Frogier rencontre Sarkozy

Lundi 10 février, rue de Miromesnil, au quartier général de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, celui-ci a accueilli pendant près d’une heure le sénateur Pierre Frogier, qui est reparti reboosté par le soutien sans faille de l’ancien locataire de l’Elysée.

Initiative de l’ancien chef d’Etat, qui depuis des semaines entretient et sème des petits cailloux pour préparer son grand retour dans l’arène politique. Cette rencontre avec le sénateur de Nouvelle-Calédonie n’a rien de particulière, bon nombre de parlementaires et de personnalités sont reçus chaque semaine par Nicolas Sarkozy qui garde ainsi un œil et un contrôle sur le monde politique français.

Dans son entretien avec le quotidien local, le président du Rassemblement-UMP revient sur ce rendez-vous. C’est un Pierre Frogier conquis et rassuré qui s’exprime, un sénateur de la République Française acquis à la parole sacrée même s’il en a moins fait que lors de sa rencontre avec le pape Benoit XVI.

Pour le sénateur Frogier, le compagnonnage avec Nicolas Sarkozy est source de “vitalité”, une nécessité lorsque l’on connait les derniers coups qu’a reçu l’ex-RPCR ces dernières semaines, avec notamment la reconnaissance officielle du MPC qui devient le seul représentant officiel de l’UMP dans le Pacifique.

Lors de sa visite en 2011, l’ancien président de la République avait lancé sa feuille de route pour la Nouvelle-Calédonie pour les années à venir. Une feuille de route qui ressemble trait pour trait à celle du président du Rassemblement-(UMP ?). Sur la question d’une possible entrevue avec Jean-François Copé, le sénateur a répondu d’un petit sourire. Une réponse énigmatique sur la situation embarrassante de son mouvement politique au sein du grand parti frère, dans lequel Pierre Frogier redit à qui veut l’entendre que le Rassemblement est indépendant.

Les observateurs de la vie politique ont un peu de mal à le suivre sur cette voie, puisqu’on sait qu’il siège au sein du groupe UMP et qu’il y a des années, le président du RUMP disait encore qu’il était vital d’être adossé à un grand parti nationale. Mais vu les tensions, il lui faut se dégager un espace politique et tracer son chemin seul. Une initiative que semble suivre tous les candidats RUMP pour les municipales ainsi que la présidente sortante de la Province Sud pour qui le sigle R-UMP fait désormais parti du passé.

Le sénateur est revenu aussi sur l’actualité politique du moment, à savoir les contestations du FLNKS et de son ancien président Roch Wamytan sur les listes électorales. “De simples provocations” selon Pierre Frogier. L’ancien allié du Rassemblement ferait preuve en la matière d’une attitude “irresponsable”. Il faut admettre tout de même que sur ce point le sénateur n’est pas à une contradiction près.

Concernant la candidature de Simon Loueckhote pour les provinciales du 11 mai dans les iles Loyautés, c’est pour Pierre Frogier “une nécessité”, qui “s’imposait d’elle-même”. Après avoir quitté en 2005 le Rassemblement, notre sénateur honoraire est passé par pratiquement tous les mouvements politiques de la droite calédonienne. Celui qui avait été éjecté du Sénat pour que Pierre Frogier lui prenne son siège au palais du Luxembourg ne lui tient pas rigueur pour autant. Il revient au bercail au sein du nouveau front pour l’unité.

Peut-on croire que ce soutien sera favorable et salvateur pour le candidat qui fut déjà défait aux élections de 2009 sur les îles malgré le soutien de l’ensemble des forces non-indépendantistes? Rien n’est moins sûr…