5 mn avec Dominique Pierre Mariotti (3)

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La conquête du séjour paisible: Le philosophe Grec Epicure, il y a plusieurs millénaires, enseignait à ses disciples regroupés en communauté appelés jardins, que la vie est un contrat. Les haines, les injustices, les guerres ont pour origine le non-respect des clauses pourtant « librement » acceptées par les contractants. Certains signataires de l’Accord de Nouméa ne pas renient-ils, sans état d’âme,  ouvertement leurs signatures depuis qu’ils ont perdus le pouvoir ? Ces menteurs ont tous les visages, toutes les couleurs et il y en existe une variété infinie. L’état kalédonie en construction est une terre fertile pour ces « délinquants relationnels » comme les nomme Michel Onfray.

Si nous voulons la paix et retrouver le séjour paisible, donc mettre un terme à la guerre commencée par d’Ataï, il faut en finir avec la colonisation qui veut que l’offensé ( celui qui plante les cultures ) demande pardon à l’offenseur ( celui qui possède les animaux qui mangent les cultures). Mais, la colonisation  n’excuse pas tout. Attiser le feu de la discorde en désignant des ennemis imaginaires rapporte gros, très gros même et bien au-delà de ce qu’imagine le citoyen lambda. On peut constater que les fortunes colossales acquises par l’obtention de prébendes de l’état ou par l’exportation de minerai sont toujours actives. On cherche en vain par exemple les structures d’intêret général créée par ces milliardaires de l’import export d’hier et d’aujourd’hui que sont par exemple, les fondations caritatives ou culturelles, les instituts scientifiques ou de formation. Ces calédoniens  qui sont statistiquement les deuxièmes  investisseurs internationaux sur la Gold Coast derrière les Russes. Le montant total des sommes s’évadant du pays est de : deux milliards CFP en 2007 pour ne citer que l’Australie.  Pendant les travaux les affaires continuent ! Les actionnaires de  certaines entreprises en position de monopole qui doivent pourtant leurs dividendes florissants aux lois votés par les élus du pays au congrès leur accordant  protections douanières et  quotas nécessaires à leur survie, et ce, au nom de la création et de la protection d’emplois locaux. Ces entreprises dont le marketing appellent le citoyen consommateur à acheter Kalédonien refusent souvent d’appliquer aux autres le principe qui fonde  leur prospérité. Inutile d’évoquer ici la grande distribution, elle fait assez parler d’elle, et de ses pratiques.

Pendant ce temps, la population dans son ensemble assiste impuissante à la flambée des prix et voit diminuer inexorablement  son pouvoir d’achat d’années en années. Nos vieux ont travaillé dur au quotidien pour créer leur case, leur maison, leurs champs, leur station. Ils ne roulaient pas en 4 x 4, ne possédaient pour la plupart pas de chevaux, mais, marchaient à pieds. C’est à nous, les descendants de continuer le Waké, le Travail de ceux qui nous précédés sur cette terre. Il y a ceux qui râlent, ceux qui parlent, ceux qui profitent de leur citoyenneté et il y a ceux qui agissent. Maintenant que nous sommes débarrassés de l’ancien régime, c’est au peuple Kalédonien, au 72% qui ont ratifié l’accord de faire entendre leurs voix électorales. Les nouveaux migrants sont aussi concernés. Pour  pouvoir accueillir quelqu’un et lui faire une place, il faut un chez-soi. Plus l’affaire traînera, plus longtemps il faudra attendre pour pouvoir accéder à la citoyenneté. A Paris quel que soit le parti au pouvoir, le dossier Accord de Nouméa et sont application sont à l’ordre du jour. Pour le  Gouvernement Français, l’enjeu est d’importance, soit cela fini en eau de boudin avec rapatriés, boat pepeole ou situation de partition à la coréenne avec casques bleus, et l’image internationale de la France en sortira ternie. Film catastrophe que les décideurs parisiens ne veulent pas produire. Les mauvais scénarios  des précédentes superproductions Indochinoises et Algériennes n’ont plus la faveur des producteurs qui épongent encore les traces de ces bides retentissants au plan national et international. Soit c’est une décolonisation réussie, ce qui serait une première mondiale qui redorait le blason de la patrie des droits de l’homme et du citoyen qui en a bien besoin. Je rappelle pour ceux qui feignent de l’ignorer, que la kalédonie figure toujours sur la liste des pays à décoloniser et  que l’ambassadeur de l’Etat Français auprès de l’ONU est régulièrement convoqué pour rendre compte de l ‘avancée du processus d’autodétermination en cours. C’est pourquoi l’accord de Nouméa sera appliqué jusqu’au bout, avec à terme la création d’un Etat dans un avenir plus ou moins proche, et  ce, malgré les menteurs professionnels, jouant sur le registre de la peur de l’autre. La tâche est ardue pour tout le monde, mais il n’existe aucune autre issue. La rupture prônée par Nicolas Sarkozy signifie réforme. En Kalédonie, il faut aussi réformer pour faire disparaître les traces de la colonisation encore présente aussi bien dans la gestion du Pays que dans les esprits. Cette rupture ne signifie nullement la renégociation de l’accord de Nouméa, comme l’attestent toutes les déclarations émanant du gouvernement Français. Ceux qui entretiennent le flou artistique autour de ce concept commettent « une escroquerie politique ». Les élections provinciales de 2009 sont vitales pour l’avenir.

