Dang/SLN : « une tempête dans un verre d’eau » ?

Pierre Gugliermina Directeur Général de la SLN a pris acte de la nomination d’André Dang à la tête de la STCPI. Pour le nouveau patron de la SLN, cette nomination du pire ennemi d’Eramet-SLN n’a « rien d’exceptionnelle ». Bisbilles ?

On savait qu’une « guerre froide » s’était installée entre les deux principaux mineurs calédoniens la SLN et la SMSP, mais depuis qu’André Dang a été porté à la tête de la STCPI (Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle) – un poste que le PDG de la SMSP avait déjà occupé au début des 2000 – cette nomination est très mal perçue par les détracteurs de l’industriel du Nord. Cependant, depuis que le patron de la « vache à lait » de la Province nord a mis à jour son “patriotisme économique” à l’égard de la vieille dame, une tension assez palpable s’est fait jour et les deux principaux mineurs qui se regardent depuis lors en chien de faïence.

Rappel des faits

La STCPI, réunissant les trois provinces, a été créée en 2000. Cette entité économique est composée pour moitié par la province Sud au travers de PROMOSUD (50%) et par NORDIL (50%) qui regroupe les provinces Nord et Iles. Les principaux actifs de la STCPI sont constitués d’actions au sein de la SLN (34%) et 4% (Eramet-SLN). En juin dernier dans les colonnes du blog l’Eveil calédonien, André Dang avait dans une tribune expliqué « pourquoi il faut prendre la majorité dans la SLN » et avait lancé un pavé dans la mare. Pour le patron de la SMSP, la trésorerie de la SLN était investie en dehors du territoire et à la vue de la cotation en bourse du groupe métallurgiste français, les actionnaires privés pourraient être tentés prochainement de se désengager de l’or vert calédonien.

En disposant de 51% dans la SLN, la Nouvelle-Calédonie garderait la maîtrise et le contrôle de sa ressource minière tout en respectant l’environnement (André Dang)

Le big boss défend en effet une montée en puissance de la Calédonie afin que cette dernière ai la maîtrise de son « robinet nickel». Mais certains observateurs ont vu dès la parution de cette tribune une manœuvre mise en place pour affaiblir la SLN au détriment de la SMSP, afin que cette dernière puisse maintenir ses engagements avec ses partenaires asiatiques.

Faux débats ?

Depuis le retour du PDG de la SMSP à la tête de la STCPI, les professionnels de la mine sont dans l’expectative. Du fait du décès de Pierre Alla, la direction de la SLN ne s’était pas encore prononcée sur cette nomination. Pierre Gugliermina a donc récemment pris la parole pour féliciter André Dang. Le Directeur Général et président du conseil d’administration par intérim de la SLN a ainsi rappelé :

Le président de la STCPI n’est pas forcément membre des conseils d’administration

D’ailleurs, l’ancien président de la STCPI, Louis Mapou fut également administrateur du groupe Eramet-SLN sans que ce dernier soit accusé de « conflit d’intérêt ». Autre argument avancé par le patron de la SLN : la limite d’âge au sein des conseils d’administration notamment au sein d’Eramet où celle-ci est de 70 ans. Au micro d’Elisabeth Nouar, le directeur général de la SLN a tout de même lancé une petite pique à l’encontre de son principal adversaire minier lorsque la journaliste vedette de RRB a souligné l’âge d’André Dang : « Mais monsieur André Dang est toujours très jeune ! » a-t-il dit.

Avec André Dang et Philippe Gomès à la tête de la STCPI, deux personnalités qui souhaitent une montée majoritaire de la Calédonie au capital de la SLN, Pierre Gugliermina a pris comme argument les textes fondateurs de la « vieille dame » qui veulent que l’usine de Doniambo par une volonté étatique « reste adossé à un grand groupe industriel », pour faire face, entre autre – comme le martèlent depuis des semaines les opposants d’André Dang – à tout investissement lourd telle la construction de la nouvelle usine à charbon. Néanmoins, selon Pierre Gugliermina tout ceci est « un faux débat », le seul critère que les calédoniens et les politiques devraient prendre en compte est que la « SLN reste forte ». Cependant, il faut se rappeler que Philippe Gomès, lors d’un débat en fin d’année dernière avec Pierre Alla et André Dang autour du nickel, avait défendu une STCPI « revue et corrigée » afin que « la répartition des dividendes versés à la STCPI soit plus égalitaire » et pour favoriser « la mise en œuvre d’accords gagnant-gagnant entre la SLN et la SMSP ». Désormais aux manettes de la province Sud et de la STCPI, les observateurs du secteur attendent qu’il passe aux actes.