Yanno assume le bilan

J’ignore si Gaël Yanno comptait faire le buzz autour de l’annonce de sa candidature à la mairie de Nouméa, mais c’est manqué. Comment pouvait-il en être autrement, puisque tout le monde savait qu’il se présenterait !

Pourtant, le 1^er adjoint au maire trépignait d’impatience. Chacun se souvient qu’en ce début d’année, il nous précisait vouloir présenter sa candidature à la fin mars ! Même si rien n’est venu et après avoir finalement tardé, il demeure le premier en lice. Étonnante cette envie de précipitation, mais bref, le voilà donc en bagarre et s’il n’a pas levé le voile sur son programme, il a déjà claironné qu’il assumait le bilan. De vous à moi, cela n’a rien de courageux ni d’audacieux, c’est juste la moindre des choses. Gaël Yanno ne peut s’exonérer de ce que son parti n’a pas fait de notre ville depuis des décennies !

Car le bilan qu’il entend assumer, ça n’est pas seulement celui des drapeaux qu’il a monté en catimini au fronton de la mairie dans des aurores sans gloire. Le bilan, c’est celui de la délinquance et de l’insécurité, des quartiers Nord en déshérence, d’une ville triste et sale, d’un Nouméa où la jeunesse s’ennuie où les séniors n’ont guère que les thés dansants comme distraction, d’une ville architecturalement sans âme et au PUD inconstructible, d’une ville où l’on ne peut plus acheter ni se loger, du Nouméa des Cartiers sud et de Rivière salée, d’une ville sans dynamisme, ni ambition ni rêve…

C’est bien ce bilan-là que Yanno entend assumer, celui de 40 ans de gestion RPCR puis Rump, et sa candidature n’est rien d’autre que le changement dans la continuité ! Mais qui a envie aujourd’hui du Nouméa de Yanno ? Je doute que les Nouméens veuillent encore d’une ville à qui l’esprit ratiociné des équipes municipales n’a jamais donné les moyens d’occuper un espace, ni d’être le moteur d’une Calédonie solidaire et volontaire. Ils ont fait de Nouméa une ville centrée sur ses petitesses et ses frilosités. Une ville où l’on ne peut que circuler mal dans des rues aussi étriquées que l’imagination de ses édiles. Nouméa inconnue du Pacifique et de l’Océanie, incapable de s’ouvrir à la mer et au monde, coincée dans sa presqu’île comme un Bernard Lhermitte dans sa coquille étroite. Nouméa, ville vieille où l’on considère les jeunes comme une menace.

Aux Nouméens qui rêvent d’un changement de fond et d’un nouvel avenir, Gaël Yanno ne propose que le maigre bilan de décennies funestes d’inaction. Je crains que la mayonnaise ne puisse prendre, même si l’adjoint au maire parvient à séduire la frange conservatrice de l’électorat nouméen par ses airs de gendre idéal, barbu ou non. Ensuite, il lui faudra régler le cas Fifils et de cela nous en reparlerons, mais le voilà candidat, à lui d’assumer le rôle.

Et s’il me fallait conclure cette affaire de candidature Yanno par une galéjade, permettez-moi de plagier le Grand Charles : Nouméa, Nouméa confinée, Nouméa claquemurée et Nouméa limitée, si Nouméa MPC !

Caton