deux fonctions sont incompatibles. Je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi les conseillers de la Nouvelle-Calédonie sont issus des élections provinciales, pour moi il serait plus judicieux que les membres du congrès de la Nouvelle-Calédonie soient élus au suffrage universel car un conseiller du pays ne peux pas exercer en même temps une fonction de conseiller provincial. La province a de nombreuses compétences et de ce fait un conseiller provincial doit se consacrer entièrement à sa fonction provinciale.

En écho, la limitation des cumuls des mandats d’un parlementaire reste aujourd’hui une habitude française. Bon nombre de parlementaires ressortent toujours l’argument de l’ancrage local indispensable. Le métier de parlementaire est avant tout celui du législateur, voter la loi est une responsabilité éminente et qui devient de plus en plus lourde, il convient donc qu’un parlementaire se consacre entièrement à sa tache de législateur. Nos parlementaires locaux cumulent pour la plupart tous des mandats locaux, pendant des années nos anciens députés et surtout la « chiffe-molle » qui est allé au Sénat n’ont pas toujours été présents lors des séances et dans les commissions, pour preuves ils étaient bon derniers dans le classement des députés. Nos deux députés actuels sont quant à eux, il faut l’avouer, très assidus aux séances et dans les travaux des commissions, pour nos deux sénateurs, on va dire que les dorures du palais du Luxembourg ne les font pas rêver. Donc la plupart de nos parlementaires calédoniens cumulent mandats nationaux et locaux il faudrait alors et surtout en cette période de lutte contre la vie chère montrer l’exemple, l’exemple doit venir du haut, nos parlementaires, comme il a été proposé par la commission Jospin, ne devraient pas percevoir leurs traitements locaux.

On l’a vu dernièrement avec le cas Martin et bien d’autres que le conflit d’intérêts reste un problème dans la vie politique, ceux qui nous représentent doivent montrer l’exemple, l’influence d’un intérêt particulier ne doit en aucun cas prévaloir sur l’intérêt général, trois notions essentielles doivent être respectées : l’indépendance, l’impartialité et l’objectivité dans l’action publique. Nos élus doivent comprendre que le citoyen calédonien veut des élus irréprochables ce qui conforterait la confiance envers les élus. Un élu ne peux être chef d’entreprise ou exercer une profession libérale ou dans certains cas être à la tête d’établissements publics ou de sociétés d’économie mixte, ce qui est le cas pour les exemples suivants :

Le directeur de cabinet de la présidente de la Province Sud est président du conseil d’administration de AIRCALIN.

Le président du gouvernement est président du conseil d’administration de l’OPT.

Un président de commission permanente du Congrès de la NC est président du conseil d’administration de PROMOSUD.

Parmi les hauts fonctionnaires locaux :

Un secrétaire général adjoint du gouvernement de la NC est à la tête de AIRCAL.

Pour une meilleure transparence dans les nominations, les candidats devraient être entendus par les commissions intérieures du Congrès de la NC comme c’est le cas en France et surtout un élu ne peux exercer les fonctions dirigeante au sein de SEM ou d’établissements publics car il risque d’avoir un conflit d’intérêts. Comme en France il serait important de mettre en place une commission de déontologie ou bien nommer un délégué pour qu’il y ait alors une impartialité dans ces décisions. Nos élus, après chaque élection, devraient établir une déclaration d’intérêts et d’activités. Ils seraient préférable voir même obligatoire que les élus n’exercent pas d’activité ou de fonction au sein des partis politiques.

Les collaborateurs au gouvernement, dans les provinces ou au Congrès doivent aussi montrés l’exemple en souscrivant à une déclaration d’intérêt et d’activité. Tous les membres d’un cabinet doivent être nommés sur un emploi budgétaire identifié et ainsi mettre fin aux collaborateurs officieux. De plus un collaborateur ne devrait pas être administrateur de société publique ou para publique. N’a t’on pas eu un ancien directeur de cabinet à la présidence de la Province Sud qui était en même temps président du CES?

On a eu, il y a quelques années, une proposition de mise en place d’une retraite pour les élus, proposition que je soutiens,car être élu est un métier à plein temps, il serait donc cohérent de pouvoir bénéficier, en fin de mandat, d’une retraite. Peut être, s’il est encore en capable d’exercer une activité professionnelle et qu’il ne possède pas les diplômes nécessaires, d’avoir, au bout de cinq ans d’exercice d’un mandat, un diplôme de type master pour que sa reconversion professionnelle se passe dans de bonnes conditions. Pour mettre un terme au cumul des mandats, il serait également souhaitable d’augmenter la rémunération des élus provinciaux.

Doux rêve ou future réalité, l’espoir fait vivre. J’espère donc que nos élus et les futurs élus, puisqu’il faut bien un renouvellement de la classe dirigeante, prendront conscience de l’enjeu qu’est la moralisation de la vie politique locale afin que le citoyen calédonien ai pleinement confiance envers eux. Donc messieurs les élus prenez en compte l’intérêt général, j’ai l’espoir que vous êtes entrés en politique pour servir le citoyen calédonien et non pour vous remplir les poches.

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Jeune internaute tout frais sorti d'un œuf de la discorde, Machiavel à la plume alerte des jeunes pousses. Techno-connecté, s'exprimant sur tous les réseaux sociaux, Machiavel représente cette génération 2.0 qui occupe naturellement le Net. Marqué à droite, ses premiers écrits tranchent avec le politiquement correct habituel en Calédonie. A n'en pas douter, au fil du temps, le plus jeune de nos contributeurs saura prendre sa place parmi les "grands".
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Inforétif

“Peut être, s’il est encore en capable d’exercer une activité
professionnelle et qu’il ne possède pas les diplômes nécessaires,
d’avoir, au bout de cinq ans d’exercice d’un mandat, un diplôme de type
master”

Pas suffisamment, si c’est un citoyen calédonien faut lui filer au minimum l’agrégation de philo + doctorat en médecine.

Sagamore

D’accord pour “la fin d’un monde”
On est entré dans la civilisation de l’obsolescence programmée, du provisoire et du jetable: (frigos, maisons, amours, bagnoles, emplois,…)
Tout le monde sait ça, sauf… nos élus, les mêmes depuis 35 ans !

(Rire ! Il leur faudrait une date de péremption !)

Fredy GOSSE
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