Cynthia Ligeard aux abois

Après un long silence, l’ex-présidente de la province Sud, a réagi à la décision d’annulation de la délibération octroyant les gisements de Prony et Pernod à Vale et la SLN. Outre le fait qu’elle attaque Calédosphère, sans jamais nous nommer, on reste septique sur la validité des arguments avancés par la présidente du gouvernement.

Cynthia Ligeard en appelle à George Sand pour venir à sa rescousse en citant l’écrivain : « compromettre une femme, c’est se servir des apparences que l’on fait naitre pour la calomnier ou la laisser calomnier ». Une citation dont on a un peu de mal à saisir le rapport avec l’affaire Prony-Pernod, puisque l’on ne voit pas vraiment où Philippe Michel aurait calomnié Cynthia Ligeard, il a souligné simplement les incohérences et les illégalités du dossier. Plus sérieusement, ce qui frappe dans l’argumentaire avancé ce lundi par Cynthia Ligeard, c’est son manque de connaissance du dossier. Ainsi lorsqu’elle affirme :

La vérité est que personne ne sait ce que renferment les gisements de Prony et Pernod, on parle de 3, 4, 6 et maintenant 7 millions de tonnes… Et pourquoi pas 8 ou 10 ? 

Mais la vérité, on la connaît, même si des études approfondiront encore le sujet. Outre le fait que la DIMENC (le service des mines) parle dans ses notes de 6 millions de tonnes, l’arrêté signé par Pierre Frogier, alors président de la province Sud, en mai 2011 et classant Prony-Pernod en RTP, évoquait déjà les 6 millions de tonnes contenus dans ces gisements ! Par ailleurs, Cynthia Ligeard se défend aujourd’hui d’avoir accordé les deux gisements à Vale et la SLN :

Le PGA (Protocole Général d’Accord), devait servir à prendre une décision d’exploitation ou non, en tenant compte aussi, et j’y tiens, de l’impact écologique. Avec le PGA, il n’y a donc ni attribution de gisements, ni déclassement des RTP ou travaux miniers que ce soit 

L’argument a du mal à tenir la route, car c’est vouloir faire oublier que le PGA s’accompagne de ce fameux MOU (memorendum of undestanding), l’accord secret concrétisant l’autorisation d’exploitation contre le paiement de la dette de la SPMSC (Société de participation minière du Sud calédonien), accord occulte dont Cynthia Ligeard n’a d’ailleurs pas démenti l’existence.

En revanche, l’ex-présidente de la province Sud assure que cet accord était loin d’être caché et qu’au contraire un grand nombre de personnes et d’organismes étaient au courant, et de citer pêle-mêle : le conseil d’administration de la SPMSC, le Haut-commissaire, le BRGM, la DIMENC, les services juridiques de la province Sud. Mais là non plus, ça n’est pas tout à fait la vérité : tous ceux qui viennent d’être cités étaient dans la plus parfaite ignorance du contenu de l’accord occulte, négocié directement par un cabinet parisien, rémunéré à hauteur de plusieurs dizaines de millions. Personne ne semble avoir relevé non plus que les élus de la province Sud ne figurent pas sur la liste des personnes informées du contenu du MOU, y compris ceux qui siègent au conseil d’administration de la SPMSC !

Une femme seule

Cynthia Ligeard qui joue sur le registre du responsable politique odieusement calomnié, notamment au JT de NC1ère, réclame la création d’une commission d’enquête. Ses vœux devraient être exhaussés au-delà de ses espérances, puisque l’on prête l’intention à Philippe Michel de convoquer une assemblée de province entièrement dédiée à l’affaire Prony-Pernod.

Sur le plan politique, on note que c’est toute seule que Cynthia Ligeard a tenu sa conférence de presse et qu’elle reprend à son compte la thèse de Pierre Frogier selon laquelle, les deux gisements seront finalement attribués par Philippe Gomès à André Dang et Paul Néaoutyine. Cynthia Ligeard qui dénonce le fait que l’on se soit attaqué à son intégrité, s’est bien gardée de commenter l’existence d’une note circonstanciée et sans ambiguïté sur les conditions contestables juridiquement dans lesquelles ont été passés les accords, une note signée du directeur des services juridiques de la province Sud nommé pourtant à cette fonction par Pierre Frogier.

La sauce des arguments avancés par Cynthia Ligeard a-t-elle pris ? Rien n’est moins sûr ce qui explique la décision du Rump de revenir à la charge au travers d’une seconde conférence de presse animée cette fois par Thierry Santa et Grégoire Bernut.

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