Les Calédoniens décideront si oui ou non ils souhaitent rester dans la République. En enterrant une solution consensuelle, le président de la République a prévenu que l’accord s’appliquera et qu’un référendum d’autodétermination aurait lieu d’ici les 4 prochaines années. Oui ou Non ?
« On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment » Cette adage du Cardinal de Retz, François Hollande en a fait l’alpha et l’oméga de sa vie politique. Une véritable ligne de conduite qui, finalement, l’a amené au plus haut sommet de l’Etat. Comme le lui reprochent tous les observateurs, et les Français en général, il est toujours difficile de connaitre les avis et les choix de celui qui occupe depuis maintenant deux ans et demi le palais de l’Elysée. Sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie il a donc distillé des informations sur sa préférence comme autant de petits cailloux sur le chemin de sa visite calédonienne.
C’est fini la solution consensuelle ?
C’est le point le plus clair et il a été longuement évoqué par les médias. L’Etat ne veut pas de troisième accord dit de « solution consensuelle » Mais en revanche est favorable à une consultation (qu’il ne nomme jamais comme étant d’autodétermination). Tout juste évoque-t-il une consultation sur « des questions qui puissent rassembler » tout en faisant « respecter la parole de la France qui est dans les Accords de Matignon et dans l’Accord de Nouméa ». Ainsi contrairement à 1988 et 1998, le choix bientôt proposé aux Calédoniens ne portera pas sur une nouvelle solution qu’ils devraient accepter ou non. Mais ira-t-on alors vers les questions établies en 98 ?
Kézako la question ?
A partir des différentes interventions du président de la République, on peut d’ores et déjà pronostiquer que la question posée ne sera pas exactement celle évoquée dans l’Accord de Nouméa. Car, en tout cas, c’est ce que semble vouloir le chef de l’Etat lorsqu’il déclare :
[Il faut qu’il] puisse y avoir une consultation, mais sur des questions qui puissent rassembler, parce que si cette consultation doit diviser, elle permettra de trouver une solution, mais on sait bien qu’il y aura de la frustration, chez les uns, chez les autres. Donc, pendant trois ans, on doit travailler, l’État doit accompagner, doit faciliter, doit aider (François Hollande)
Des questions qui puissent rassembler ? Mais lesquelles ? Très prudemment, François Hollande a évoqué par trois fois durant son séjour « un projet de société » à définir entre responsables Calédoniens.
Il faut que la société Calédonienne trouve, par elle-même, les solutions pour son avenir. Elle doit définir un projet (…) ce sera la question qui sera posée aux Calédoniens : qu’est-ce que l’État gardera comme compétences et comme prérogatives, ici, en Nouvelle-Calédonie ? (François Hollande)
Selon le président de l’Union Calédonienne, cette approche correspond à celle de son mouvement qui souhaite proposer « un projet d’indépendance » à ses partenaires du FLNKS puis aux Calédoniens. De même, c’est ce que le porte-parole de Calédonie ensemble a déclaré lors d’une conférence de presse :
Il nous invite à construire, notamment, un projet de société ensemble et ça renvoie (…) à un référendum éclairé qui assoira des perspectives différentes sur l’avenir institutionnel, à un projet de société qu’on pourrait partager tous ensemble (Philippe Dunoyer)
De là à conclure que la question posée puisse être un choix entre une « Calédonie indépendante » et une « Calédonie dans la République », il n’y a qu’un pas que les commentateurs n’ont pas encore effectué. Car selon les propos du président de la République, on se dirige bien durant ces trois prochaines années vers l’élaboration de ces deux projets de société.
Quand est-ce qu’on vote ?
C’est sur le sujet que François Hollande a été le plus précis. En effet, à deux reprises il a déclaré que si une solution « autre » n’était pas trouvée, alors « le droit s’appliquera ». Autant dire que les calédoniens seront alors appelés aux urnes durant le second semestre 2018 pour répondre aux trois questions posées par l’accord de Nouméa (nationalité, compétences régaliennes et représentation internationale). Raison pour laquelle, par trois fois, le chef de l’Etat a déclaré que la question serait posée « au plus tard en 2018 ». De quoi supposer que l’Etat voudrait secrètement que la consultation ait lieu un peu plus tôt…
Comment qu’on saura c’est quoi qui s’passe ?
Si comme cette analyse le suppose, François Hollande est partisan de modifier les questions de l’accord de Nouméa pour transformer la consultation en vote d’autodétermination basé sur deux projets de société – indépendance/non-indépendance – il est alors nécessaire que deux critères soient remplis :
D’une part il faut (et ce n’est pas le plus simple) que les mouvements politiques locaux s’accordent sur l’élaboration des deux projets. D’abord dans leur propre famille politique (indépendantistes et loyalistes) et ensuite face à leurs adversaires pour que le résultat du vote soit « indiscutable ».
D’autre part, il est primordial de modifier la lettre de l’accord de Nouméa et donc la constitution Française. Il faudra donc que le parlement (assemblée + sénat) se réunisse et qu’une majorité des parlementaires approuve cette modification. De plus, il faudrait que cette modification s’effectue avant 2018. François Hollande étant en mauvaise posture pour effectuer un second mandat, il pourrait convoquer le parlement dans le courant de 2016 afin de forcer son successeur à mettre ensuite ses pas dans les siens concernant le dossier calédonien.
Qui qu’est pour ?
Au plan national, l’UMP et le PS semblent s’être mis d’accord pour parler d’une seule voix quant à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. A l’instar de ce qui s’est produit lors du vote du gel électoral il est plus que probable que les deux grands mouvements voteront dans le sens de la proposition du gouvernement français.
Calédonie ensemble est pour, puisque c’est en partie sa proposition. Pour l’instant l’UC de Daniel Goa semble enthousiaste à l’idée d’ébaucher un « projet indépendance ». Reste à savoir comment elle réagira à la lecture du « projet loyaliste »… Du côté de l’UCF, il y a fort à parier que Gaël Yanno suivra le leadership de Calédonie ensemble même s’il devrait au moment opportun émettre de « forte réserve » comme il en a désormais l’habitude.
Qui qu’est contre ?
L’UC de Roch Wamytan est farouchement contre, tout comme le RUMP de Pierre Frogier. Pour les deux hommes, c’est à l’Etat de se positionner et non aux Calédoniens de décider, en tout cas c’est ainsi qu’ils ont défendu leur position dans les Nouvelles Calédoniennes :
Qu’est-ce que c’est qu’un référendum ? C’est consulter la population (…) Mais je ne veux pas de scrutin d’autodétermination (…) Il nous a dit, en gros, débrouillez-vous, et ensuite la France sera là si vous en voulez. Le chef de l’Etat est en train de se défausser sur les Calédoniens, il n’y a rien de pire (Pierre Frogier)
« Il a chargé les gens du pays de le faire alors que c’est à l’Etat de le faire. L’Etat ne peut pas se dédouaner de la sorte (Roch Wamytan) »
De fait, presque naturellement, ce sont les perdants des dernières élections qui ne souhaitent pas que les électeurs aient leur mot à dire, d’autant plus que l’UC de Roch Wamytan n’en a pas fini avec les listes électorales… Chauchat échaudé craindrait-il l’eau froide ?
ce qui va se passer a mon avis, c’est qu’a terme,nos politiques vont s’entendre pour que le référendum porte sur le transfert des compétences régaliennes tout en disant que la France les administrera pour la Calédonie pour les x décennies à venir.
Une question référendaire qui pourrait être libellée “Etes vous d’accord pour que le nouveau pays deviennent indépendant à la condition d’accepter le dévolution de ses prérogatives régaliennes à l’ancienne métropole colonisatrice” ???? Probablement dur à faire avaler à la frange indépendantiste … quoique séduisante …. à première vue.
C’est la délégation de souveraineté que proposait le RUMP en 2011, que va bientôt reprendre Gomès.
Ce sera la question du référendum :
Souhaitez-vous l’accession à la pleine souveraineté avec délégation de souveraineté ?
heu?????? souhaitez vous repeindre en blanc avec de la peinture noire? c’est cela ta question?Désolé .cet article nous sert encore une fois une version Gomesienne …..MAIS si on lit les ADN pour autant qu’ils aient encore une valeur quelconque , la seule question est voulez vous accéder à l’indépendance?point barre.
“délégation de souveraineté ” …………. QUOI???? t’es fou.
Indépendance,non indépendance,très large autonomie,état fédéré,solution consensuelle,on a l’impression de tourner en rond,et que chaques blocs restent sur leurs positions,il y a trop de conflits d’intérêts.
