Proche du PS, Yanno plaide une « Ministérite aiguë »

[Dans cet article, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé dans un pays ne serait être que fortuites et pour tout dire ça serait vraiment pas de bol pour le dit pays – Alfred]

Au grand dam de ses partisans, le président du congrès s’affiche de plus en plus ouvertement avec les leaders socialistes. Mais dans le même temps, Gaël Yanno dément tout rapprochement avec la rue de Solferino. Montés au créneau pour faire cesser la polémique, ses proches plaident une « ministérite aiguë », une maladie très rare qui l’obligerait à rester en contact rapproché avec toute personne ayant rang de ministre de la République.

« C’est pathologique ! » Le constat est sans appel et Gérard* (prénom d’emprunt), un militant de l’UMP local, l’avoue sans ambages : l’ex-député ne pourrait pas faire autrement, il lui faut rencontrer au minimum une fois par mois un ministre et ce obligatoirement à Paris. Longtemps resté secret au sein de l’UMP, ce trouble compulsif du président du congrès pose désormais des problèmes à son mouvement le MPC. En effet, son staff se serait aperçu qu’il n’y avait aucun socialiste parmi ses électeurs et que ceux-ci acceptaient de plus en plus mal les rapports quasi-affectifs qu’entretient Gaël Yanno avec les leaders socialistes, pour peu que ces derniers aient été nommés au Gouvernement. Et comme le dit Gérard* « c’est ballot parce que ça commence à se voir un chouïa trop ».

Il faut dire que du temps où il était parlementaire, cette pathologie ne se voyait pas si ouvertement. Député sous l’ère Sarkozy, Gaël Yanno avait alors toute latitude pour rencontrer régulièrement des ministres, lesquels étaient fort heureusement membres de sa famille politique. Mais depuis l’élection de François Hollande, le président du MPC s’est fait chopper avec Christiane Taubira puis en plein fou-rire avec le ministre des outremers Victorin Lurel, qu’il était venu rencontrer sans trop qu’on sache pourquoi. La semaine dernière, c’est carrément avec le Premier ministre Manuel Valls qu’il a été surpris par une caméra de RFO en train de rire à gorge déployée.

« Faut pas croire qu’il devient socialiste hein, c’est juste qu’il a besoin de voir des ministres. C’est une drogue pour lui ».Si Gérard s’exprime de façon un peu blasé, c’est qu’il sait bien que le mal est très profond et que ce genre de troubles psychologiques ne se soigne pas en un instant. Pour lui, malgré ce qu’on pourrait penser, Gaël Yanno n’aurait pas l’intention de rejoindre les socialistes et de soutenir la politique de François Hollande. « Je sais que ça parait extraordinaire, mais il n’est content d’être avec eux que parce qu’ils sont ministres. D’ailleurs la preuve qu’il est pas socialiste c’est que lorsqu’ils sont virés, il ne leur parle plus du tout ! »

Cependant, cette « ministérite aiguë » ne manque pas de poser quelques soucis au niveau de son emploi du temps et de la gestion de l’institution qu’il dirige. Elu président du congrès de la Nouvelle-Calédonie le 23 mai dernier, il s’est déjà absenté trois fois pour céder à son addiction et a d’ores et déjà passé deux mois en dehors du territoire. A chaque fois à destination de Paris, et ce, toujours pour rencontrer des ministres. « Ça lui fait du bien qu’est c’que vous voulez qu’je vous dise ? », rajoute Gérard.

Autre souci pour ses proches : Gaël Yanno reste insensible à l’impopularité croissante des ministres du gouvernement Hollande avec lesquels il s’affiche. « Manuel Valls a perdu 20 points dans les sondages depuis deux mois et il pigne pour le rencontrer justement maintenant ». Raison pour laquelle ses partisans se sont cotisés pour faire venir en Calédonie d’anciens membres du Gouvernement afin que Gaël Yanno accepte, peut-être, de remettre un pied sur le caillou. « On va essayer de l’appâter avec des ex-ministres, c’est comme pour la pêche vous savez, faut juste trouver le bon appât. Du moment qu’il peut les appeler par leur rang protocolaire ça devrait le faire… » Pour cela, les membres de son cabinet songeraient à faire venir des anciens ministres au moins une fois tous les deux mois Boulevard Vauban.

Quoi qu’il en soit, dans le paysage politique calédonien, la « ministérite aiguë» a déjà fait d’autres victimes. Dans le secret des confessions, on apprend aujourd’hui que Pierre Frogier et Simon Loueckhote auraient lutté des années avant d’entreprendre « une cure de désintox aux ministères ». Ils auraient en fait attendu de perdre les élections pour se sevrer totalement des rendez-vous ministériels, aidés en cela par leur famille et leurs plus proches amis. Plein d’empathie, Gérard conclue : « Faut pas leur en vouloir, c’est une saloperie cette drogue. Une fois que vous avez mis le pied dans un ministère, c’est très difficile d’accepter d’en sortir… »