Mathias Waneux se lâche sur Newsring

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La Nouvelle-Calédonie indépendante, nous demanderons à la France de rembourser ce qu’elle a pris en Kanaky durant la colonisation

Aujourd’hui, nous avons un cadre, celui de la loi organique. Mais avant d’aborder cela, notons que la France – la nation colonisatrice – est une démocratie, dit «pays des droits de l’homme». Or, après les événements de 1988, nous avons connu le 22e statut proposé par la France et ce, depuis le début de la colonisation. Autant de statuts concoctés dans le secret des bureaux des ministères parisiens sans jamais, une seule fois, associé les Kanak à cette réflexion. Ce ne furent que des statuts imposés dans le cadre de la gestion d’une île colonisée.

Les revendications des Kanak émanent, depuis plusieurs années, des vieux, soutenus par les deux églises, catholique et protestante. Auparavant, les Kanak ne faisaient pas de politique, mais ils ont fini par rentrer dans ce cadre revendicatif à la suite d’un constat simple: le gouvernement français, par la voie législative, nous disait comment vivre chez nous et ce, sans aucune concertation. En ce sens, l’exigence démocratique n’est pas satisfaisante.

Un processus irréversible est enclenché

Dans le cadre des accords qui ont suivi les événements de 1988, et pour parvenir à un consensus, il a fallu faire des concessions non seulement avec le gouvernement français mais aussi avec la droite locale, affiliée avec le RPR et qui portait la vision de l’État. Malgré cela, le processus mis en route a induit un cheminement inévitable, celui de notre émancipation future. Je m’explique, en mettant le kanak au centre du dispositif, on a voulu, à l’époque, éprouver sa capacité à appliquer la loi organique. C’est désormais chose faite. A un an des nouvelles élections, nous sommes à 23 élus et ils nous en manque que 5 pour fixer la date du premier référendum. Gagner le Congrès ne signifie pas, pour autant, gagner le référendum. Or, qu’est-ce qui se joue dans le cadre de cette consultation? La question des cinq derniers transferts de compétence entre la France et la Nouvelle-Calédonie. Nous sommes donc bien au cœur de ce processus et pas ailleurs.

Actuellement, si l’on observe la droite locale se déchirer, c’est en partie parce que tous ces responsables politiques se rendent bien compte que les Kanak avancent très vite. Le problème pour eux est, dès lors, lié à la juridiction française. Il faudrait qu’il fasse passer une nouvelle loi à l’Assemblée nationale pour empêcher la marche en avant des Kanak vers l’indépendance ou autre chose, qui sait? En mai 2014, s’il y a obtention des 3/5e au Congrès, les indépendantistes pourront demander l’organisation du référendum pour les cinq derniers transferts de compétence, ceux qui concernent les pouvoirs régaliens. Tout cela peut nous emmener vers 2018 ou 2021, voire même 2023. Reste que cette marche vers l’émancipation du pays est bel et bien enclenchée. Elle est irréversible, on ne pourra plus revenir en arrière ; sauf si, comme pourrait le proposer le Front National, le gouvernement botte soudain en touche et stoppe le processus. Mais là, attention, le risque d’un retour à la guerre civile devrait être sérieusement envisagé.

Les Kanak ont déjoué le piège tendu par la France

A nous désormais de savoir convaincre du bien-fondé de notre action. A nous ainsi de convaincre la droite locale de s’associer à notre démarche. En effet, leurs leaders ont aussi signé les accords de Nouméa, un accord qui n’est pas resté depuis dans les cartons mais qui est visible, viable et pratiqué quotidiennement. Notre rôle, aujourd’hui, est de nous engager pleinement dans ce processus, de l’expliquer et de le défendre.Et ce, d’autant plus que nous sommes sûrs que de nombreux membres de la droite locale font semblant de ne pas comprendre la situation. C’est un jeu de dupes, car ils sont conscients qu’à un moment donné, ils n’auront plus le choix. L’Histoire est en marche et cela fait un bout de temps!

Voilà pourquoi la droite se divise aujourd’hui, elle se rend bien compte que nous arrivons au terme de ce long cheminement. Les élections approchent, les Kanak sont en mesure de rassembler un grand nombre d’électeurs. Le fait est, ils ne se sont pas tombés dans le piège tendu par l’État. Car, c’était bien de cela qu’il s’agissait, lorsque le gouvernement avait refusé de transférer les cinq derniers domaines de compétence. A l’époque, la France espérait que les Kanak seraient incapables de mener à bien cette première étape d’émancipation et feraient preuve d’irresponsabilités dans le cadre du débat démocratique.

Or, je le répète, nous sommes d’ores et déjà à 23 élus et nous devons atteindre les 3/5e du Congrès dans un an. L’enjeu est primordial. Alors, bien sûr, il y a des Kanak qui votent aujourd’hui pour la droite et ce seront probablement les plus difficiles à convaincre. Mais, dans le sens inverse, il y a également des non Kanak favorables à l’indépendance et ce, dans une proportion bien plus importante.Une réalité que l’on ne dit pas assez. (source: http://www.newsring.fr)

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La Nouvelle-Calédonie indépendante, nous demanderons à la France de rembourser ce qu’elle a pris en Kanaky durant la colonisation

Nous sommes convaincus que les Kanak peuvent négocier leurs interdépendances en tant que nation avec les autres pays. Mais pour cela, il faut que nous soyons de nationalité kanak afin que l’on puisse traiter d’égal à égal avec la nation française. C’est ce qui s’est passé avec un certain nombre de pays du Pacifique et notamment, le Vanuatu qui obtenu son indépendance sans effusion de sang. Et pourquoi si facilement? Parce que ce territoire n’avait plus d’intérêt pour les colonisateurs. Partant de là, pour quelles raisons la France reste encore chez nous? Pour deux raisons principales: primo, la Kanaky dispose de grandes ressources minières et en particulier, le nickel (environ un tiers des réserves mondiales) et secundo, l’île offre à la France un emplacement stratégique essentiel dans la région. Si nous en sommes encore là, ce n’est dû qu’à ces deux facteurs et rien d’autre.

