Wamytan sur St-Louis : «Si [il] a quelque chose à dire, qu’il s’adresse au Haut-commissaire ! »

Interrogé par un auditeur de Nouvelle-Calédonie 1ère sur l’insécurité qui règne à Saint-Louis, le Grand Chef de la tribu a botté en touche et qualifié la remarque de « question bête ». Pas responsable et surtout pas coupable…

Il se voulait mesuré et pondéré, mais le naturel aura finalement repris le dessus. Invité de l’émission C’est-à-dire sur RNC 1ère, Roch Wamytan n’a pas pu échapper à une question d’un auditeur du Mont-Dore concernant les troubles sur la commune. Alors que l’ancien président du congrès expliquait comment il entendait négocier la sortie de l’accord de Nouméa pour parvenir à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, Gabriel a remis en cause sa légitimité :

Bonjour. Comment Monsieur Wamytan peut se définir en tant que chef de parti et négociateur pour la sortie de l’Accord de Nouméa et tout ça, si déjà, il n’arrive même pas à gérer sa simple petite tribu et à bien éduquer les jeunes de chez lui, qu’ils arrêtent toute l’insécurité qu’on a partout au Mont-Dore ? (Gabriel)

La réponse ne s’est pas faite attendre et visiblement Roch Wamytan ne l’a pas du tout appréciée :

Ça, c’est une question bête (Roch Wamytan)

Pour l’élu indépendantiste, les coutumiers ne seraient, en effet, en rien responsables des agissements des voyous qui s’attaquent aux habitants ou à leurs biens depuis des mois. Il exonère également au passage la responsabilité des élus locaux et cible uniquement l’Etat et donc son représentant le Haut-commissaire :

Sur la question de Saint-Louis, toute la question de l’ordre public, l’insécurité, ça, c’est pas de la compétence des coutumiers, ce n’est pas de la compétence de la Nouvelle-Calédonie, c’est la compétence de l’État. Si ce monsieur a quelque chose à dire, qu’il s’adresse au haut-commissaire ! (Roch Wamytan)

Un positionnement désormais habituel du responsable indépendantiste qui renvoi systématiquement la responsabilité des actes délictueux commis en Nouvelle-Calédonie sur l’Etat, qu’il continue à qualifier de « pouvoir colonial » comme aux plus belles heures des années 80.

Le passif de Wamytan

Depuis les élections provinciales – au cours desquelles la liste qu’il conduisait n’a pas réussi à obtenir les résultats qu’il espérait – Roch Wamytan oscille entre deux discours : d’une part soutenir, insidieusement ou non, les manifestants issus principalement de la tribu de Saint-Louis et d’autre part attaquer l’Etat ou ses représentants.

Ainsi, dès le 29 mai il avait déclaré sur RRB « apporter son soutien aux jeunes manifestants » opposés à la réouverture de l’usine de Vale. Le 27 juillet, sur le plateau de NC 1ère il avait ensuite condamné le « harcèlement » des jeunes par les forces de l’ordre positionnées autour de Saint-Louis pour protéger les usagers de la route :

On assiste là à un harcèlement presque journalier des gens de la tribu de Saint-Louis (…) Il faut gérer tout ça autrement plutôt que d’harceler presque journalièrement cette tribu de Saint-Louis (Roch Wamytan)

Depuis lors, l’Etat, quelque peu échauffé, avait par la voix du Commissaire Délégué de la province Sud voulu clarifier les choses et avait annoncé que deux jeunes Wamytan (Théophile et Victorin) avaient été appréhendés pour une série d’actes criminels dont des coups de feu sur des gendarmes. Le Grand Chef s’était alors déclaré « scandalisé » par ces révélations et avait déclaré vouloir porter plainte et parler de cette affaire devant l’ONU (Roch Wamytan n’aura finalement fait ni l’un ni l’autre). Selon les Nouvelles Calédoniennes du 9 octobre, un troisième Wamytan a été condamné à 4 ans de prison le mois dernier…

Ainsi, après avoir mis en cause la semaine dernière « l’immigration métropolitaine », responsable selon lui des difficultés financières de la province Sud, le Grand Chef de Saint-Louis argue aujourd’hui qu’il n’a aucune responsabilité dans l’insécurité qui règne dans sa tribu. Une série d’éléments qui mettent en lumière le fondement de sa stratégie : quand quelque chose ne va pas en Calédonie c’est, selon lui, soit la faute des métropolitains soit de l’Etat. Pour Roch Wamytan, ces problèmes seraient en fait dans les « gènes » des uns et des autres :

On a tenté d’accueillir les Européens, et puis ça s’est mal passé, c’est un peu dans les gènes des peuples océaniens (Roch Wamytan sur RNC 1ère)

Une question reste néanmoins sans réponse : le racisme, l’extrémisme et la bêtise sont-ils eux-aussi dans les gènes ou bien seulement dans le tempérament de certains hommes politiques ?