Prony-Pernod, quelle triste histoire !

Nous n’en avons pas encore pleinement conscience, mais l’affaire Prony-Pernod, qui n’en est qu’à ses débuts, va permettre de disséquer le système Rump, et en ce sens, elle sera emblématique. Le Rump qui s’est mis de lui-même dans la nasse, comme un crabe neurasthénique, en réclamant à cor et à cri la constitution d’une commission d’enquête. C’est chose faite à présent, et comme les travaux de ladite commission vont être publics, nous découvrirons à quel degré de subordination, le Rump a placé dans la province Sud vis-à-vis de Vale.

Cette commission va s’appuyer sur la liasse de documents qui a été remise aux élus et à la lecture desquels, on comprend avec quelle inconséquence, la province Sud version Ligeard-Frogier a bâti son opération. Sur ce point, le MOU (memorendum of undestanding) est particulièrement clair et s’il n’en fallait retenir que deux points, ce serait l’obligation de confidentialité extrême imposée aux quelques « happy fews » qui ont eu de près ou de loin quelque chose à voir avec le MOU, et ensuite le fait que rien ne pouvait être décidé sans le contrôle et l’assentiment de Vale. Ligeard et Frogier vont pouvoir tempêter tout leur saoul, la vérité est dans les lignes de ce document majeur, d’ailleurs rédigé par Vale et mal traduit en français ! Et cette vérité, chacun peut désormais la lire… Elle est confondante.

Dans l’affaire Prony-Pernod, la seule question qui vaille la peine d’être posée est bien de savoir si l’intérêt général a primé ou s’il n’a été qu’une variable d’ajustement. Je crains connaître la réponse. Faut-il en être surpris ? Là aussi, je crains que non. Il est dans l’histoire du RPCR-Rump d’avoir établi et entretenu des relations pour le moins baroques avec les grandes sociétés calédoniennes, à commencer par les entreprises minières. L’euphémisme est doux, convenons-en, mais cette ambivalence entre le politique et l’économique est dans les gènes de ce parti depuis sa création, un reliquat sans doute du paternalisme qui a gouverné le pays pendant plus d’un siècle. Il n’y a qu’à s’intéresser un peu aux rapports qu’a pu entretenir ce mouvement avec la SLN, pour ne citer qu’elle, et l’on en aura dès lors une idée plus précise…

La commission d’enquête va mettre à jour les mécanismes, parfois obscurs, de la machinerie, mais sera-t-elle en mesure de déterminer qui au Rump, aura été le donneur d’ordre. On en a déjà une petite idée, car l’on a bien saisi, vu le degré de méconnaissance du dossier qu’en a Cynthia Ligeard, que l’ex-présidente de la province Sud a peut-être joué dans cette comédie, le rôle de faire-valoir. Ça n’est certes pas à son honneur, mais la naïveté stupéfiante avec laquelle elle fait face pour contrer sa mise en cause, fait comprendre justement qu’elle n’y a rien compris. Cette sorte de Virenque politico-économique aurait tout signé à l’insu de son plein gré, peut-être même sans lire une ligne de ce qui lui était présenté et en tous les cas en n’y entendant goutte, pas plus elle d’ailleurs que ses conseillers…

Si donc le centre de commandement n’était pas à la province, c’est qu’il était ailleurs, dirait monsieur de La Palice et au Rump, ne cesse-t-on de nous dire : il n’y a qu’un chef. Moi, c’est tout ce que j’en dis…

Caton