Nous sommes plus que prêts pour l’indépendance

Or, dès notre indépendance proclamé, nous serons en mesure de signer des accords de coopération avec n’importe quel pays et ce, en fonction de nos intérêts propres. Voilà ce que craint par-dessus tout la France. Par contre, ceux qui essayent d’instiller la peur en déclarant que nous rétrocéderons d’emblée nos nouvelles compétences à la Nouvelle-Zélande ou à l’Australie, ceux-là n’ont qu’un seul but: nous discréditer et nous faire passer pour des irresponsables. Vaine tentative, puisque la réalité a démontré depuis longtemps le contraire. Ces dernières années, nous avons sans mal démontré nos compétences et affermi notre maturité politique. Nous sommes d’ores et déjà prêts à assurer notre développement économique et donc, asseoir notre souveraineté politique. De cela , je suis plus que convaincu.

Hier, nous étions des enfants qui n’avaient pas accédé aux grandes études; aujourd’hui, nous sommes des citoyens aptes à prendre leur destin en main. A titre personnel, je n’ai ni le bac ni même un BEPC mais je suis capable de faire l’analyse de la situation politique d’un pays qui revendique sa souveraineté. Et nous demanderons, une fois l’indépendance acquise, à la France de rembourser ce qu’elle a pris en Kanaky durant les années de colonisation. C’est inévitable. La France n’est plus en mesure de nous guider notre ligne de conduite, car nous avons été à la hauteur des défis politiques lancés depuis 1988. Un peu plus de vingt ans pour en arriver là. Comparé à toutes ces années de colonisation, on peut être légitimement satisfaits. Et nos enfants vont bientôt prendre la relève. Autant dire que nous sommes plus que prêts pour l’indépendance. Dans l’absolu, nous n’avons même pas besoin de ce référendum, on aurait juste besoin que la France signe notre indépendance afin que l’on prenne notre envol. Et entendons-nous bien, il n’y a pas que les Kanak qui pensent cela, bien d’autres ethnies en Nouvelle-Calédonie cautionnent notre démarche.

Un manque de volonté patent de la part de l’État français

Les Kanak représentent le peuple originel du pays et en tant que tel, nous avons accueilli les autres ethnies. Par contre, la France nous a colonisés pour des raisons économiques et militaires. Rien ne sert donc de noyer le poisson, le débat actuel est clair: on a hissé notre drapeau, on a signé les accords et nous sommes en passe d’être majoritaires au Congrès. La prochaine étape, c’est le transfert des domaines de compétence et puis, l’indépendance.

Au regard de cette situation, nous pouvons regretter le manque de volonté de la part l’État. Actuellement, ce dernier nous accompagne mal et ce, même dans le cadre des domaines de compétence déjà transférés. Les moyens humains et financiers ne sont pas au rendez-vous, ou mal répartis. De manière imagée, nous n’avons pas pas besoin de cinq ingénieurs sur place, mais seulement de deux qui formeraient nos gars. Ce ne sont pas les étudiants qui manquent sur l’île et pourtant, ils n’ont jamais de débouchés. A titre d’exemple, lorsqu’un directeur de l’aviation civile débarque chez nous, c’est toujours un blanc, jamais un Kanak. Mais ça, c’est fini. Nous exigeons désormais que l’adjoint soit un Kanak et qu’au bout de deux ans, le Parisien rentre à Paris afin de libérer la place à ce dernier. Et c’est de cette manière que les Kanak se retrouvent petit à petit aux postes clés du pays. Arrêtons de nous baratiner, la France – pays colonisateur – doit respecter les principes fondamentaux prônés par la démocratie. Elle a le devoir de nous accompagner afin de recouvrer sa dignité de pays démocratique, elle qui se revendique «pays des droits de l’homme».

Salut Monsieur le Président de la République, vive la Kanaky!

Une chose est sûre, gauche ou droite, nous n’avons jamais eu totalement confiance dans le gouvernement ; les Français nous ont trop longtemps pris par des imbéciles ! Aujourd’hui, nous ne sommes plus dupes, nous sommes majeurs et vaccinés. Nous savons où nous allons et ce, de manière pleinement responsable. Crise économique oblige, Paris a déjà coupé, en partie, les robinets et sans que, cela pose trop problème en Nouvelle-Calédonie. Nous avons les ressources économiques suffisantes pour assurer notre liberté. En d’autres mots, il n’y a plus rien à négocier, nous n’avons plus besoin de la France. Un constat que ce pays a d’ailleurs entériné dans les accords de Nouméa.

Pas besoin donc d’aller cher midi à quatorze heures, nous arrivons au bout et si nous crevons sur la route, nous aurons déjà parcouru quatre-vingt dix pour cent du chemin. Nos enfants n’auront aucun mal à boucler les dix pour cent restant. Aujourd’hui, nous avons besoin de François Hollande pour conclure ce processus démocratique, mais ensuite… Ce sera : «Salut Monsieur le Président de la République, vive la Kanaky!» (source: http://www.newsring.fr)

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Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »