Brot : les “no comment” et les “soutiens”

Plusieurs personnalités politiques ont réagi suite au retrait du haut-commissaire. Avant que le 1er ministre ne lui renouvèle sa confiance à l’assemblée nationale, peu d’entre eux avaient soutenu le représentant de l’État.

Interrogés depuis le début de la semaine par différents médias, les politiques calédoniens cachent pour la plupart mal leur embarras vis-à-vis du retrait du haut-commissaire annoncé dimanche. Un sujet, en effet, qui en recoupe bien d’autres : place de l’Etat dans le processus d’application de l’accord, conditions de radiation des listes électorales, positionnement vis-à-vis du Gouvernement Ayrault, etc.

Les « no comment »

Si certains tels Simon Loueckhote et Louis Kotra Uregei se sont publiquement interrogés sur les raisons d’un retrait du haussaire, la majorité des responsables ont fui la question ou plus simplement la presse. C’est ainsi que du côté du Rassemblement de Pierre Frogier, le secrétaire général du parti s’est borné lundi lors de sa conférence de presse à un lapidaire « nous ne commenterons pas, c’est une décision qui appartient au haut-commissaire ». Même son de cloche de la part de Gaël Yanno. Interrogé par RNC1ère le 1er adjoint au maire a déclaré « C’est une décision qui appartient au haut-commissaire, moi, je ne souhaite pas la commenter ». Encore plus laconique, le vice-président du gouvernement, Gilbert Tyuienon (qui a eu maille à partir avec Jean-Jacques Brot sur l’affaire de Canala) s’est contenté hier d’un simple « no comment » sur les ondes de RNC1ère. Vous avez dit gênés ?

Les « soutiens »

Plus rares, quelques personnalités politiques ont en revanche soutenu le haut-commissaire quitte à donner l’impression de s’ingérer dans les affaires de l’Etat. Le maire de Nouméa Jean Lèques, dont la grande proximité avec Jean-Jacques Brot est bien connue, a en effet immédiatement exprimé à la radio son « soutien le plus total » à son ami le haussaire. Convergence-Pays, par la voix de ses différents candidats, a également fait savoir sur internet sa volonté qu’il reste en fonction et a pour cela organisé des « rendez-vous citoyens » sur le terrain. Calédonie Ensemble a enfin exprimé officiellement sa position lors d’une conférence de presse, en “souhaitant que Jean-Jacques Brot […] qui accomplit un travail remarquable au service de l’Etat dans notre pays puisse réexercer prochainement la plénitude de ses attributions”. Un représentant de l’Etat que les députés Gomès et Lagarde ont, sur les réseaux sociaux, appelé à soutenir massivement.

Brot : le nouveau clivage ?

Si ces différentes prises de position peuvent, pour une part, être liées aux futurs enjeux électoraux, les observateurs attentifs de la politique calédonienne n’ont pas manqué de remarquer que le schisme “Brotien” rejoint un clivage politique constitué dès la création de la fameuse “coalition RUMP-UC”. Celle-ci ayant vécu ses plus grandes heures du temps du haussaire précédent, les partis qui la composent ont toujours vu d’un mauvais œil l’arrivée de Jean-Jacques Brot, ce préfet atypique. Seule exception à la règle : la porte-parole du gouvernement Sonia Backes qui, sur cette affaire, s’est désolidarisée de la position de Gaël Yanno, président de son mouvement. La secrétaire générale du MPC a ainsi fait savoir sur les réseaux sociaux son « soutien plein et entier au Haut-commissaire » à la grande satisfaction de ses cyber-militants. Faut-il croire qu’à quelques semaines des élections et qu’au contraire d’un Gaël Yanno revêche à s’exprimer, sa secrétaire générale dispose elle d’un certain sens politique ? L’avenir nous le dira.