UMP vs Frogier : Les dessous du scandale

C’est une information exclusive de Calédosphère : dans un courrier que nous rendons public adressé à Pierre Frogier, on apprend aujourd’hui que le Directeur Général de l’Union pour un Mouvement Populaire a sévèrement taclé le 17 décembre dernier le sénateur calédonien sur les « irrégularités » et les « falsifications » qui ont accompagnées le déroulement du vote du 18 novembre 2012. Celui-ci avait eu pour résultat, après de vives tensions entre les fillonistes et les copéistes l’élection à l’arrachée de Jean-François Copé.

Bal tragique à l’UMP : les prémices calédoniens

La lecture de la lettre de Eric Césari le Directeur Général de l’UMP, permet de comprendre les origines calédoniennes du drame politique qui s’est joué en fin d’année dernière au sein du premier parti d’opposition de France. Un mois après le duel fratricide FILLON-COPÉ, Eric Césari a exigé du représentant de l’UMP en Nouvelle-Calédonie (Pierre Frogier, président du Rassemblement-UMP local) des éclaircissements quant au déroulement du vote au sein de la section de Nouvelle-Calédonie. Pour cause de décalage horaire celle-ci fut en effet la première à voter mais aussi à proclamer des résultats partiels.

Le Directeur Général de l’UMP, connu comme étant un proche de l’actuel président, déclare ainsi que « les irrégularités, tant dans le déroulement que dans l’organisation du scrutin, étaient suffisamment nombreuses et graves pour entacher la sincérité des résultats de la Fédération ». Le rappel des faits souligne la parfaite connaissance par la section calédonienne des modalités de ce scrutin qui, dès le mois de juillet 2012, connaissait les règles édictées par la fameuse COCOE (Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales). Vaea Frogier, responsable de l’organisation du vote et fille du sénateur Frogier aurait, dès le 1er septembre 2012, spécifié au siège parisien avoir choisi uniquement le mode de scrutin à l’urne.

Or, les investigations de la COCOE démontrent, selon Eric Césari, que les règles définies n’ont pas été respectées et que le mode de scrutin par correspondance a lui aussi été utilisé. Mademoiselle Frogier n’hésitant pas à aller, dit-il, « récupérer leur enveloppe directement auprès » du domicile des militants, et ce au mépris « du secret et de la sincérité du vote »

Le grand bidouillage

La suite de ce courrier est une attaque en règle et à charge contre toute l’organisation et la mise en œuvre calédonienne de ce scrutin hautement sensible. Ainsi, le matériel comme les listes d’émargement n’étaient semble-t-il pas conformes. De plus, les documents attestant du scrutin devant être transmis au lendemain du vote n’ont jamais été envoyés au siège parisien de l’UMP et l’organisation d’un vote annexe n’a pas eu lieu comme il était prévu.

Toujours selon le Directeur Général de l’UMP, malgré les instructions émanant de Paris, la confidentialité des résultats du vote n’a pas été respectée. Pierre Frogier et le Rassemblement-UMP organisant dès le dimanche soir – 10 heures avant la métropole – une conférence de presse pour déclarer que François Fillon était le grand vainqueur du scrutin calédonien. La dépêche AFP qui en a résulté a donc été reprise par tous les grands médias alors que « les opérations de vote étaient encore en cours » en métropole.

Rassemblement Vs UMP

C’est certainement dans cette lettre qu’il faut chercher les origines du divorce entre les cadres locaux du Rassemblement et l’UMP national. Les actuels responsables du mouvement de Pierre Frogier ne cachaient plus, dès la fin de l’année 2012, leur volonté de se séparer de leur « maison-mère » parisienne. Depuis, le Rassemblement a abandonné le sigle « UMP » et les observateurs attentifs de la vie politique locale prédisent qu’il perdra bientôt officiellement l’affiliation à l’Union pour un Mouvement Populaire de Jean-François Copé.

Les informations pour la première fois révélées dans ce courrier éclairent d’une nouvelle lumière la guerre des clans entre Frogiéristes et Yannistes. Celle-ci a été étalée sur la place publique entre novembre 2012 et mars 2013 au lendemain de la défaite aux législatives du Rassemblement. L’ex-député Gaël Yanno, proche de Jean-François Copé, avait alors choisi de faire connaitre les irrégularités dont il avait été le témoin à Nouméa en informant le siège parisien de son parti. N’en déplaise à la COCOE, Pierre Frogier n’entendait pas se laisser dicter sa conduite au sein de son propre mouvement et a finalement retiré à Gaël Yanno la Vice-présidence du Rassemblement-UMP ce qui a eu pour conséquence une rupture définitive entre les deux hommes et la création le 28 mars 2013 d’un nouveau parti au sein de la droite calédonienne : le Mouvement Populaire Calédonien.

Lettre du Directeur Général de l’UMP: