Nouvelle-Calédonie : à quoi sert l’ONU ?

Depuis 1986, la Nouvelle-Calédonie figure sur la liste des pays à décoloniser. Et depuis 1986, la majorité loyaliste se méfie comme de la peste de ce que le général de Gaulle qualifié de « machin ». Mais finalement, qu’est-ce que ça change ?

Le dossier calédonien est traité par deux instances onusiennes : le Comité des 24 et la 4ème commission. Cette dernière est chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation pendant que le Comité des 24 est chargé d’observer et de promouvoir le processus de décolonisation de certains territoires. C’est le terme « décolonisation » qui est source de malentendus, car quoi que veuillent nous faire croire les indépendantistes, la décolonisation ne conduit pas obligatoirement ou systématiquement à l’indépendance. Mais dans l’esprit des loyalistes, l’évocation du fait que l’ONU s’informe, encadre ou promeut le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie, a été, et est encore, insupportable. Or depuis 1988 et les Accords de Matignon, le pays est bien engagé dans un tel processus qui a de cela d’innovant que cette décolonisation a été acceptée par une majorité de Calédoniens (72 % en 1998 et l’accord de Nouméa), et accompagnée par la France via ses gouvernements de droite comme de gauche.

Les erreurs commises

Vis-à-vis de l’ONU, les uns et les autres ont commis de lourdes erreurs. Les loyalistes tout d’abord qui pendant des années, en particulier pendant l’ère Lafleur, n’ont pas usé de leur droit de pétitionner devant les Nations-Unies, une politique de la chaise vide préjudiciable aux partisans du maintien du pays au sein de la République Française. Les indépendantistes ensuite, persuadés que le Comité des 24 ou la 4ème commission vont adopter des positions favorables à l’indépendance et faire en sorte que cette décolonisation soit synonyme de pleine souveraineté. Or, sur ce point, la position de l’ONU est claire et connue : c’est la neutralité qui prévaut.

Et que préconise l’ONU ?

Le 21 mai 2013, le Comité des 24 a adopté une résolution relative à la question de la Nouvelle-Calédonie, qui recommande à l’Assemblée générale d’engager toutes les parties concernées à poursuivre leur dialogue dans le cadre de l’Accord de Nouméa. De manière très précise, cette résolution indique que « l’acte d’autodétermination n’exclurait aucune option et garantirait les droits de tous les secteurs de la population, conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa ». Dès lors, et c’est bien ce qui a été répété aux responsables calédoniens présents à New York la semaine dernière, l’ONU n’a ni l’intention, ni même le pouvoir, de sortir de cette position de stricte neutralité. Dans ces conditions, quelle médiation réclamée par l’UC pourrait-elle proposer ? Il n’est pas certain que l’organisation elle-même ait encore la réponse.