Vaea Frogier, le boulet du R-UMP ?

Nommée responsable de la communication de l’ex-RPCR, la fille du sénateur Frogier a pris au fil du temps de plus en plus d’importance au sein de son parti. Pour de nombreux observateurs extérieurs ou non au R-UMP, ses méthodes de communication contribuent à la lente érosion du parti.

« Il est complètement nul, il fait sa Vaea » Pour le non-initié, ce statut Facebook trouvé sur un des nombreux forums de discussion actuel ne veut strictement rien dire. Mais là où les différents mouvements politiques se livrent constamment à des pugilats entre cyber-militants, l’attaque produit son effet. Depuis la campagne des provinciales de 2009 – c’est-à-dire depuis que les partis politiques ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux – une personnalité semble ainsi faire l’unanimité contre elle : Vaea Frogier, chargée de communication du Rassemblement-UMP et fille du président Pierre Frogier. Aussi bien chez les indépendantistes que chez ses anciens camarades partis rejoindre le MRC ou le MPC, ou encore chez les militants de Calédonie Ensemble ou de Convergence-Pays, sa réputation n’est plus à faire dans le Landerneau politique local. Pour un ex-militant du RUMP très actif sur Facebook le constat est sévère : « c’est aussi pour ça qu’on a perdu en 2012, on n’était pas bon dans la com’. Tout le monde le sait mais ils la laissent faire, c’est la fille du patron ». Comment un mouvement signataire de l’Accord de Nouméa détenant encore les deux postes de sénateurs et qui est arrivé en tête lors des dernières élections provinciales en est-il arrivé là ?

Une montée en puissance

Il faut pour répondre à cette question remonter au lendemain de la défaite aux législatives. Au-delà même des aspects politiques, les cadres du R-UMP se sont rendus compte en juillet 2012 qu’ils avaient manqué à la fois d’inventivité mais aussi d’outils pour occuper le champs de l’internet local. Additionné à un déficit de communication, qu’ont d’ailleurs reconnu publiquement ses dirigeants, le Rassemblement-UMP a cherché à se doter d’une cellule Web efficiente et réactive. C’est tout naturellement que Vaea Frogier, une des chargées de communication affectée à la permanence, s’est attelée à la tâche en cherchant à occuper Facebook et Twitter. Cependant, par essence proche de ce qu’on appelait alors le « clan du Mont-Dore », celle qui est aujourd’hui candidate sur la liste d’Eric Gay a subi la scission de son mouvement en prenant systématiquement parti contre « le clan Yanno » qui menaçait l’autorité paternelle. Les sympathisants du R-UMP se souviennent d’échanges virulents sur les réseaux sociaux, visibles aux yeux de tous, entre Sonia Backes d’une part et Vaea Frogier d’autre part. L’une l’accusant de « mensonges », l’autre lui reprochant carrément « d’ergoter et de gesticuler »

A partir de novembre 2012, la division du mouvement aura ensuite convaincu un Pierre Frogier acculé à compter uniquement sur les siens. Des collaborateurs de confiance tels Thierry Santa et Virginie Ruffenach ont pris du galon et la communication a, dès le début de l’année 2013, été confiée uniquement à sa fille. Celle-ci, très active à cette époque, avait déjà, de sa propre initiative, envoyé un mail à plusieurs centaines de militants afin de les convaincre de ne pas répondre aux différents sondages touchant l’organisation du parti. Faisant preuve dès lors d’une agressivité marquée, Vaea Frogier a pris pour habitude de « clasher » toutes celles et ceux qui sur internet critiquent, à mots couverts ou non, la politique menée par son père. Journalistes, militants, simples internautes, la liste est longue de tous ceux qu’elle a apostrophés sur les réseaux dénonçant leur « mensonges », leur « démagogie » ou les tentatives de « dénigrement » que les uns et les autres effectueraient selon elle.

L’échec de la tentative d’endiguement

Connue pour appliquer une communication dure, pour ne pas dire « bétail », celle qui avait choisi de diffuser sur le site du Rassemblement la photographie officielle du comité des signataires tronquée des visages de ses adversaires politiques (comme aux plus belles heures du stalinisme) a fini par faire polémique au sein même de son mouvement. En mai 2013, la constitution du nouvel organigramme lui imposait en effet la présence d’un autre responsable dans la cellule communication. Selon plusieurs sources, c’est Virginie Ruffenach qui aurait, avec le soutien d’autres cadres du R-UMP, tenue à ce que Sylvian Raffard-Artigue, collaborateur au cabinet de Jean-Claude Briault, l’assiste dans ses missions et surtout « la canalise ». Cependant, ceux-ci avaient sous-estimé les liens filiaux qui l’unissent à son père-président. En seulement quelques semaines, elle s’est réimposée comme la seule « manager » de la communication du R-UMP.

Désormais, confrontés aux prochaines échéances électorales, et bien que beaucoup de militants aient perçu le problème d’un tel activisme contre-productif, les cadres du parti n’ont plus d’autre choix que de laisser faire celle qui participe à la mauvaise image d’un mouvement à bout de souffle. Pour cet ex-militant du RUMP désabusé, Pierre Frogier ne se séparera jamais d’elle, et ce, quelles que soient les polémiques qu’elle ne manquera pas d’engendrer « Il ne lui enlèvera jamais sa confiance, dit-il, et si ça se trouve, à la fin il ne restera que ces deux-là »

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