Cinq mandats et quel bilan ?

Cette semaine, après des mois de suspenses, Jean Lèques a annoncé son retrait de la vie publique calédonienne. Après presque trois décennies à la tête de la ville de Nouméa, il ne briguera pas un sixième mandat.

Pendant des années « fifils » comme l’appellent les nouméens, a dirigé Nouméa, une ville tournée vers la Pacifique, fer de lance de la France dans la région. Une ville coupée en deux « Nouméa la blanche », avec au sud les quartiers riches où se regroupe la bourgeoisie et au nord les populations océaniennes, les classes moyennes et les plus pauvres. Les classes moyennes ont maintenant tendance à quitter Nouméa pour s’installer en périphérie, là où les loyers sont les moins chères.

Nouméa depuis les années 80-90 a vu se développer le phénomène des squats. Longtemps l’administration Lèques nous a dis que ce phénomène serait provisoire, que ce type d’habitat serait vite résorbé, mais au final cela dure. Dernière annonce en date avec le projet de la mairie d’en faire des éco-quartiers.

L’urbanisme à Nouméa, voilà un domaine où l’exécutif municipal a bien du mal à se dépatouiller. Certains l’accuse d’être aux mains des promoteurs immobiliers, une ville qui n’a pas d’identité architecturale, une ville comme on en voit sur la Côte-d’Azur, une ville qui n’a pas d’âme. Depuis des années, des champignons immobiliers ont poussé dans Nouméa, au grand damne des amoureux du patrimoine, où un grand nombre de maisons coloniales ont été rasées pour laisser place à des immeubles sans vie. Ces constructions ont fortement porté atteinte à l’environnement, notamment avec les derniers projets immobiliers tels que celui de la marine de la baie de l’Orphelinat ou encore celui du Mirage à la baie des Citrons. Un urbanisme nouméen difforme avec des quartiers sud toujours dans le collimateur de l’exécutif municipal. Ce n’est pas parce que le petit train transportant les touristes des paquebots circule ici qu’il faut délaisser les quartiers nord. Depuis ces dernières années on a vu l’embellissement de Nouméa sud, avec une refonte du littoral très aménagé, et des quartiers nord où l’état des rues et des trottoirs laisse à désirer. Dernière grande innovation de la mairie, le front de mer au niveau des quais qui sera entièrement réaménagé avec notamment une salle des congrès pour les conférences et autres évènements.

La sécurité en 2008 était au centre de la campagne des municipales. Notre Police Municipale est en pleine hémorragie. La délinquance à Nouméa a fortement augmenté, la mairie met en place depuis ces dernières années, des « pansements » sur les problèmes de société qui ne sont malheureusement pas résolus. Autre grande innovation , les auxiliaires de proximité, 76 agents mal payés, qui ne servent pas vraiment à grand chose, les pauvres, ils marchent toute la journée et ne sont pas utiles à la sécurité des nouméens.

Un grand loupé durant toutes ces années, l’assainissement de la capitale. Comme le souligne le rapport de la Chambre Territoriale des Comptes, 60% des eaux usées de la capitale sont rejetées dans le milieu naturel. La commune comme à son habitude nous a fait de la surenchère, en nous promettant qu’à l’horizon 2030, 95% des eaux usées seraient traitées. Comme toujours la CTC à mis un frein à leurs pronostiques farfelus, car comme on le sait il faut que Nouméa mette en œuvre une véritable politique d’assainissement et avec un véritable raccordement des usagers nouméens aux réseaux publics et tous les schémas directeurs élaborés par l’exécutif municipal ne vont pas dans ce sens.

Jean Lèques cinq mandats à la tête d’une ville qui s’est agrandie démographiquement, mais où les infrastructures n’ont pas suivi en proportion. Ceux qui se réclament les héritiers de son bilan, auront du mal à défendre un bilan des plus contrasté.

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