Interview de Valérie Fourneyron

Valérie Fourneyron, la ministre des sports et de la jeunesse, en visite pour deux jours sur le caillou, a bien voulu accepter de répondre aux questions de Koodji-TV avant son arrivée. Elle participera ce week-end à la seconde conférence de la jeunesse et des sports du Pacifique et rencontrera à cette occasion les ministres de la zone Pacifique.

Journaliste : C’est votre première visite officielle en Nouvelle-Calédonie. Quelle image avez-vous de notre territoire?

VF : Je n’ai jusqu’à ce jour qu’une idée imagée de ce territoire qui fait tant rêver, puisque je n’ai jamais eu l’occasion de le visiter. Riche par sa diversité, il a des caractéristiques singulières et uniques. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la Nouvelle-Calédonie a récupéré de larges compétences sur des champs d’action importants tels que la jeunesse ou les sports par exemple.

En repartant demain, je ne pourrai pas dire que je connais la Nouvelle-Calédonie mais je suis sûre que ces quelques heures me donneront terriblement envie de revenir !

Journaliste : Vous êtes venue participer à la 2ème conférence de la Jeunesse et des Sports du Pacifique. Quel message allez-vous apporter aux différentes délégations ?

VF : Comme vous pouvez l’imaginer, en tant qu’ancienne médecin du sport et ministre chargée des sports, je suis évidemment très sensible au thème de cette Conférence, « le sport comme outil au service du développement économique et social du Pacifique ». Je suis convaincue de sa réelle utilité notamment pour la santé, l’inclusion sociale ou encore l’éducation. Je travaille d’ailleurs dans ce sens depuis un an et demi, que ce soit dans la lutte contre le dopage, le soutien aux initiatives misant sur le sport pour réinsérer, l’emploi sportif, la réduction des inégalités d’accès à la pratique physique et sportive et aux infrastructures.

Alors je suis particulièrement heureuse de rencontrer les jeunes de tout le Pacifique qui participent à cette Conférence. Heureuse et impatiente de connaître le fruit de leurs réflexions et de découvrir leurs projets pour promouvoir le sport comme outil de développement.

Aux 800 jeunes présents : soyez audacieux, soyez curieux et ambitieux ! Votre démarche et essentielle et je suis avec vous à 100% !

Journaliste : 29% des habitants du territoire sont licenciés sportifs contre 24% en métropole et vous savez que le rééquilibrage est au cœur du processus de l’accord de Nouméa. Le sport peut-il selon vous être un moteur de ce rééquilibrage entre les provinces, si oui comment?

VF : Je sais qu’en Nouvelle-Calédonie le sport rassemble les populations, donne des cadres et des repères identiques, quels que soient la culture, l’origine ou le lieu de vie. Le sport est par essence porteur de valeurs fortes de tolérance, de respect et d’ouverture à l’autre.

La Nouvelle-Calédonie offre à ses habitantes et ses habitants la possibilité de pratiquer une large palette de sports de nature dans un cadre privilégié, mais aussi des sports « classiques » grâce à des infrastructures de très bon niveau. Il est indispensable que toutes les populations puissent continuer à accéder de la même manière à la pratique, ce qui est déjà un gage de rééquilibrage social. Mais il est aussi question du rééquilibrage géographique. La province sud a toujours connu un développement important, ce qui est également le cas pour la province nord autour de Koné. Une attention toute particulièrement sur la province des îles devrait donc permettre de satisfaire plus efficacement les besoins des populations. Il revient au mouvement sportif aussi de travailler dans ce sens. Et en tant qu’élue locale, je sais combien les collectivités sont au cœur des réussites de tels défis.

Journaliste : La Calédonie est confrontée à un mal-être d’une partie de sa jeunesse. Vous êtes également ministre en charge de ce secteur. Or dernièrement, vous avez présenté un plan “priorité jeunesse”. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ? Les jeunes calédoniens pourront-ils en être bénéficiaires?

VF : La « Priorité Jeunesse » découle de la promesse de campagne du Président de la République qui avait formulé l’ambition de voir les jeunes vivre mieux en 2017 qu’en 2012. En tant que ministre chargée de la jeunesse, j’ai la responsabilité de coordonner cette priorité en interministériel mais aussi avec les acteurs de la jeunesse et les collectivités locales. L’objectif est multiple : changer la vision de la société sur la jeunesse en brisant les clichés et en lui donnant une véritable place dans le débat public ; mettre en œuvre une politique publique de la jeunesse nouvelle génération, transversale, concrète et durable, pas seulement pour mais surtout avec les jeunes ; accompagner tous les jeunes dans leur parcours d’autonomie en privilégiant le droit commun dans leur accès aux droits sociaux. C’est une véritable révolution au plus haut niveau de l’Etat puisque de la co-construction naît un projet volontariste et ambitieux pour les jeunes. J’invite d’ailleurs tous vos lecteurs à consulter les propositions issues du premier Comité interministériel de la Jeunesse (CIJ) de février dernier sur www.jeunes.gouv.fr. Le deuxième CIJ qui se tiendra début 2014 permettra de faire un point d’étape sur les chantiers et d’aller encore plus loin pour faire avancer la condition des jeunes.

Je travaille depuis le début avec le Forum Français de la Jeunesse qui regroupe 19 organisations de jeunes. Mes collègues ministres, ainsi que le Premier ministre, ont pris le réflexe de les associer aux travaux pour bâtir les politiques publiques qui les concernent. Cette volonté de collaboration s’étend par ailleurs à tout le territoire : le CIJ s’est décliné dans la plupart des régions pour suivre la mise en œuvre des mesures. Je souhaite que la réflexion et les plans d’action soient partagés avec les acteurs locaux et les collectivités territoriales. Pour la jeunesse, je vous l’assure, c’est une première !
J’espère que la Nouvelle-Calédonie, qui détient la compétence jeunesse, ira dans le même sens, celui de l’efficacité et de la concertation constructive. L’organisation de cette 2e Conférence de la jeunesse et des sports du Pacifique est déjà un signal fort et concret de la volonté du territoire de prendre ce chemin. Nous sommes au rendez-vous pour vous accompagner.

Journaliste : Une question facile: selon vous qui va gagner les prochains jeux du Pacifique de 2015 ?

VF : La Nouvelle-Calédonie bien sûr ! Je suis persuadée que les Calédoniens sauront à la fois apporter la victoire et donner une belle image de l’île, de ses habitants et de la France. Le mouvement sportif calédonien est fort et talentueux, j’y crois ! Mais la concurrence est rude, car qu’il s’agisse de la Nouvelle-Calédonie, de Wallis et Futuna ou de la Polynésie Française, nous regorgeons de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer.