La Réunion a son drapeau

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Cet étendard n’est pas une nouveauté mais son officialisation et sa montée font grand bruit à La Réunion. Ce drapeau se veut une valeur identitaire réunionnaise, il ne s’oppose ni au drapeau français, ni au drapeau européen, il en est le complément et le contrepoint régional. Je vous propose de lire l’article complet publié sur clicanoo au sujet de cet événement. 

Un triangle rouge sur un fond bleu et cinq rayons jaunes qui s’étirent vers l’infini. Voilà le drapeau de La Réunion. Enfin l’un des drapeaux. En tout cas celui le plus communément utilisé. La mairie de Saint-Denis a décidé de l’adopter, au tout début du deuxième mandat Annette. A Saint-Louis aussi, Cyrille Hamilcaro l’a fait sien lors de son investiture. Par le passé, les villes de Sainte-Rose et du Port ont donné une valeur officielle à cet étendard créé en 1975 par Guy Pignolet. Cet ingénieur, qui sera connu par la suite pour son attachement aux affaires spatiales (jusqu’à y envoyer un letchi, toujours en orbite dans un module russe), n’était pas du tout dans la lune lorsqu’il a créé ce drapeau. Et ne voulait en aucun cas délivrer un message indépendantiste. “Ce drapeau se veut une valeur identitaire réunionnaise, il ne s’oppose ni au drapeau français, ni au drapeau européen, il en est le complément et le contrepoint régional”, expliquait-il. Pour lui, il s’agissait de trouver un emblème pour La Réunion, sans entrer dans de grandes polémiques. Quant aux symboles utilisés sur cet oriflamme, il les décrit très simplement : “le rouge pour le volcan et pour la force, le bleu pour le ciel et la douceur, le jaune pour le soleil et pour la clarté venue du monde entier, et tournée vers le monde entier”. Il en a même défini les dimensions (240 x 160) et a obtenu la reconnaissance de l’association réunionnaise de vexillologie en 1983.

Mais que le chemin est long pour faire adopter aux institutions l’idée même d’un drapeau régional ! Autant les “vieilles” régions de France, comme la Bretagne, la Corse ou Midi-Pyrénées, sont immédiatement identifiées à leur drapeau, qui flotte dans les tribunes des matches, autant les régions d’outre-mer ont du mal à se mettre d’accord sur les couleurs d’un drapeau. Et à La Réunion, on est encore loin du compte : seules quatre communes, donc, ont adopté ce “Mahaveli” de Guy Pignolet. Auxquels pourraient s’ajouter celles de Salazie et La Possession, puisque Stéphane Fouassin et Vanessa Miranville (alors candidats municipales) avaient répondu favorablement à la consultation de l’Association Réunionnaise de Vexillologie avant le scrutin du 23 mars. Le dossier n’avait pas passionné les candidats : sur 133, seuls 27 avaient donné une réponse, parmi lesquels 10 favorables et 10 contre (dont les futurs élus Paul Técher de Cilaos et André Thien-Ah-Koon). Gilbert Annette, d’ailleurs, ne s’était pas prononcé, ce qui ne l’a pas empêché de proposer le sujet au vote. Ce qui a obligé son ancien compagnon de parti Sudel Fuma, désormais opposant, à regretter que la population n’ait pas été consultée. Le célèbre historien a avancé un autre argument qui le chiffonne : le nom du drapeau, “Lo mahaveli”. Certes, Maveli vient du malgache “mahavel”, “le beau pays”, mais pour Sudel Fuma, “lo” peut être traduit par “pourri”, en malgache. Alors que Guy Pignolet avait construit ce nom avec le mot malgache “mahavel”, et le tamoul “veli” qui signifie “étoile du matin”. Les autres critiques entendues ces derniers jours émanent de ceux qui regrettent que ce drapeau n’ait pas été soumis à consultation et, qu’a minima, il ne fasse pas l’objet d’une acceptation tacite de la population. Il a néanmoins fait son petit chemin : c’est le Mahaveli que porte la surfeuse Johane Defay lorsqu’elle gagne une compétition de surf en métropole. Le Mahaveli également que choisit le festival Sakifo pour orner l’une de ses affiches. Tout comme la très sérieuse Monnaie de Paris lorsqu’elle sort sa pièce réunionnaise.

