La Charte de la Citoyenneté

Quelle belle initiative que cette charte de la citoyenneté, elle fait plaisir à voir et elle rassure quant au fait qu’il y a bien des gens qui réfléchissent à autre chose qu’un drapeau commun pour faire avancer les choses. Cette initiative émane de La Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de Nouvelle-Calédonie, elle est le fruit d’une année de travail des ligueurs : Claude AYRAULT, Jeannette BOLE, Jean-Paul CAILLARD, Maryvonne CARPENTIER, Jean-Pierre DETEIX, Arnaud Luis FUENTES, Pascal HEBERT, Elie POIGOUNE, Gérard SARDA, Pierre WELEPA et du pilote de la commission Pierre FAURE. (cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Ce document ne prétend pas à la perfection, mais bien à poser des bases sur lesquelles nous espérons que tous les habitants du Pays pourront se retrouver. Loin d’être un agencement hétéroclite de principes et d’idées, ils ont essayé de traduire par un préambule et douze articles la société à laquelle ils aspirent en se basant sur des réalités, à la fois particulières et universelles. Ils espèrent que chaque femme, chaque homme, chaque citoyen s’y retrouvera et y adhèrera pleinement.

Je vous propose que nous en discutions en tout bien tout honneur sur le blog mais avant çà, il est important que vous téléchargiez le dossier complet qui renferme un document hors-série publié par la LDHC-NC ainsi qu’une explication complète de leur travail que j’applaudis des deux mains. Je pense en effet que c’est à force de propositions que nous arriverons un jour à mieux nous comprendre et de voir en face la réalité calédonienne qui nous tend les bras depuis de nombreuses années. Même si la frilosité de certains fait peur à voir, je crois qu’il est important de prendre conscience que nous avons tout à faire et à inventer pour nous donner les moyens de réussir. Des contributions comme celle-ci, le blog en attend tous les jours, malheureusement, elles se font très rares et je le regrette profondément !

Pourquoi une proposition de charte citoyenne de la Nouvelle-Calédonie ?

La Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de Nouvelle-Calédonie est amenée à défendre les principes énoncés dans les Déclarations des Droits de l’Homme de 1789 et 1793, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, la Déclaration Universelle des Droits des Peuples Autochtones ainsi que toutes les conventions relatives aux droits des femmes, des enfants ou relevant des droits économiques, sociaux et culturels.

Notre « […] association fait appel à tous les démocrates pour combattre l’injustice, l’illégalité, l’arbitraire, l’intolérance, toute forme de racisme et de discrimination et notamment toute at-teinte au principe fondamental d’égalité entre les êtres humains, toutes violences à leur égard, pour défendre la liberté en géné¬ral et la laïcité. ». Nous concourons, comme la LDH France et la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), à « agir au quotidien pour faire vivre l’universalité et l’indivisibilité des droits et pour assurer leur effectivité pour tous, sans discrimination, sans exclusion, partout dans le pays. ».

La LDHC-NC trouve cependant une spécificité dans la promo¬tion et la défense du texte fixant notre cadre institutionnel actuel : l’Accord de Nouméa signé le 5 mai 1998. Nous nous posons ainsi comme garants de cet accord qui désor¬mais se veut être un fil conducteur dans la construction de notre avenir et de la paix sociale.L’esprit de cet accord met en avant l’importance de la décolonisa¬tion. Il prévoit les transferts de compétences et évoque également en son préambule la question de la citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie dans les termes suivants : « Il est aujourd’hui nécessaire de poser les bases d’une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, permettant au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun ».

Ce point fondamental de l’Accord de Nouméa n’a cependant pas réellement trouvé d’expression concrète au sein de notre société depuis la signature de l’Accord. Si la loi sur l’emploi local dans le secteur privé constitue certes une avancée dans la construction de la citoyenneté elle n’en reste pas moins sommaire.

D’autre part, pour beaucoup d’entre nous la citoyenneté ne se résume pas au seul corps électoral gelé. Sans remettre en question cette réalité issue de notre histoire politique, la LDHC-NC ne souhaite pas limiter sa vision de la citoyenneté aux seuls aspects juridiques mentionnés par l’Accord de Nouméa. En effet, la citoyenneté regroupe un ensemble de concepts et d’idées beaucoup plus vastes. Son champ implique autant un contrat social nous liant les uns aux autres qu’un modèle de so-ciété que nous construisons aussi pour les générations futures.Elle est une construction constante qui se concrétise au travers d’une participation des citoyens à la vie de la société, ainsi que par la construction d’une cohésion sociale alimentée par un réel « sentiment d’appartenance ».

Plus qu’une manifestation d’un pacte social, la construction de la citoyenneté dans notre pays doit être une expression du « vivre ensemble », de la volonté de construire la communauté de destin commun ; et non une cohabitation silencieuse et subie. La citoyenneté fonctionne grâce à des valeurs véhiculées, des codes et des règles définis par la société et qui permettent à chaque individu d’y trouver sa place tout en respectant les autres. Cependant, pour s’exprimer, elle nécessite un engagement certain et une réelle prise de responsabilité tant du simple citoyen que de l’élu représentant le peuple.

La Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de Nouvelle-Calédonie et sa commission citoyenneté ont tenté modestement d’apporter leur contribution à cette dynamique par la réalisation et proposition d’une charte citoyenne regroupant les droits et devoirs des citoyens concernés par les enjeux de société et plus généralement par la vie de la cité.

La commission citoyenneté de la LDHC-NC