RUMP-UCF : le hold-up electoral

Réunis par la volonté de conserver l’ensemble des grandes mairies de l’agglomération, la stratégie mise en place par les anciens membres du RPCR apparait désormais au grand jour.

« Ça ne m’étonne même plus ». L’un des journalistes présent lors de la conférence de presse commune de Gaël Yanno et de Gaby Briault évoque longuement en off la fusion des ennemis d’hier sur Nouméa et analyse la stratégie de l’UCF à l’échelle de l’agglomération et du territoire. « A cause de Frogier, ils [le RUMP] ont perdu trop de voix. L’année dernière, ils ont estimé qu’il leur fallait un parti-réceptacle pour les récupérer, sinon leurs électeurs allaient tous se barrer chez Gomes » tout en cynisme, cet observateur attentif du monde politique et médiatique explique comment Gaël Yanno a créé de toute pièce en 2013 un parti éphémère, l’UCF, censé empêcher une « déculotté électorale » à leur famille politique aux municipales puis surtout aux provinciales. « Le but était non seulement d’empêcher le départ de leurs électeurs mais également d’avaler ceux d’Isabelle Lafleur et les déçus du RUMP » rajoute-il. « Désormais ils peuvent fusionner et reconstituer la famille au grand complet sans que ça soit trop mal perçu. Ils estiment qu’il n’y aura même pas de déperdition de voix dans les seconds tours » Ce qui permettra au RUMP, selon eux, de « conserver ses fiefs et à Gaël Yanno de s’installer dans le fauteuil de Jean Lèques » A son propos, le constat est sans appel : « Fifils s’est entièrement fait avoir finalement »

La stratégie du Hold-up

Ainsi, à Dumbéa, Gil Brial de l’UCF a été chargé de se maintenir au second tour afin de permettre facilement la réélection de Georges Naturel du RUMP. Au Mont-Dore, Chantale Courtot n’appellera pas à voter contre le maire sortant Eric Gay, qui devrait donc profiter d’une triangulaire avec le FLNKS… A Paita, l’UCF a conclu un pacte pour obtenir les voix du RUMP sur Nouméa. Des états-majors de Nouméa, Louisa Bréhé a reçu l’ordre d’appeler à voter pour Harold Martin, le candidat soutenu par Pierre Frogier. Au grand dam de Gaël Yanno qui affirmait hier « qu’il n’y a pas d’accord au-delà de Nouméa » et qui aurait préféré que ses tractations ne s’étalent pas sur la place publique. Car, malgré ses déclarations, les faits le contredisent car l’UCF tente par tous les moyens d’empêcher le président du gouvernement de perdre son fauteuil de maire au profit de Frédéric de Greslan.

Harold Martin a par ailleurs confirmé l’ensemble de cette stratégie, pas plus tard qu’hier midi dans les médias.

Dans un sourire, du côté de l’UCF certains s’amusent de la situation : « hauts les mains ! » a ainsi murmuré hier matin dans un des colistiers de Gaël Yanno à un représentant de la presse. Pour le microcosme politique et médiatique, la logique est en effet implacable et d’une redoutable rationalité. Calédonie Ensemble ayant fait plus de voix que le Rassemblement-UMP ou que l’UCF au 1er tour du scrutin, les partis de Pierre Frogier et de Gaël Yanno vont dès le lendemain des municipales entamer un rapprochement prévu de longue date. Selon des proches du 1er adjoint au maire, la victoire ne laisse aucun doute sur Nouméa, « Si ensuite on arrive à laisser Frogier dans l’ombre jusqu’en mai, avec un ticket Ligeard-Yanno aux provinciales on fera le plein de voix et Gomes se retrouvera à la ramasse » le deal est déjà dans les tuyaux « A Ligeard, la province, à nous le gouvernement ! »

Du côté de la brousse, à Koumac, et dans l’indifférence générale, le candidat du Rassemblement-UMP a fait alliance pour le second tour avec la liste du FLNKS. Le mouvement indépendantiste et le RUMP présentent une liste commune dans cette importante mairie du Nord pour être certain de battre Pierre Delhumeau, le candidat soutenu par Calédonie Ensemble. Électeurs : hauts les mains, vous êtes cernés…