Il faut en finir avec les sectarismes ethniques fondés sur la haine et le rejet de l’autre, le pays est devant nous et ne se fera qu’ensemble. Les partis qui regardent dans le rétroviseur droit ou gauche risquent la sortie de route. Les « délinquants politiques et sociaux » ne disparaîtront pas une fois la construction du pays achevée, ils perdront leur pouvoir de nuisance et retrouveront leur place d’épiphénomène périphérique commun à tout regroupement humain. En 2009 Personne n’aura la majorité absolue au congrès.  Les partis politiques seront donc contraints à des alliances. En province sud, la quasi-disparition du FN du devant de la scène politique lors des municipales prouve que la grande majorité des « victimes blanches » de la colonisation ne conteste plus l’accord conclu en 1998. Maintenant que l’Avenir ensemble n’est plus un regroupement de force disparates où l’on se distribue les postes entre leaders, mais s’est mué en vrai parti politique avec une base qui sait se faire entendre et respecter. Le prochain président, on peut l’espérer, sera celui d’une ligne claire et lisible pour ses électeurs potentiels. Marie Noëlle Témereau sera peut-être la cheftaine du troupeau. Mais les militants, toujours eux, ne sont pas prêts d’accepter une candidature inique si elle est unique. Du côté des partisants d’un Etat choisissant ses interdépendances, l’heure est tout aussi grave avec l’arrivée réussie du nouveau venu qu’est le parti travailliste. Un parti dont les jeunes cadre comme Georges Mandaoue souhaitent en faire un parti pays ouvert populaire aux couleurs du peuple. Le pays parle, le pays palabre. Dans le Sud, le ticket Sarkozy- Gomès et Barak Obama-Gambey a toutes ses chances si chacun respecte sa poignée de main et la parole donnée.  Mais attention au RUMP dont les dernières prises de positions téléguidées par Paris sur le drapeau et l’Union Française qui fut l’antichambre des indépendances africaines prouvent qu’eux aussi savent très bien à quoi s’en tenir sur l’avenir du pays. Un parti schizophrénique qui aura bien du mal à concilier les aspirations d’un électorat conservateur et en partie tricolore jusqu’au slip avec les réalités politiques incontournables des rendez-vous parisiens. Le Rump chasse donc maintenant sur les terres de l’Avenir ensemble. En 2009 l’électeur aura le choix entre l’original Avenir ensemble et la pâle copie qu’est devenu le parti de pierre Frogier.

Oui, il y aura Etat Kalédonie, il faut arrêter de mentir à tous les résidents et habitants de cette terre. Le pays parle, le pays palabre. Le dialogue sans  mission et ses espaces d’expression du destin commun partagé  est  déjà la réalité quotidienne d’une majorité du peuple Kalédonien. La sphère économique syndicats compris souhaiterait bien  parler ouvertement des sujets qui fâchent et des solutions possibles. Mais, pour cela, il faut, c’est impératif, que ce dialogue s’instaure aussi en politique. La prochaine mandature sera décisive et le dialogue compliqué si le RUMP qui a une revanche à prendre revient au pouvoir en province sud. Les partis dits indépendantistes l’on fait savoir  lors de l’élection de Pierre Frogier au perchoir du congrès. Ils exprimaient leurs regrets de voir le dialogue s’interrompre et exprimaient leurs craintes du rapprochement qu’était l’accord-cadre, des indépendantistes, d’autant plus inquiet que les rapports de force au sein de toutes les institutions du pays n’avaient pas variées. L’UMP France de Sarkozy qui a pris une bonne débourrée aux municipales n’a pas modifié pour autant son gouvernement. Je n’ai  entendu dire nulle part, qu’un accord-cadre avec les socialistes était dans les cartons. Le consensus sur la création d’un futur Etat Kalédonie est le préalable pour s’attaquer au dossier majeur qu’est le foncier. Il faut nous unir pour pouvoir livrer le vrai combat du XXI siècle.

Protéger la terre donc l’homme d’une disparition programmée. Notre pays avec sa diversité ethnique, religieuse, sa biodiversité encore méconnue, ses projets d’usines, l’arrivée des multi nationales dans le nickel, ses besoins en énergie, ses flux migratoires pas vraiment encore « choisis », sans oublier ses problèmes sociaux et environnementaux, le tout  concentré sur un tout petit espace peu habité de la planète sont de formidables atouts pour que la Kalédonie soit le laboratoire d’un monde qui cherche une issue au désastre écologique annoncé par les experts internationaux. La conquête du séjour paisible a commencé. Les Poindi se rassemblent  armés du casse tête respect, de la lance tolérance et chantent : oh résistance ! oh résistance ! Nîmîrï – Tôhîmiri – Mê Weharii – Bâ Gôôhiri – Na–Numa, ce qui peut se traduire du adjié en français par : se préoccuper – faire ( dans le sens de bien faire) – et préserver – et déterminé dans le coeur.

Dominique pierre Mariotti – Citoyen kalédonien – Citoyen du monde

*La conquête du séjour paisible est le titre du dernier livre de la trilogie des contes de poindi de Jean Mariotti

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Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »