Il y eut Londres, il y a maintenant l’île Ouen. Pierre Frogier est entré en résistance ! Il a lancé son appel sur les ondes de RRB, il se veut guerrier, combattant, résistant et le voilà, l’étendard élevé, en guerre contre le monde entier, le voici maquisard prêt à faire dérailler le train de la Calédonie en marche. On en sourirait, si cela n’était pas dramatique. Le nouveau discours du président du Rump tient en un mot : « le combat ». C’est psychologiquement déroutant cette manie qu’a Frogier de vouloir endosser les bottes de Jacques Lafleur ! Naguère il voulait entrer dans l’histoire comme l’homme de la paix définitive, puis comme l’homme du 3ème accord et le voilà qui tente un nouveau coup en voulant apparaître comme le dernier rempart. Le vocabulaire guerrier dont il use désormais, tendrait même à faire croire qu’il regrette le temps où l’espoir vacillait dans le ciel calédonien !

Mais personne n’est dupe. Frogier ne résiste qu’à l’usure du temps et aux rendez-vous électoraux, auxquels il ne participe pas, mais qui sanctionnent avec une régularité mortelle, son parti et ses candidats. Frogier ne résiste pas, il s’oppose et il le fait sans hauteur ni projet, comme un enfant boudeur, croyant que parce qu’il parle fort et gesticule, il va emporter l’adhésion. Frogier ne comprend plus les Calédoniens, pour peu qu’il ait eu un temps l’envie de les écouter. Il y a belle lurette qu’il est coupé du pays réel, ce qui le condamne à orienter son discours dans de nombreuses directions.

Parce qu’il nous en aura fait voir, Frogier depuis toutes ces années et même ses plus fidèles s’y sont parfois perdus ! Ça n’est plus une girouette, c’est le vent. Il s’est désengagé de l’accord, il voulait purger l’indépendance, il a monté la coalition et puis les deux drapeaux, il a flirté avec l’idée d’indépendance-association et le voilà maintenant telle sœur Anne, guettant la poussière du retour de Sarkozy pour faire un sort à la Calédonie. Cet homme est épuisant !

Mais à avoir trop souvent changer d’idées, on ne croit plus en aucune et Frogier n’a plus d’autre plan que de tenir encore un peu. Il ne résiste que pour lui… Mais comme à chaque fois, il en a été ainsi de la purge comme des deux drapeaux, ses discours recèlent des risques et des dangers. Quel est le sens de la résistance à laquelle nous appelle Frogier ? La posture est équivoque, lui qui, avec les deux drapeaux, est allé volontairement et sans qu’on ne lui demande rien, aux confins du compromis. Frogier n’omet qu’une chose, c’est que la somme de ses erreurs fait de lui l’homme politique auquel les Calédoniens font le moins confiance. Son crédit est nul et la seule mention de son nom suffit à déclencher les lazzis… Pas facile dans ses conditions de faire Arcole !

Il y a aussi dans cette attitude va-t’en guerre adoptée dans le contexte de la dernière mandature, le risque de jouer les apprentis sorciers en refaisant de la Nouvelle-Calédonie, un enjeu de politique générale. On sait tout le mal que cela nous a fait par le passé, le président du Rump devrait peut-être y réfléchir à deux fois ?

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"