Wamytan : « L’immigration métropolitaine plombe les finances de la Province Sud »

Le congrès a voté hier la réaffectation de la taxe sur les jeux à la Province sud. La séance a été marquée par la profonde division entre indépendantistes et loyalistes. L’UC considérant que les métropolitains sont la cause des difficultés budgétaires de la province…

Si le produit de la taxe sur les jeux (2 à 3 milliards par an) a bien été affecté à la province Sud où se situent tous les casinos et le bingo, les élus indépendantistes, minoritaires, ont demandé une seconde lecture et comptent bien faire reporter cette mesure autant que possible. Toujours est-il que pour expliquer l’accroissement de la population de la province, et notamment celle du Grand Nouméa, l’Union Calédonienne a choisi de mettre en cause les flux migratoires… de métropole.

C’est bien sûr la question des flux des flux migratoires notamment originaire de métropole (…) L’immigration métropolitaine plombe les finances de la Province Sud et impacte l’économie générale de la Nouvelle-Calédonie (Roch Wamytan)

Une sortie qui fait fi des flux internes de populations propres à la Calédonie. Une diatribe qui fait également l’impasse, entre autre, sur la perte de population de la province des iles, dans laquelle il y a plus d’inscrits sur les listes électorales que d’habitants recensés dans celle-ci… L’Union Calédonienne estime-t-elle que ces habitants-là ont tout bonnement disparu ? Ou fait-elle semblant de croire qu’ils ne sont pas partis s’installer dans le Grand Nouméa ? Les chiffres ont la rancune tenace. Il y avait, selon l’ISEE, 22.080 habitants aux Loyautés en 2004. Ils n’étaient déjà plus que 17.436 en 2009. En l’occurrence, toujours selon le dernier rapport de l’ISEE.NC « de 1989 à 2009 le solde des migrations internes est déficitaire de 4100 personnes aux iles Loyauté, 3300 personnes au Nord-Est (…). A l’inverse, l’excédent de migrations internes s’établit à 7400 personnes dans le Grand Nouméa » Que rajouter de plus ?

Deux blocs qui n’ont plus rien à se dire

L’intervention de Roch Wamytan interroge d’autant plus qu’il fait porter l’augmentation des dépenses publiques aux seuls métropolitains résidant en province Sud. Façon de sous-entendre, comme le lui a reproché Gil Brial, que ceux-ci seraient des « gros consommateurs d’aide sociale ». Cependant, toutes les études, tous les indicateurs et surtout le simple bon sens des Calédoniens contredisent cette « thèse ». Dépourvue du Revenu Minimal d’Insertion (ou RSA), moins généreuse que la métropole s’agissant des aides sociales, avec une vie plus chère en moyenne de 35% par rapport au niveau national, la Nouvelle-Calédonie n’attire pas – et c’est un euphémisme – « les classes sociales défavorisées ». De plus les « 5*5 », par définition, ne peuvent pas participer au référendum d’autodétermination et ne remettent pas en cause les forces politiques en présence.

Ce que cette affaire met donc en exergue, au-delà des difficultés financières structurelles de la province Sud, c’est le clivage absolu entre les positions des partis indépendantistes et les mouvements non-indépendantistes du congrès. Car s’ils ne partageaient pas la même idéologie, les deux « blocs » pouvaient, parfois, avoir le même regard sur la réalité de la situation du pays. Désormais – et l’approche du futur référendum d’autodétermination en est certainement la cause – chaque faction semble se retrancher dans ses positions mais, surtout, l’Union Calédonienne extrémise ses interventions au risque d’apparaître comme de simples gesticulateurs vis-à-vis de l’opinion. Jean-Marie, reviens !

NB : stigmatiser une partie de la population en raison de ses origines ou de son appartenance à une communauté, et inciter l’autre partie de la population à la haine envers elle, sont des faits constitutifs d’un délit qui peut justifier jusqu’à 1 an de prison et 5 millions F CFP d’amende. (Article 24 de la loi du 29 juillet 1881)