Mais, où qu’il est Harold ?

Avant, sur nos écrans, on pouvait regarder Où est Charlie ? Les enfants adoraient cette série de dessins animés où ils devaient à certains moments de l’histoire retrouver le personnage principal dénommé Charlie, un jeune homme grand et mince, invariablement coiffé d’un bonnet et habillé d’un Sweat-shirt à rayures blanches et rouges et – tel un Gaby – toujours accompagné de son fidèle petit chien Ouaf. Et il se cachait tellement bien ce Charlie que les enfants avaient bien du mal à l’identifier. Aujourd’hui, Charlie, c’est Harold Martin.

Tout le monde sait qu’il est sur la liste de Cynthia Ligeard. Tout le monde sait qu’il y est placé en position éligible (à la 6ème place) et chacun aura compris qu’il sera encore élu au congrès de la Nouvelle-Calédonie ces cinq prochaines années grâce aux voix des électeurs du Rassemblement. Mais on ignore totalement où il se cache durant cette campagne pour les provinciales. Il faut dire que Cynthia Ligeard et ses colistiers s’emploient à bien nous le dissimuler. Ainsi :

· Dans ses spots télévisés : pas d’Harold Martin,
· Dans son programme : pas d’Harold Martin,
· Dans ses meetings : pas d’Harold Martin,
· Dans les interviews radios : pas d’Harold Martin,
· Sur l’affiche de campagne : pas d’Harold Martin…

Sur cette affiche justement, celle du Front Pour l’Unité, et bien que pas moins de douze autres colistiers sont placés derrière la tête de liste, Harold Martin n’est pas présent. En fait, cherchez bien, les 11 premiers membres de la liste ne manquent pas à l’appel… sauf le 6ème. Sauf le président du gouvernement. Mais où est donc passé Harold ?

Une présence qui dérange les électeurs du RUMP

Comme souvent en politique, rien n’est le fait du hasard. L’absence du maire de Paita dans la campagne de sa propre liste est totalement volontaire et a été longuement discutée et débattue au sein de l’Etat-major du Rassemblement-UMP au lendemain des municipales. Le président du gouvernement, fort de sa réélection dans sa commune, s’était en effet empressé d’aller demander au début du mois d’avril une place sur la liste de Sonia Backes. Mais du côté de l’UCF on a vu d’un mauvais œil l’arrivée de se réfugier de la dernière heure. Ses deux mises en examen et son bilan critiqué à la tête du gouvernement avaient été jugés « contre-productifs » et il avait même été qualifié par un élu proche de Gaël Yanno de « boulet électoral ». Une fin de non-recevoir lui a alors été communiquée.

Ni une ni deux, Harold Martin s’est alors tourné vers Pierre Frogier et Cynthia Ligeard. Si cette dernière s’est au premier abord montrée plus que circonspecte, lorsque, face à son refus, le maire de Paita a menacé de monter sa propre liste, Pierre Frogier et les siens ont estimé que c’était sur leur terre électoral qu’il allait majoritairement moissonner, les privant ainsi de plusieurs milliers de voix. Des voix dont le Rassemblement-UMP ne veut pas prendre le risque de se passer. Pour autant, du côté des sympathisants du mouvement, l’état-major du RUMP savait que sa présence allait, là aussi, heurter certains électeurs et notamment ceux qui aspiraient à un renouvellement de leurs dirigeants. L’un des thèmes de campagne de Cynthia Ligeard étant de « faire de la politique autrement » les observateurs de la politique locale ont bien compris qu’avec Harold Martin, ce serait un message difficilement audible pour les Calédoniens.

Un accord a donc été conclu avec l’assentiment de Didier Leroux, président du comité de soutien de Cynthia Ligeard et principal contributeur financier de la campagne du Rassemblement. Celui-ci reposait sur un deal assez simple : Harold Martin devra s’effacer le temps de la campagne en échange de quoi il pourra bénéficier d’une place éligible.

C’est ainsi qu’avant le résultat des urnes on ne verra nulle part Harold Martin. « Cherchez-le bien, vous ne le trouverez pas » Cependant, comme des enfants, le soir du 11 mai prochain, les Calédoniens reverront bien à la télévision celui qui aura passé toute la campagne électorale à leur faire croire qu’il avait disparu… avec succès ?