ISA : l’impossible plan

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a adopté le plan ISA dont on parle maintenant depuis des mois. Un plan ambitieux de lutte contre les addictions, en particulier contre l’alcool. Tellement ambitieux qu’il en est impossible.

En réalité ISA (Informer, Sensibiliser, Agir), n’est pas un plan, mais une longue liste de 72 mesures qu’il conviendrait de prendre en effet si l’on souhaite lutter efficacement contre ce fléau calédonien qu’est l’alcool. Mais est-ce vraiment possible de le mettre en œuvre ? Sans doute faudrait-il dès à présent convenir que les effets de ce plan ne se verront que dans plusieurs années, car si dans l’absolu ISA était en mesure de modifier les comportements de manière durable, sa mise en œuvre sur le terrain semble problématique. En effet, aujourd’hui ce catalogue de mesures, qui devra être adopté soit par délibération soit par loi du pays, même s’il était voté par le congrès dans les prochaines semaines ne pourrait entrer en application sans doute pas avant des années !

Les lobbies

La plupart de ces mesures se montrant contraignantes en matière de liberté de commerce, que l’on peut s’attendre à une montée en puissance des lobbies de la grande distribution, mais aussi du petit commerce, du secteur du CHR (Café, Hôtel, Restaurant), des cavistes, des buralistes et d’autres qui vont se trouver pénaliser. Leur action forte ne va-t-elle pas conduire les élus à atténuer certaines mesures ou à les modifier ? Le problème du plan ISA, outre qu’il est présenté de manière tardive à quelques semaines des élections et que de ce fait on ne peut s’empêcher de songer à une possible manœuvre électorale, n’est pas qu’il existe, mais qu’il propose tout d’un coup. Or dans la lutte contre l’alcool, on ne peut pas passer de 0 à la vitesse de la lumière en pressant sur un bouton. Il y a donc un vrai risque que, même adopté dans un bel élan par tous les partis pour montrer qu’ils luttent effectivement contre l’alcool, il demeure lettre morte.