La « tambouille » de Sarkozy

La campagne présidentielle est bel et bien lancée. Oui c’est en 2017. Certes c’est loin et pourtant, depuis sa défaite du 6 mai 2012, Nicolas Sarkozy ne pense qu’à battre Hollande, prendre sa revanche et prouver qu’un ancien président de la République battu peut se faire réélire. Recette.

Nicolas Sarkozy est donc de retour derrière les fourneaux et préparez-vous à un festin plutôt roboratif. L’annonce de son retour sur les réseaux sociaux ne fut qu’un amuse-bouche, la surprise du chef, c’est maintenant. Il l’a démontré jeudi à Troyes. Et rebelote hier soir à Vélizy. Le candidat à la présidence de l’UMP nous a servi et nous resservira sa dernière spécialité devant tous les écrans.

Comment convaincre ?

Le but : créer une nouvelle saveur qui efface le goût amer d’un homme qui parle beaucoup et n’écouterait pas les autres. Contrairement à Valéry Giscard d’Estaing qui s’invitait à la table des français, l’ancien locataire de l’Elysée vous invite presque à la sienne. Ces réunions publiques sont présentées comme un échange interactif façon café de commerce amélioré. Dans la nouvelle carte du chef Sarkozy, le menu « près de chez vous » avec tous les ingrédients qui font le sel d’une efficace cuisine politique. La recette est simple, pour mettre du liant, parler de lui et créer un peu de complicité avec le public :

Aussi extraordinaire que sa puisse paraitre ma fille à 3 ans, je suis un jeune papa (rire de la salle) je ne vois pas en quoi ça à de drôle (sourire)

Et répondre à toutes les questions, même aux interrogations existentielles d’un adolescent de 17ans :

Bonsoir monsieur le président, je me prénomme Antoine, je suis lycéen et je me permets de vous poser cette question : comment pouvez-vous relancer la compétitivité et les lois salariales des PME?

En plus d’incorporer une bonne rasade de thématiques droitières tendances 2012, pour relever le tout, ne surtout pas hésiter à concasser du Hollande, cela marche à tous les coups :

Avec le bon monsieur Hollande dont on sait la pratique qu’il a de la vérité et du mensonge

Et une pincée de glamour, pourquoi se priver quand on dispose de Carla Bruni-Sarkozy dans la salle :

La dernière fois que je suis venus à Troyes, c’était pas comme président de la République, mais pour porter la guitare de ma femme

A chaque meeting, la foule est déjà acquise et aime la bonne odeur des petits plats Sarkozy. Pour les autres, c’est déjà l’indigestion. Ainsi, selon un sondage Ifop pour le JDD, la cote de Sarkozy a déjà reculé de sept points auprès des sympathisants de l’UMP. Il va peut-être lui falloir rectifier un brun l’assaisonnement, quitte à revenir à des préparations plus classiques. Mais attention à ne pas oublier aussi un zeste de dossiers judiciaires qui viennent alimenter et relever un peu cette cuisine politique. Elle pourrait donner un petit goût amer à cette préparation si méticuleusement préparée. Comme le vieil adage le dit : c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes.