UN CHARGÉ DE COM’ DE MARTIN MENACE DE NOUS « LÂCHER LES CHIENS »

Dans un message envoyé de son téléphone personnel, un chargé de communication du président Harold Martin menace directement l’un des rédacteurs de Calédosphère.

Du côté du dernier étage du gouvernement, c’est la fébrilité qui règne. La rédaction de Calédosphère, a déjà eu l’occasion de s’en apercevoir. Familier des différentes cellules de communication des partis politiques ou des institutions calédoniennes, de nombreux liens sont maintenus avec celles et ceux qui sont chargés auprès des élus d’entretenir des rapports avec la presse et les médias. Mais, cette fois-ci, le message est proprement scandaleux et passible de poursuites judiciaires[1]. Il émane du portable personnel d’un chargé de communication d’Harold Martin, affecté à la cellule du même nom au 4ème étage du siège du gouvernement. Le numéro figurant sur le message ne laisse aucun doute sur sa provenance. Au sujet d’un des articles publiés et dans un lourd sous-entendu, le chargé de com menace ainsi à demi-mots : « Attention, c’est toujours en ligne et ça commence à faire bouger la NC en faveur de certains ». Deux heures plus tard, voyant que la publication n’avait pas été modifiée, le collaborateur d’Harold Martin perd ses nerfs et menace directement: « Faut-il vraiment lâcher les chiens pour que tu comprennes le minimum ? »

Le “minimum” étant de son point de vue le fait qu’il peut ordonner aux blogueurs de modifier à sa guise le contenu de leur publication ou leurs titres s’ils desservent l’image de son supérieur, le président du gouvernement. Il arrive en effet très fréquemment – pour ne pas dire quotidiennement – que des élus, des collaborateurs, des chefs d’entreprises ou des personnalités éminentes de Nouvelle-Calédonie demandent d’une façon ou d’une autre aux médias de modifier voire de supprimer des contributions ou des articles. Pour la plupart, ces demandes sont toutes refusées sauf si des arguments probants sont fournis (dans le cas de cette actualité, un mail des services judiciaires exigeait que les pièces à charge ne soient plus visibles dans l’article en pièce-jointe) Selon un conseiller juridique, si dans le cas cité une plainte était déposée, le portable suffira à « matérialiser la menace par une preuve tangible et irréfutable ».

Des méthodes de Barbouzes

Si la rédaction a déjà eu des déboires avec certains collaborateurs politiques – notamment avec la responsable de la communication du Rassemblement-UMP – aucun n’avait dépassé la ligne rouge et ne s’était laissé aller à nous menacer directement en son nom propre (nous avons cependant déjà reçu des mails anonymes tels que celui des “Gardiens” en février 2011)

Pour autant, deux choses sont certaines : tout d’abord l’approche des élections et l’imminence de perdre le pouvoir ravivent les veilles méthodes de barbouzes dignes des pires années du système Lafleur. D’autre part, durant les prochaines semaines, de la part de ceux qui craignent plus que tout un vote sanction des Calédoniens à leur égard, tous les coups semblent désormais permis.

Ci-joint la copie d’écran des échanges de messages avec un chargé de com d’Harold Martin:

[1] Infraction définie par l’article 222-18 du code pénal « La menace, par quelque moyen que ce soit, de commettre un crime ou un délit contre les personnes, est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende, lorsqu’elle est faite avec l’ordre de remplir une condition. La peine est portée à cinq ans d’emprisonnement et à 75000 euros d’amende s’il s’agit d’une menace de mort.»