Gaël Yanno : « détournements de fonds publics » ?

Comme il l’avait fait à la mairie de Nouméa, Gaël Yanno a décidé de mettre à son service les moyens humains et financiers du congrès. Il vient de mettre au point un plan d’action dont Calédosphère a été informé et dont nous dévoilons les premiers rouages afin de vous informer de la manière dont le président du Congrès se sert de votre argent. Dessous de rideaux.

Nul doute que si Gaël Yanno voulait se faire remarquer du Président de la République et de son équipe lors de sa visite sur le territoire il ne pouvait espérer mieux. Il y a quelques semaines en effet, lors du conseil municipal de la ville de Nouméa dont il est le chef de l’opposition, Gaël Yanno (apparenté UMP) avait attaqué plusieurs conseillers municipaux leur reprochant « d’écrire sur les réseaux sociaux et notamment Calédosphère dans l’exercice de leur fonction ». Mettant en cause un ancien contributeur du site (Calcyt) et un adjoint de la députée-maire Sonia Lagarde, le président du congrès les avait sommés de s’expliquer devant la presse. Quelques jours plus tard – très remonté contre les réseaux sociaux – le membre du gouvernement Bernard Deladrière (R-UMP) avait quant à lui parlé de « détournements de fonds publics » lors d’une émission de radio. Depuis lors, si les deux élus de Nouméa mis en cause ont semble-t-il porté l’affaire devant la justice, les choses n’en sont pas restées là. En effet, une note confidentielle, interne aux services du congrès, démontre que dès son accession à la tête de l’institution, l’ex-député Gaël Yanno a mis en place un système pour « surveiller », « contrôler » et « répondre » aux éventuelles attaques dont il pourrait être la cible sur les réseaux sociaux ou sur Calédosphère, le tout payé par le congrès. Nous la dévoilons ici en exclusivité.

Un plan d’action global

L’objet de ce plan d’action est d’utiliser pour des besoins « militants » les services et les ressources du congrès afin d’améliorer l’image du président du congrès, mais aussi et surtout de permettre au président du MPC de surveiller et de contrôler les échanges sur la toile locale. C’est ainsi qu’on apprend que des voitures de fonction sont « mises à disposition » de ses plus proches collaborateurs tout comme des ordinateurs portables et des tablettes reliées à la 3G, distribués « à la discrétion » de l’ex-premier adjoint au maire. Or, ces façons de faire ont fait grincer des dents Boulevard Vauban. C’est ainsi que Calédosphère a reçu un certain nombre de documents émanant d’agents du congrès exaspérés et ne tolérant plus cette gabegie organisée aux frais du contribuable et sur le dos de l’institution.

Contrer le Yanno Bashing ?

Il faut dire que l’addition commence à s’alourdir singulièrement depuis son arrivée à la présidence du congrès. La présidence Yanno a vu se multiplier les voyages, cocktails et tournées en brousse, aux frais du congrès, mais également l’achat de matériel informatique, sans parler des outils de propagande désormais mis en œuvre comme le journal, les sondages ou les pleines pages dans la presse. Voilà que s’ajouteraient à la liste désormais les emplois détournés ! C’est en tout cas ce que montre cette note interne envoyée aux nouveaux agents du congrès et collaborateurs de Gaël Yanno dont l’objet est on ne peut plus clair :

Etre sur le terrain dans une action militante (..) Surveillance presse et constitution d’une Task Force dans les médias ou les réseaux sociaux (note confidentielle congrès)

La note indique clairement qu’en termes de ressources humaines, les critères de sélection sont très ciblés. S’agissant du recrutement, cette note évoque Facebook et le fait de « ne pas hésiter à recruter les compétences en la matière », ce qui témoigne d’une volonté d’engager, au frais du congrès, des personnes très actives sur les réseaux sociaux pour porter la bonne parole de Gaël Yanno. On se rend également compte que du personnel a été embauché pour satisfaire l’appétit gargantuesque de communication de Gaël Yanno. Un certain nombre de personnes, dont nous tairons les noms (car leur seul tort est d’être à la recherche d’un emploi) ont été retenues pour leur compétence qui est d’être connues et reconnues pour leurs talents de commentateurs sur Calédosphère ! Le média calédonien du Web est en effet traité à part, la note expliquant l’organisation qui doit prévaloir autour de la présidence :

Calédosphère : Il faudrait constituer un pool solide et constant pour alimenter les postes de réponses afin de lutter contre le « Yanno Bashing » = liste à constituer (note confidentielle congrès)

Circulant en interne entre agents du congrès, cette note n’a pas manqué de surprendre celles et ceux qui avaient vu, tout récemment encore, Gaël Yanno hurler comme un dément qu’il était honteux que des agents ou des élus puissent, sous le couvert de l’anonymat, publier sur les réseaux sociaux… de quoi faire dire à une source proche du dossier :

Vous voulez être embauché au congrès ? Maintenant, il suffit de savoir écrire sur Calédosphère !

Le travail des militants payés… sur fonds publics

Dans cette même note, le Président du congrès Gaël Yanno a clairement donné la responsabilité de tout mettre en musique à un certain Ludovic Lafon. Qui est-il ? Il s’agit d’un ancien journaliste de RRB et des Nouvelles Calédoniennes, recruté par Gaël Yanno à l’époque de la mairie de Nouméa. Il l’a ensuite emmené avec lui au congrès et il en a fait son responsable de la communication :

Mise en place de la communication Présidence et du MPC …/… Il faut organiser une veille constante et systématique …/… Chargé de la gestion des sites du congrès et du MPC (note confidentielle congrès)

On comprend donc clairement dans cette note que la communication du MPC, un parti politique, est bien organisée et réalisée par des agents payés par l’institution. Mais tout cela est-il bien légal ? Bernard Deladrière évoquera-t-il là aussi des « détournements de fonds publics » organisés par le président du congrès ? De quoi également se poser des questions sur le double discours de Gaël Yanno qui proclame dans ses discours moralisateurs « sa transparence » et sa « bonne gestion des fonds publics » tout en utilisant en coulisse les moyens des institutions pour assoir son ambition politique. Peut-être, en fait, a-t-il simplement oublié l’avertissement de son ancien mentor, lorsqu’il était son suppléant à l’Assemblée Nationale :

Quand on veut monter au cocotier, il faut avoir le cul propre ! (Jacques Lafleur)

Dans le cas où une plainte serait intentée à notre encontre, nous tenons bien évidemment à disposition de la justice et de la police, les originaux de tous ces documents. Mais on se rend bien compte que la coûteuse télénovela du congrès avec son président comme principal acteur, n’a pas fini d’alimenter nos chaudes soirées d’été…