La dernière campagne d’harold

24
3828
paita2014-Harold Martin

paita2014-Harold Martin

Harold avait donc quelque chose à nous dire et nous l’avons entendu. On ne retiendra pas les invectives lancées aux apprentis-sorciers, pas plus que les appels du pied au FLNKS dans la perspective d’un second tour, et à peine qu’il est à nouveau candidat à la mairie de Païta… Non, ce que l’on a retenu du discours d’Harold au dock socio-culturel, c’est qu’il est un élu aux abois.

Harold est trop fin politique pour n’avoir pas compris dans quelle nasse il se trouvait. Il sait bien, car il connaît les foules, que ce 8 février, dans les quelques centaines de personnes qui lui faisaient face, il y en avait bien peu d’habitants de Païta même. Ce qui peuplait les travées du dock, c’est ce que le Rump avait mobilisé comme il le pouvait de ses militants du Mont-Dore, de Dumbéa et de Nouméa ! Cela trompe sans doute la presse présente ce jour, mais pas Harold…

Harold n’a pas oublié combien il avait ri de Jacques Lafleur se félicitant avant le crash de 2004 du ralliement à sa cause de ce pauvre Gonnet de Boulouparis. Et Harold est trop fin politique pour ne pas comprendre qu’il vient de faire de même avec le ralliement de ce pauvre Selephen ! Lorsqu’à l’aune d’une campagne, on en est là de ses satisfactions et de ses glorioles, c’est que l’on a vraiment touché le fond…

Harold est trop fin politique pour ne pas ignorer que son avenir est conditionné par son sort à Païta. Pour cette aventure dans laquelle il vient de s’engager, il lui faudra faire plus fort, aller plus loin, oser plus de choses que dans toutes les campagnes qu’il a conduit depuis trente ans ! Mais l’on connaît notre Harold et l’on n’ignore rien de ses capacités à s’assurer du soutien de ceux-ci ou de ceux-là. Ne vient-il pas de piéger tous ces pauvres candidats du Rump qui depuis plusieurs mois tentaient de faire oublier qu’ils avaient pu avoir eu un lien avec la levée du drapeau du FLNKS ? Ils devaient avoir fière allure ce 8 février les Cynthia, George, Éric et Gaby lorsqu’ils ont entendu Harold glorifier ce contre quoi une majorité de Calédoniens s’est élevée en juin 2012… Harold leur a recollé le truc alors qu’ils pensaient bien en être débarrassés. Et en plus, ils ont dû l’applaudir… Quel dommage que la télé ait cru bon de ne pas venir, les images auraient été formidables !

Harold est trop fin politique pour ne pas savoir que cette fois, ça n’est pas avec du vinaigre qu’il attrapera les électeurs. Mais Harold est un philosophe et lui aussi lance un pari… Celui que les électeurs de Païta, dont il a déserté les rues, les quartiers, les tribus depuis belle lurette, vont croire que comme il l’affirme pour qualifier son action et sa gestion communales : c’est « mission accomplie » ! Il parie que les électeurs calédoniens, au cas où Harold aurait encore un destin pays, vont croire que comme il l’a proclamé, c’est sa dernière campagne !

Harold sait bien que lui et ses amis du Rump tirent là leurs dernières cartouches. Il sait aussi que cette armée de Bourbaki n’a plus à opposer que des pétards mouillés et qui vont faire long feu. Comme il lui était impossible de se dérober, alors il y est allé… À reculons, parce qu’Harold, fin politique, sait que cette fois : c’est vraiment mal parti !

Caton

PARTAGER
Article précédentApartés
Article suivantGrosse baisse de moral, la Calédonie me manque
Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"