Dans sa seconde déclaration de politique générale en six mois, le Premier ministre a tenté de convaincre son propre camp, revendiquant une orientation politique clairement marquée à gauche et offrant quelques gages de bonne volonté aux « frondeurs ». Un passage sur le fil.

Il devait simplement introduire brièvement le vote de confiance demandé aux députés. Finalement, Manuel Valls est resté plus de 45 minutes devant l’hémicycle pour un discours particulièrement offensif, censé rassurer les moins convaincus des élus socialistes, voire les députés de l’opposition, qui ont même applaudi lorsque le Premier ministre a évoqué les entreprises « source de richesse pour la France »

Au final pas de surprise : la confiance a bien été accordée par les parlementaires par 269 voix contre 244. C’est 37 voix de moins qu’en avril lorsqu’il avait demandé et obtenu la confiance de l’Assemblée Nationale après sa nomination à Matignon. Une trentaine de députés socialistes “frondeurs” ont – comme annoncé – préféré marquer leur désaccord sur la politique du gouvernement en s’abstenant.

Convaincre avec les “valeurs chères à la gauche”

C’est pourtant bien à l’aile gauche de son camp que Manuel Valls a fait les yeux doux. En taclant, tour à tour, l’Allemagne “la France décide elle seule de ce qu’elle doit faire” ou le Medef ” personne ne doit prendre le risque d’affaiblir, par je ne sais qu’elle provocation, par je ne sais qu’elle surenchère, l’indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat”. A la fameuse “main invisible” chère au libéralisme économique, il oppose la “main visible” de l’Etat en laquelle il affirme croire plus que tout.

Le Premier ministre affirme même que si l’on soutient les valeurs de gauche et la République, on ne peut que soutenir les réformes entreprises par son nouveau gouvernement. “Gouverner c’est résister. Gouverner c’est tenir”, assure celui qui a de toute façon annoncé qu’il maintiendrait le cap quel que soit le résultat du vote de confiance. Au-delà de la philosophie, des anaphores et de la stratégie politique, Manuel Valls a aussi annoncé quelques mesures plus concrètes. Parmi elles, une baisse de l’impôt sur le revenu en 2015 pour certaines tranches, un coup de pouce sur le minimum vieillesse qui passe à 800 euros et une prime exceptionnelle pour les retraites inférieures à 1200 euros.

Du côté des “frondeurs”, 20 députés socialistes sont venus grossir leur rang. Parmi les nouveaux et non des moindres, François Lamy ancien ministre de la ville dans le gouvernement Ayrault, un proche de Martin Aubry. Chez les leaders du mouvement, Jean-Marc Germain et l’ancien secrétaire d’état à l’Outre-mer Christian Paul se sont abstenus lors de ce vote. Du côté des alliés du parti de la rose, les écologistes et à leur tête la rebelle Duflot ce sont eux-aussi abstenus. L’éphémère et sulfureux secrétaire d’état Thomas Thevenoud n’était pas présent lors du vote… Naturellement, l’opposition UMP, UDI et FN ont voté contre la confiance.

Et les Calédoniens ?

Comme le 8 avril dernier, les deux députés calédoniens apparentés à l’UDI ont voté contre le gouvernement Valls. Du côté des observateurs de la vie politique calédonienne, on s’étonne de l’absence d’intérêt des votes de Philippe Gomès et de Sonia Lagarde. En effet, aucun média ne s’est pour l’heure intéressé à cette information alors que dans le même temps, sur le caillou, la venue de la mission Christnacht-Merle est utilisée par leurs adversaires pour mettre en cause un rapprochement entre les députés de Calédonie ensemble et le gouvernement socialiste.

Quoi qu’il en soit, le locataire de la rue de Varennes a su jouer sur toutes les cordes sensibles du moment. Si les médias saluent déjà une belle performance, certains éditorialistes doutent que cela suffise. Le chef du gouvernement a tout de même remporté une bataille, celle de l’applaudimètre, avec des socialistes debout à la fin de son discours. De quoi lui faire espérer un avenir comme présidentiable ?

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Jeune internaute tout frais sorti d'un œuf de la discorde, Machiavel à la plume alerte des jeunes pousses. Techno-connecté, s'exprimant sur tous les réseaux sociaux, Machiavel représente cette génération 2.0 qui occupe naturellement le Net. Marqué à droite, ses premiers écrits tranchent avec le politiquement correct habituel en Calédonie. A n'en pas douter, au fil du temps, le plus jeune de nos contributeurs saura prendre sa place parmi les "grands".