Gouvernement : rendez-vous au 31

La mise en œuvre du nouveau gouvernement se poursuit. On sait aujourd’hui de qui et comment il sera composé, puisque les cinq listes de candidats ont été déposées ce jeudi.

Pour l’heure, ça n’est qu’une formalité. Le congrès n’a mis que cinq minutes à peine pour décider que le prochain gouvernement serait composé de onze membres et ce sont bien cinq listes, autant qu’il y a de groupes politiques au congrès, qui ont été déposées. La composition de ces listes est d’ailleurs sans surprise puisque tous les partis ont reconduit ceux de leurs membres qui siégeaient dans le gouvernement Ligeard. Sauf exceptionnelle surprise, on devrait donc retrouver dans le prochain exécutif : Philippe Germain, Thierry Cornaille et André-Jean Léopold pour Calédonie Ensemble, Cynthia Ligeard et Bernard Deladrière pour le FPU, Sonia Backes pour l’UCF, Dewe Gorodey et Valentine Eurisouké pour l’UNI-Palika et enfin Gilbert Tyuienon, Anthony Lecren et Jean-Louis d’Anglebernes pour l’UC-FLNKS.

Tout ça pour ça ?

C’est sans doute ce que va penser derechef l’opinion publique et ce que vont annoncer des médias à la courte pensée puisque le casting est exactement le même. Mais c’est éminemment réducteur, car le débat politique, on s’en doute est aussi ailleurs. La question soulevée via la chute du gouvernement Ligeard ne se pose pas dans la composition du gouvernement, mais dans l’appartenance politique de son président et dans les réformes qu’il est susceptible de mener. Calédonie Ensemble estimant, puisque le FPU aurait fait la preuve de l’inutilité du CGS, qu’il est donc temps de « respecter le verdict des urnes de mai et de prendre en charge la responsabilité de l’exécutif calédonien ». Maintenant que les listes sont déposées et que l’on connaît la donne, c’est aujourd’hui, plus qu’hier, que les tractations vont commencer.

Qui vote quoi ?

Philippe Germain sera-t-il élu président du gouvernement ? En théorie oui puisqu’il pourrait logiquement compter sur toutes les voix non-indépendantistes, sa candidature disposant ainsi avec les six voix de CE, du FPU et de l’UCF, d’une majorité. Mais, depuis que les haines s’affichent au grand jour, plus rien n’est simple. Quelle sera la tactique du FPU opposé mordicus à l’accession de Calédonie Ensemble à la présidence du gouvernement ? Comment l’UCF gère-t-elle ses états d’âme puisque l’on sait que Isabelle Lafleur est vent debout contre Gomès ou que Gil Brial a du mal avec certains membres de la liste FPU ? L’UC ayant reconduit Tyuienon et Lecren, comment va réagir le Palika qui ne veut pas que le maire de Canala accède à la vice-présidence ou que l’UC ait les mines en charge ? Des questions et pas encore de réponse et d’ailleurs le 31 décembre si l’on aura bien un gouvernement, rien ne dit qu’il puisse désigner dans la journée un président.

De l’inanité d’un gouvernement collégial

Cet énième soubresaut route des Artifices démontre encore une fois l’inanité et l’inefficience d’un gouvernement dit collégial qui se retrouve confronté à l’épreuve des faits. Si, en mai 1998, sur le papier et dans la douceur des ministères parisiens, l’hypothèse de constituer une « équipe » représentant l’ensemble des sensibilités politiques de Calédonie pouvait paraître attrayante aux signataires de l’époque, quinze ans plus tard, tout le monde s’accorde à dire qu’un tel gouvernement est voué à l’incurie et à l’immobilisme. Ainsi, alors que lors des premiers « remaniements » suivant les élections, les mouvements politiques avaient l’habitude de changer leurs représentants, aujourd’hui, ces derniers restent vaille que vaille, mandat après mandat, quel que soit leur bilan, leur rôle ou le vote des électeurs ; donnant ainsi l’image déplorable d’une caste déconnectée du peuple et vivant en quasi-autarcie. De plus, du fait de la division dans chaque camp, les majorités sont de plus en plus difficiles à trouver et aucun président de gouvernement n’a réussi à effectuer un mandat entier sans être « démissionné » ou « viré ».

Quoi qu’il en soit, cette affaire ne risque pas d’améliorer l’image de l’exécutif calédonien auprès des électeurs. Reste maintenant à savoir si un gouvernement a nécessairement besoin d’avoir l’assentiment populaire ou, en d’autres termes : les institutions calédoniennes sont-elles encore véritablement démocratiques ?

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