Dunoyer, le grand oublié

Si depuis cinq ans le porte-parole de Calédonie ensemble n’a pas ménagé sa peine, Philippe Dunoyer apparait comme le grand oublié dans le nouveau partage des responsabilités. Retour sur une personnalité à part.

Le dernier mandat n’aura pas été de tout repos pour le ministre Dunoyer. Tout d’abord en charge de la santé dans le gouvernement Gomès, il a dû se contenter de la gestion du médipole – dont personne ne voulait – durant toute la présidence Martin. Cantonné dans l’opposition il n’a pu qu’observer de loin la gestion des affaires du gouvernement tout en bataillant dans l’intérêt de son parti. Candidat sacrifié de Calédonie ensemble aux élections sénatoriales de 2011 puis pressenti lors des législatives, Philippe Gomès lui a alors préféré Sonia Lagarde. Beau joueur, il avait accepté d’en être le porte-parole. Tête d’affiche aux élections municipales au côté de Paul Qaeze et de Sonia Lagarde, celle-ci avait jugé son implication dans la campagne de Nouméa comme « capitale », dressant publiquement un portrait extrêmement flatteur de son colistier lors de leur dernier meeting. Désormais, élu au congrès et à la province Sud d’aucuns s’attendaient à le voir briguer la présidence d’une institution ou effectuer un retour en force au gouvernement. Or, selon les premiers échos issus des conciliabules entre CE, l’UCF et le FPU, il n’en sera rien.

Trop populaire donc trop dangereux ?

Ainsi, c’est Philippe Michel, un proche du député Gomès, qui a été choisi pour diriger la province Sud et aucun des deux postes de vice-président ne lui a été proposé. Plusieurs journalistes et responsables politiques voyaient donc en lui le prochain président du gouvernement, mais l’alliance entre CE, le FPU et l’UCF et le partage des trois grandes institutions entre elles les auront contredits. Dès lors, pour participer au futur gouvernement, si les noms de Philippe Germain et de Philippe Gomès reviennent souvent dans les conversations, il n’en est pas de même pour l’ancien ministre de la santé. Faut-il y voir une mise à l’écart ? D’autant plus qu’au sein de la classe politique, nul n’ignore que Philippe Dunoyer bénéficie d’une assez bonne image au sein de l’opinion publique. Si sa compétence et son expérience sont reconnues, le fait qu’il soit aussi l’un des seuls hommes politiques du territoire à n’avoir aucune “casserole” politique ou judiciaire plaide également en sa faveur.

De quoi lui créer des inimitiés chez ses adversaires… et au sein même de son propre mouvement. Certains observateurs avaient d’ailleurs parfaitement remarqué qu’avant l’annonce de la liste de Calédonie ensemble, beaucoup de militants et de sympathisants de ce mouvement avaient plaidé pour le voir tirer la liste aux provinciales. Un sondage dans lequel près de mille internautes avaient répondu l’avait ainsi placé dans les intentions de vote loin devant Philippe Michel, Sonia Lagarde ou même…Philippe Gomès.