Pourtant, le Mahaveli a quelques “concurrents” créés à partir des années 80. En 1984, François Saint-Omer et son Mouvman Lantant Koudmin imaginent un drapeau avec cinq couleurs : le noir pour les heures sombres de l’histoire réunionnaise, le rouge pour le volcan qui a donné naissance à l’île, le cercle jaune pour le soleil, le bleu pour le ciel et la mer “lorsque tout va bien” selon François Saint-Omer et le vert pour la végétation et l’espoir. “Tous ensemble, ils sont reliés au soleil qui rayonne sur tout. Les cinq couleurs sont le symbole des cinq continents d’où nous venons”, expliquait encore le militant culturel dans le Jir du 31 octobre dernier. Son appellation de “Drapo larényon” remonte seulement à 2008. Un “comité de vigilance” a été créé en avril dernier pour veiller à ce qu’il ne soit pas utilisé à des fins politiques ou commerciales, et Lantant Koudmin a été rejoint par d’autres associations identitaires dont Rasin Kaf. En 1986 surgit aussi un drapeau créé par les militants indépendantistes. Rouge, jaune et vert “mais à ne pas confondre avec le mouvement rasta”, souligne Bernard Grondin, qui a participé à la réflexion. Le rouge, c’est la souffrance du peuple marqué par l’esclavage et l’engagisme, le jaune, “ce sont tous ceux qui ont qui, à la force du poignet, ont bâti la Réunion, ces agriculteurs et éleveurs, venus de partout, qui ont contribué à défricher l’île”. Le vert, quant à lui, représente “le marronage et la soif de liberté”. L’étoile jaune, elle, marque “les cinq branches à l’origine du peuplement de la Réunion : kaf, malbar, chinois, yab, zarab. C’est aussi le “z’étoile quatre heures” qui guide le peuple réunionnais”, poursuit Bernard Grondin.

Ce drapeau, officialisé comme “indépendantiste” le 14 juin 2008 est notamment utilisé par Nasyon Rényoné, le parti d’Aniel Boyer, qui l’affiche sur la plaque minéralogique de sa voiture. Un quatrième drapeau a vu le jour dans les années 80, qui aurait été dessiné par le swami de l’ashram du Port et une association. Les quatre couleurs représenteraient les diverses populations originelles de l’île, avec un cercle blanc au centre, symbole d’unité. Quant au bleu-blanc-rouge, il rappelle évidemment que le seul drapeau officiel de La Réunion, pour l’instant, c’est celui de la France.

Textes David Chassagne avec Johane Chung To Sang et Orianne Vialo

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Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »
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Matteï

Oui et alors çà change quoi dans le quotidien pour les réunionnais? moins de chomage??vie moins chère??… nada ,un écran de fumée …Pace salute

Eric

C’est bien ça l’idée une identité spécifique au sein de la nation…!!!Exactement le principe des étendards régionaux, le drapeau commun des ADN quoi ???

Christophe

Il n’a jamais été question de drapeau commun dans l’Accord de Nouméa, cocote… Relis-le !

Eric
Bien sûre que si mon gars…Un drapeau trouvé en commun plus exactement. Mais çà veut dire la même chose. Et jusqu’à preuve du contraire le drapeau du front n’a été adopté par personne…1.5. – Les symbolesDes signes identitaires du pays, nom, drapeau, hymne, devise, graphismes desbillets de banque, devront être recherchés en commun, pour exprimer l’identitékanak et le futur partagé entre tous.Voilà ce que dit le texte des ADN, celui signé par les partenaires. C’est en page 10…J’en profite pour te donner lecture du texte toujours le même celui qui a été signé par les partenaires, concernant le corps électoral… Read more »
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