Pourquoi le haussaire démissionne-t-il ?

L’annonce de la démission du représentant de l’Etat a continué ce dimanche à agiter la sphère politique locale. Si on s’interroge encore sur les raisons d’un tel geste, quelques responsables apportent un début de réponse. Eclairages.

Rendue publique en pleine visite ministérielle, mais non confirmée par la ministre elle-même, la démission de Jean-Jacques Brot ne pourra être effective qu’après décision du prochain conseil des ministres. En revanche nul encore ne connaît les raisons qui ont poussé le Haut-commissaire à tirer un trait sur 35 années de carrière dans la fonction publique. Cependant, ces dernières 24 heures, plusieurs responsables politiques en ont évoqués certaines de façon publique ou sous le sceau de l’anonymat. Au cœur du sujet, le rôle et la mission que s’apprête à confier le Gouvernement à Alain Christnacht et à Jean-François Merle dans le but de préparer l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

Alain Christnacht : l’eternel retour du revenant

Co-rédacteur de l’Accord de Nouméa, le Conseiller d’Etat Christnacht n’a jamais caché sa volonté de participer à la dernière phase du processus qu’il avait participé à mettre en place en 1998. Première à s’exprimer sur le sujet, la membre du gouvernement Sonia Backes a partagé sur les réseaux sociaux ses inquiétudes, semblent-ils partagées au sein de la famille loyaliste.

La nomination d’Alain Christnacht et de Jean-François Merle pour une mission dont on ne connaît ni le contenu, ni l’objectif déclenchent chez moi une vive inquiétude pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie

Spécialistes du dossier calédonien, les deux hommes n’en sont pas moins connus pour leur vision pro-indépendantiste du territoire. Partisans des transferts « à tout prix » et de solutions alambiquées, réfractaires à toute idée de référendum basique, ces deux proches des milieux rocardiens pourraient, dans les années à venir, avoir une influence réelle sur la sortie de l’accord et la vie des Calédoniens, sans qu’aucun mandat électoral ne leur ait jamais été confié. Pour Sonia Backes, le haussaire le saurait et ne cautionnerait pas ce qui sera bientôt décidé.

Comment comprendre qu’un haut fonctionnaire, gaulliste assumé, mette en danger 35 ans de carrière sans que le jeu en vaille la chandelle, sans que les choix de ses supérieurs dont il semble avoir connaissance ne mettent gravement en cause les valeurs républicaines qu’il défend ? (…) Non, on ne nous fera pas accepter une indépendance parce qu’elle arrivera tout doucement. Nous ne sommes pas dupes, et je crois qu’il faut le dire 

Pour un autre responsable politique, des craintes seraient à avoir quant à la future mise en place du corps électoral référendaire. Selon lui

Une partie du Gouvernement de Manuel Valls défendrait un « nettoyage » des listes

Plusieurs milliers de Calédoniens, arrivés avant 1994, pourraient ainsi, durant la mandature, être rayés par l’appareil d’Etat. Un Etat qui ferait la part belle à une seule sensibilité pour des raisons dogmatiques ? De quoi, par contrecoup, provoquer des frictions avec ses propres soutiens locaux à l’instar du représentant local du parti Socialiste, farouche défenseur du Haut-commissaire de la République :

MISE A JOUR : Philippe GOMES sort du silence

Selon NC1ère, le député de la seconde circonscription et leader de Calédonie Ensemble sera ce soir l’invité du journal télévisé. Pour le grand gagnant des provinciales, il s’agira de sa première interview depuis les élections. S’exprimant pour faire le point sur la visite de la ministre, Philippe Gomès ne manquera pas d’être interrogé quant aux raisons de la démission de Jean-Jacques Brot. Une question reste encore en suspens ; le soutiendra-t-il ?