Frogier évoque les “violences”, le “sang”, le “feu” et “l’absurdité du référendum”

A l’occasion du débat sur le budget de l’Outre-mer, le sénateur Frogier est monté à la tribune du sénat pour dresser un bilan catastrophique de la situation politique calédonienne. Relents, retours et aigreurs.

Présent pour la 5ème fois au sénat depuis 2013, le président du Rassemblement-UMP a profité de la discussion sur le budget des Outre-mers pour faire (encore) connaitre à la ministre son opposition quant au positionnement de l’Etat sur le dossier calédonien. Si le sénateur Frogier n’a pas évoqué la situation financière, économique ou budgétaire de la Nouvelle-Calédonie, il a en revanche dit tout le mal qu’il pensait de « l’équidistance » du Gouvernement. Rappelant en préambule dans une longue logorrhée la période des évènements avec « ses terribles flambées de violence », qui ont entrainé une « véritable guerre civile » et des « confrontations brutales », Pierre Frogier n’a pas hésité à mettre en cause l’implication du Gouvernement socialiste qui a, dans les années 80, selon lui « mis la Calédonie à feu et à sang » de par ses promesses aux indépendantistes. Évoquant ensuite les « violents désordres », les « exactions », les « vols », les «pillages », les « incendies » puis les « blessés et les morts » de la période des événements, il a plaidé pour que l’Etat s’implique désormais du côté des non-indépendantistes.

Pour Frogier, le référendum est « brutal » et « absurde »

Semblant ne pas véritablement s’intéresser au vote du budget (qu’il a parfaitement ignoré), aux dispositifs de défiscalisation ou aux coupes budgétaires proposées par la Rue Oudinot, Pierre Frogier a rappelé aux sénateurs qu’il était opposé au référendum d’autodétermination :

Ce référendum d’autodétermination n’est pas susceptible de résoudre l’équation qui nous est posée (…) ce scrutin d’autodétermination est absurde (Pierre Frogier)

Pour celui qui n’est plus désormais élu au congrès de la Nouvelle-Calédonie, « l’Etat est en train de se défausser sur les Calédoniens » et, à son sens « il n’y a rien de pire » jugeant le principe du référendum trop « brutal ». Cependant, Pierre Frogier n’a pas encore expliqué qui aurait la responsabilité de décider de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie si celui-ci n’est pas choisi lors d’un vote des Calédoniens.

Contradiction sur la mission parlementaire

Pour autant, les observateurs attentifs de la vie politique locale auront noté un changement substantiel dans le discours du président du RUMP s’agissant de la mission des experts diligentée par le Gouvernement. Cette dernière avait, en effet, été jugée « trop partisane » et de nombreuses voix s’étaient fait entendre afin qu’elle soit plus équilibrée et que des parlementaires de toutes les sensibilités politiques y soient associés. Ainsi Pierre Frogier avait déclaré devant le Premier ministre au Comité des Signataires que « l’Etat avait voulu faire de la politique en envoyant, en Nouvelle-Calédonie, une mission partisane qu’il a refusée de rééquilibrer ». Depuis lors, cherchant à calmer le jeu, Manuel Valls a décidé d’ouvrir cette mission parlementaire aux députés de droite et du centre. Mais, lors de son discours au sénat, cette disposition ne semblait plus convenir à Pierre Frogier :

En ajoutant un groupe d’experts indépendants à la mission Christnacht-Merle, le tout placé sous l’œil vigilant de missions parlementaires de réflexion (…) vous créez les conditions de l’impuissance et de la cacophonie (Pierre Frogier)

Autant dire que – pour le RUMP – lorsque la mission était constituée uniquement de socialistes, alors elle était jugée « partisane », mais comme maintenant des députés UMP y participent, alors elle devient « cacophonique et impuissante ». De quoi convaincre les uns et les autres que, quoi qu’il advienne, et depuis sa défaite aux élections provinciales, le président du RUMP n’aura de cesse de s’opposer à toute démarche portée par quelqu’un d’autre que lui.