LE PREMIER MINISTRE RÉPOND AU RUMP

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RÉPONSE (non officielle jusqu’à preuve du contraire) DU PREMIER MINISTRE :

LE 22/07/13

Chère Vaea,

J’ai bien reçu votre lettre et je vous remercie de ne pas m’avoir insulté dedans. En ces temps de crise et d’opprobre, la chose est assez rare pour être soulignée.

Je vous remercie également de m’avoir rappelé le bilan de mon action à Matignon depuis un an. Sachez que c’est avant tout un travail d’équipe et sans la ténacité de mes prédécesseurs, tout cela n’aurait pas été possible.

Quelques jours avant mon arrivée sur votre “caillou”, vous m’écrivez pour me “faire prendre conscience des conséquences de ma politique sur la jeunesse d’Outre-mer” avant “qu’il ne soit trop tard”. Je vous rassure derechef sur ce point : mon Gouvernement et moi n’avons strictement aucune compétence en la matière pour ce qui est de la Nouvelle-Calédonie. Le taux de chômage à la hausse que vous évoquez sur votre territoire est donc uniquement de votre fait. A la vue de mon bilan économique catastrophique, notez bien que cela ne me gênerait pas le moins du monde que de m’en attribuer les mérites, pour autant, sur ce coup-là, l’organisation des compétences est telle que c’est pas de ma faute : mais c’est en revanche bien de la vôtre. Quant à la lutte contre l’insécurité, il parait que votre parti politique est un expert en la matière. Etant au pouvoir depuis plus de 30 ans sur votre territoire, je ne doute pas qu’il a déjà dû obtenir des améliorations sur ce point au profit de vos populations.

S’agissant de votre prison, jusqu’à ce que vos électeurs décident de renvoyer chez eux vos propres candidats, l’amélioration de l’existant était freinée par la municipalité de Nouméa que votre parti dirige. Dans le même temps, votre parti proposait de construire à partir de zéro un autre centre pénitencier ailleurs que dans l’agglomération (pour octroyer le terrain actuel à des amis promoteurs immobilier si je ne m’abuse) ce qui aurait demandé une dizaine d’années de travaux et aurait engorgé d’autant l’établissement actuel. Vous voyez là qu’en matière d’irresponsabilité et d’incompétence nous ne sommes, vous et moi, pas si différents.

Pour ce qui est des “deux parlementaires de qualité” qui siègent au Sénat, je ne saurai trop quoi vous répondre. Je connais votre papa, Monsieur le Sénateur, que j’ai reçu une fois dans mon bureau. C’est un homme charmant avec qui nous partageons le même gout pour les discours creux, les promesses non-tenues et les antidépresseurs. Il venait ce jour-là m’implorer de faire partir le Haut-commissaire que je venais justement de vous envoyer. Après avoir partagés un Xanax et deux Léxomil nous nous sommes quittés malheureux et accablés, comme nous en avons l’usage tous les deux depuis que le sort a fait peser sur nos épaules un poids beaucoup trop lourd à porter.

Je n’ai pas la chance de connaitre votre second “parlementaire de qualité”. J’ai donc appelé le Sénat pour en savoir plus mais personne ne semble le connaitre ou l’avoir jamais vu là-bas non plus. Peut-être pourriez-vous m’en envoyer une photo ?

Pour finir, notez bien que je ne suis pas dépourvu d’ambition, loin s’en faut. J’ai tout de même réussi en seulement quelques mois à être plus impopulaire qu’aucun de mes prédécesseurs. Voilà un autre point commun que je partage avec votre papa. Vous voyez que, si ça se trouve, nous sommes finalement fait pour nous entendre.

En attendant de nous retrouver autour d’un petit Léxomil, je vous prie d’agréer, ma chère Vaea, l’expression de ma haute considération.

Jean-Marc Ayrault
Premier ministre de Nantes