Troquer une indépendance officieuse pour une indépendance officielle

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Parfois, à force de lire et d'écouter tout ce qui se dit sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, je me demande au bout du compte si nous ne devrions pas tous réfléchir à une autre solution basée sur la souveraineté pour aller droit de l'avant au lieu d'installer le Pays dans ce bipartisme et ces clivages intolérants qui ne peuvent en aucun cas faire avancer le Schmilblick. Se séparer pour ensuite changer son fusil d’épaule et travailler à une nouvelle alliance sur la base « d’une déchirure ». Se séparer pour ensuite s’unir… on en a marre, ras la casquette ! Le rapport indépendantiste/non indépendantiste est clair, une bonne majorité de la population ne souhaite pas que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté alors pourquoi insister. Mon Dieu, il faut qu'on essaye de regarder dans le même sens, il faut essayer d'innover, de faire de la politique autrement pour trouver une autre solution avant qu'il y ait des gagnants qui sabrent le champagne et des perdants qui se recroquevillent sur eux mêmes en quête de revanche…

RÉFLEXION APPLIQUÉE: Il faut bien prendre conscience que l’indépendance n’est pas une récompense qu’on donne aux pays «bons élèves». Elle n’est pas accordée seulement une fois qu’une société est devenue le paradis sur terre. La souveraineté n’est pas un luxe de riches, une babiole que s’accordent les nations prospères pour fanfaronner à travers le monde et se pavaner avec leur drapeau aux olympiades pour ne citer qu'elles. L’indépendance n’est pas la récompense des sociétés parfaites, et reporter son avènement au jour où la Nouvelle-Calédonie sera délivrée de tous ses problèmes, consiste à ne pas comprendre sa signification, ou à trouver une manière un peu lâche de s’y opposer. J’ajoute qu’une Nouvelle-Calédonie se gouvernant elle-même, avec ses propres ressources et ses propres moyens, aurait plus de chance de faire des choix éclairés, conforme à ses intérêts, qu’une Nouvelle-Calédonie coincée avec un statut "bâtard" dans la République où ses intérêts sont relativisés dans un ensemble plus vaste, d’autant qu’il n’en représente pas la partie dominante. L’indépendance ne créera pas un pays parfait, délivré des problèmes qui frappent n’importe quelle société normale. Elle créera simplement un pays libre de ses choix avec son avenir entre ses mains.

Au delà de cette réflexion sur la pleine souveraineté, personnellement, je pense que l’indépendance n’est pas une récompense. C’EST UNE ABSURDITÉ… Particulièrement dans le contexte socio-économique mondial qui se dégrade de plus en plus. L’heure n’est pas à la séparation…mais au rapprochement entre citoyens. Les extrémistes contre l'indépendance (car il y en a) pourraient aussi dire que ce n'est pas une récompense, mais plutôt une punition capitale équivalente a la peine de mort. Pour ma part j'affirmerais plutôt que c'est sans aucun doute un suicide économique mais au fond, voyez-vous et comprenez-vous le fossé qui s'instaure entre ma réflexion première (ci-dessus) et le constat de ce sentiment général qui nous envahit tous. Celui qui consiste à dire que vouloir l'indépendance de son pays est un acte noble, compréhensible même… seulement il me parait important d'expliquer que ce n'est pas pour autant la meilleure des solutions qui existe pour la Nouvelle Calédonie.

Maintenant, je suis absolument convaincu qu’une bonne partie de la population souhaite aussi être « maître chez elle » – tout en étant terrifiée par les conséquences possibles. Au point de ne même pas vouloir en entendre parler. La stratégie à emprunter devient donc évidente: cesser de parler d’indépendance, cesser de planifier des référendums, mais continuer à poser des gestes de ruptures et surtout de proposer. En d’autres mots, éviter d’angoisser la population en préparant l’indépendance en douce, étape par étape, sans lui demander son avis. Je l’ai déjà dit et je le répète: la clef de voûte de l’édifice calédonien est sa constitution et le cœur de cette constitution est la charte des droits et libertés (nous pouvons l'inventer sans aucun doute ensemble). C’est là qu’il faut frapper. En mettant les désirs de la population ici en porte-à-faux avec les diktats de notre détestable classe politique qui fait le jeu du clivage ambiant. Jusqu’à ce que le fruit tombe tout seul et que le peuple lui-même réclame la séparation du système actuel qui ne nous convient décidément plus. Remettre l'Homme avec un grand H quelque soit sa couleur au centre du dispositif me parait plus qu'opportun.

Il nous est encore permis de rêver, d’innover, de proposer… non, il n'est pas trop tard, j'en suis convaincu