Provinciales : les “in” et les “out”

Baromètre des provinciales, le résultat des élections municipales indique qui des personnalités politiques ont gagné ou perdu leur place sur les futures listes. Tour d’horizon de ceux qui en seront et de ceux qui auraient aimé y être.

« Y penser toujours, n’en parler jamais » Les provinciales sont en Nouvelle-Calédonie ce que l’élection présidentielle est au plan national : l’élection reine autour de laquelle s’articulent tous les enjeux politiques du territoire. Si aucune personnalité ne les a évoquées durant la campagne – ou si peu – toutes ne songeaient qu’à elles : les provinces, c’est le congrès. Le congrès, c’est le gouvernement. La prise d’une mairie au camp adverse est l’assurance d’être sur une liste provinciale et de faire partie du jeu. Selon la taille et l’importance de la commune c’est la possibilité de figurer en position éligible. En revanche, la perte d’un bastion hypothèque sérieusement celui ou celle qui rêvait d’être élu au congrès. 48 heures après les résultats, on peut dresser la liste des “In”, qui en seront et des “Out” qui devront vraisemblablement passer leur tour.

Les heureux “in”

Si quelques semaines avant le scrutin, la place de Gilbert Tyiuenon ne semblait pas acquise sur la liste de l’UC en province Nord – Daniel Goa ayant publiquement exprimé des doutes à son sujet – sa victoire dès le 1er tour à Canala lui assure maintenant le soutien de l’Union Calédonienne. Du côté de Paita, les deux finalistes Frédéric de Greslan et Harold Martin ont chacun démontré leur poids électoral, leur parti respectif ne pourront pas faire sans eux. C’est aussi le cas de Gil Brial, désormais dans l’opposition au sein du conseil municipal de Dumbéa. En Province Nord, la surprenante performance de Yasmina Metzdorf, élue à Poya, lui permettra de se propulser en bonne place sur la liste d’union loyaliste.

S’agissant des îles loyauté, le succès de Boniface Ounou à Ouvéa plaide en sa faveur pour tirer la liste du mouvement de Paul Néaoutyine dans cette province à majorité indépendantiste. Son adversaire Simon Loueckhote, fort de son bon score dans cette même commune aura lui aussi la légitimité de mener une liste sur les îles. Pour autant, selon un journaliste de la place, étant donné les forces en présence « même avec une union des loyalistes, Loueckhote a peu de chance de faire des élus »

Les tristes “out”

De toute évidence, suite à sa défaite, l’ex premier-adjoint au maire de Nouméa a perdu la légitimité politique pour conduire la liste de l’UCF en province Sud. La campagne commençant dans quelques jours, Gaël Yanno va rapidement devoir choisir qui conduira la liste de son mouvement en mai prochain. Bernard Marant n’aura pas se privilège. Son deuxième échec consécutif sur Dumbéa sonne, selon toute vraisemblance, son retrait de la vie politique.

A Bourail, l’échec de Patrick Robelin fragilise sa position. Nul doute que du côté de l’état-major de Calédonie Ensemble, le fait que deux Bouraillais sur trois n’aient pas voté pour lui hypothèque sérieusement ses chances aux provinciales. Le Rassemblement ne doit pas penser autre chose du sénateur-Grand Chef Hilarion Vendegou : la perte de l’île des Pins le disqualifiant de facto. Ne voulant pas subir le même sort, Jean-Claude dit « Gaby » Briault essaierait depuis sa défaite sur Nouméa de sauver ce qui peut l’être, au grand désarroi de plusieurs élus du R-UMP qui préfèreraient le voir jeter l’éponge. L’un d’eux expliquant à qui veut bien l’entendre que « malheureusement, notre Giuliani local n’a certainement pas dit son dernier mot »

Celui qui a décidé d’être “in”

Fort de l’ensemble de ses échecs depuis ses quatre dernières années, après avoir perdu deux députés, deux mairies, un quart de ses élus, un tiers de ses électeurs et environ 90% de sa côte de popularité auprès des Calédoniens, le sénateur Pierre Frogier vient d’avoir une nouvelle idée. Selon un cadre de son parti, le président du Rassemblement a tout récemment décidé de se représenter aux provinciales, en position éligible. Il laissera toutefois la tête de sa liste à Cynthia Ligeard, une fidèle parmi les fidèles qu’il avait placée d’autorité à la présidence de la province Sud il y a deux ans. Jugeons que d’ici quelques jours, l’annonce de sa présence sur la liste du Rassemblement-UMP ne manquera pas de faire réagir le monde politique.