Municipales : la fin d’une époque

Calédonie Ensemble s’impose en brousse et s’empare de la forteresse de Nouméa au dépend de l’UCF. Le Rassemblement protège ses trois bastions de l’agglo. L’Union Calédonienne tire son épingle du jeu quant au Palika il faiblit. Ces élections municipales redistribuent les cartes, à quelques semaines des provinciales.

Sans conteste, la prise de Nouméa par la députée Sonia Lagarde et la sévère défaite de Gaël Yanno marqueront ce second tour des élections municipales en Nouvelle-Calédonie. Avec plus de 51,6% des voix, la chef de l’opposition succède à Jean Lèques et devient la première femme à la tête de la mairie de Nouméa. Elle rejoint ainsi le cercle très fermé des femmes maires d’une commune de plus de 100.000 habitants.

Nul doute que, même si l’UCF totalise un nombre important de voix en province sud, pour Gaël Yanno, ses deux défaites consécutives, aux législatives puis aux municipales, sonnent comme la fin de son ambition politique. Dans une analyse qui laisse perplexe, l’ex-premier-adjoint attribue son échec « aux voix indépendantistes qui se seraient portées sur son adversaire », alors qu’au sein de son mouvement, plusieurs voix évoquent déjà son erreur stratégique de s’être allié au Rassemblement-UMP durant l’entre deux-tour. Ce geste a semble-t-il perturbé une partie non-négligeable de son électorat, persuadé que l’entente avec Pierre Frogier était de l’histoire ancienne.

La secrétaire générale de l’UCF, Sonia Backes a, quant à elle, mis en avant ce soir l’indispensable unité des loyalistes à l’aune des futures échéances. Tout laisse déjà à penser que le leadership du parti s’imposera à elle pour mener la bataille des provinciales.

L’agglo dans ses retranchements

Le Rassemblement-UMP a résisté, in extrémis, dans ses deux communes de l’agglomération grâce à des triangulaires favorables qu’il a su orchestrer. Ainsi au Mont-Dore et à Dumbéa, sans dépasser la barre des 50%, Georges Naturel et Eric Gay ont été réélus dans leurs fiefs. Il leur faudra pourtant durant leur mandat affronter une opposition solide au sein de leurs conseils municipaux.

A Paita, après une campagne agitée et électrique, Harold Martin se maintient dans sa mairie et dépasse d’une courte tête son adversaire Frédéric De Greslan, candidat pour la première fois sur ses terres. Le soutien négocié par Louisa Bréhé, la candidate de Gaël Yanno, a été déterminant et a permis au président du gouvernement de sauver son mandat local. Peu de chance en revanche que celui-ci puisse lui rendre bientôt la pareille.

Fin de règne et nouveaux départs

Sévère défaite à l’île des Pins pour le Rassemblement-UMP et notamment pour son président Pierre Frogier qui voit son collègue, le sénateur Hilarion Vendegou battu par le FLNKS malgré le soutien de l’ensemble des partis loyalistes. Encore une fois, la multiplication des casquettes n’aura pas porté chance à cet élu, Grand Chef de l’île, jugé trop peu présent sur le terrain.

Dans le centre du pays, Calédonie Ensemble réalise un grand chelem avec la prise de Farino et de Sarraméa qui s’ajoute aux communes de La Foa et de Moindou. Dans le Nord, le parti des députés, renforce également sa présence avec la réélection de Robert Courtot à Pouembout et la victoire de la liste d’union tirée par Yasmina Metzdorf à Poya, commune pourtant à majorité indépendantiste.

Si le bon score de Simon Loueckhote est à saluer sur Ouvéa, on retiendra le retour du Palika à la tête de cette commune mais surtout la fin de la domination du LKS à Maré. Le départ de la vie politique de Nidoish Naisseline a pesé lourdement et a permis à l’UC de Pierre Ngaiohni de reprendre la direction de l’île.

Une surprise est venue de Bourail. Brigitte El Arbi de la liste « Unis dans la diversité » a su s’imposer face au candidat de Calédonie Ensemble et du Rassemblement-UMP dans une quadrangulaire dont l’issue était incertaine.

Place aux Provinciales !

Face à un Rassemblement-UMP qui sauve les meubles mais dont le socle électoral s’érode une fois encore et devant la défaite cuisante de l’UCF, Calédonie Ensemble se retrouve en bonne position pour affronter les Provinciales de mai prochain. Du côté des indépendantistes, on remarque d’ores et déjà une poussée de l’Union Calédonienne qui lorgne maintenant sur le fief de Paul Néaoutyine. Le maire réélu de Poindimié aura ainsi fort à faire pour sauver sa province, face à ses partenaires du FLNKS.