Elections à Paita : Bip-Bip le Harold

Le désormais maire sortant de Paita veut aller « le plus vite possible » devant les urnes. Contrairement à ses colistiers, Harold Martin ne souhaite pas faire appel de l’annulation de l’élection. Enquête sur les véritables raisons de cet empressement.

Tonitruant et combattif, l’ex-président du gouvernement a balayé hier, lors d’une conférence de presse, les conclusions du Tribunal Administratif qui a annulé son élection à la tête de la mairie de Paita. Celui qui ne sera bientôt plus légalement le premier magistrat de la commune juge les arguments avancés par la justice irrecevables. Dans des termes très « martinesques », il précise ne pas s’en soucier outre mesure:

Je trouve que c’est inadmissible pour ces raisons-là qui ne tiennent pas une seule minute d’annuler les élections (…) et puis je m’en fous royalement (…) moi, qu’est-ce que j’en ai à foutre ! (Harold Martin)

Très remonté, Harold Martin précise pour autant – à l’inverse de ce qu’avait annoncé son premier adjoint sur RNC1ère – qu’il n’entendait pas faire appel. Une information qui n’aura pas manqué de provoquer l’interrogation des journalistes et des observateurs. En effet, si le maire sortant prétend que les causes juridiques de son éviction sont infondées, pour quelle raison alors refuser de faire appel devant la justice et prouver ses dires? Harold Martin évoque en tout cas sa volonté de se lancer rapidement en campagne électorale pour retrouver son fauteuil perdu :

Je serais plutôt du genre à retourner aux élections tout de suite (…) le plus vite possible (Harold Martin)

Aller “le plus vite possible” pour se mettre à l’abri de la justice ?

Selon plusieurs observateurs, Harold Martin aurait en fait tout intérêt à permettre l’organisation d’élections sur Paita le plus rapidement possible – certains évoquant déjà la période de fin janvier 2015. Doublement mis en examen, celui qui n’est plus aujourd’hui qu’un des 54 élus du congrès doit faire face à un calendrier judiciaire dont il reste, semble-t-il, toujours bien informé. Selon une source ministérielle parisienne qui suit le dossier « Martin » de près, le maire sortant devrait, d’ici la fin de l’année, être convoqué devant les juges. Or, vis-à-vis de ses électeurs, la médiatisation de ses « casseroles judiciaires », vraisemblablement instruites dans le courant de l’année 2015, aurait tout lieu de perturber ses électeurs de Paita et donc ses chances de succès.

Enquêtes et écoutes téléphoniques

De plus, s’agissant de l’enquête préliminaire révélée par les Nouvelles Calédoniennes concernant une suspicion d’achat de votes pendant les élections, on parle de plus en plus du côté du tribunal d’écoutes téléphoniques auprès de l’équipe de campagne d’Harold Martin. Selon notre source parisienne, celles-ci auraient été autorisées par l’appareil judiciaire et se seraient déroulées sur plusieurs mois du fait des suspicions entourant l’organisation du « système Martin ». Parmi ces échanges téléphoniques, certains évoqueraient déjà des « pépites » qui pourraient constituer des preuves à charge contre l’actuelle équipe municipale ou certains de ses membres.

Fin politicien, Harold Martin n’ignore pas les conséquences qu’une telle affaire pourrait entrainer si ses tenants et ses aboutissants sortaient au grand jour avant les futures élections. Raison pour laquelle, à l’instar d’autres hommes politiques tels Jérôme Cahuzac, Gaston Flosse ou encore Nicolas Sarkozy, l’ancien président du gouvernement entendrait « prendre les juges de vitesse » par l’obtention d’un mandat électoral dont la légitimité populaire serait censée le prémunir des foudres de la justice. Une stratégie de l’évitement qui n’a pour l’heure pas empêché son ami, l’ex-président de la Polynésie, d’être condamné et de perdre l’ensemble de ses mandats.