Même si c’est écrit dans l’ADN ,le tout est de pas se faire endoffer comme pour le corps électoral (qui de glissant est passé à figé grâce aux pleurs des indépendantistes dans le giron de Chirac!) Pace salute
Voici le texte originel :
“La consultation portera sur le transfert à la Nouvelle-Calédonie des
compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine
responsabilité et l’organisation de la citoyenneté en nationalité.”Il va bien falloir formuler une question, autant quelle soit simple : “Voulez vous que la NC soit indépendante ? OUI ou NON ? Tout le monde comprendra.
Un état fédéral, une petite nation dans la grande, tout ça ce n’est que des mots. La question importante est : quelles compétences resteront à l’état après le référendum ? Il n’en reste plus beaucoup, donc la frontière entre autonomie et indépendance est déjà très mince. Définir un projet de société signifie seulement définir la répartition des rôles entre l’état et la NC. Il me semble que l’ADN est déjà très clair sur le sujet.
C’est tout à fait ça !
Pour être plus clair, aucun des partis autonomistes ne souhait le transfert des compétences régaliennes, au moins sur ce sujet je pense qu’on est tous d’accord. Par contre je me pose la question sur la solution consensuelle de Frogier, il n’y a plus de concessions à faire aux indépendantistes, alors que va-t-il proposer en échange d’un troisième accord? On sait que le drapeau FLN en drapeau du Pays fait parti des “nouvelles concessions” le nom du Pays sera aussi un autre “cadeau” institutionnel, mais après, y’a quoi? L’Etat associé type îles Cook?
La question devrait même être : souhaitez-vous le transfert des compétences sur la monnaie, la défense, et les relations extérieures ? Si c’est oui l’affaire est pliée, si c’est non on peut commencer à discuter en partant sur de bonnes bases (on laisse ces compétences à l’état).
La justice fait partie des compétences régaliennes.
@Inforétif : tout à fait d’accord, mon propos est de dire qu’il va falloir beaucoup de pédagogie pour expliquer quelle est la différence entre l’autonomie et l’indépendance, et ce que cela signifie de transférer les compétences restantes. Nombreux sont ceux qui n’ont pas encore compris les enjeux. Quant à la Justice je suis personnellement pour qu’elle reste une compétence de l’état, mais j’avoue ne pas savoir ce qu’en dit la loi organique (transfert optionnel ?).
Il faudra que les politiciens en place prennent la peine de bien expliquer cela aux électeurs. Via les médias par exemple.
C’est en gros ce que prévoit l’ADN. On vote pour ou contre le transfert des régaliennes. Si c’est contre, on acte ces éléments et on considère la situation ainsi créée…
En espérant qu’on ne se fera pas carotter.
sans vouloir être méchant, juste réaliste, quel pourcentage d’électeurs calédoniens va comprendre “transfert des compétences sur la monnaie, la défense, et les relations extérieures” ?
Il faut y ajouter “c’est à dire l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie”
Et quid de la justice ?
D’accord avec toi Black Sheep.
Respecter l’Accord de nouméa, c’est respecter la promesse claire et nette faite aux Calédoniens sur les conditions de sortie de l’ADN, à savoir un référendum posant 3 questions sur les régaliennes. Toute tentative de modifier le contenu du référendum est un début de trahison de l’esprit de l’Accord. Par ailleurs, je n’ai pas entendu Hollande dire qu’il souhaitait un référendum éclairé et l’organisation de groupes de travail sur les 2 projets de société. Qu’il le dise et nous serons fixés… En attendant, l’interprétation qu’en fait Dunoyer n’est pas la vérité.
Respecter l’ADN c’est aussi la naissance du drapeau commun, ceux qui ont hissé le drapeau FLN à sa place portent une LOURDE responsabilité. Alors l’ADN a déjà été torpillé comme il faut par les Frogier/Yanno/Martin.
Le MPC n’est pas l’UCF et l’UCF n’est pas le MPC. Je confirme que les solutions de petite nation dans la grande et collectivité de type fédéral sont aussi tordues l’une que l’autre. Qu’on laisse d’abord la démocratie s’exprimer en lui offrant ce qu’on lui a promis il y a 15 ans : le référendum pour ou contre le transfert des régaliennes. Sur ces bases, on pourra discuter.
Ben moi je pensais que faire de la politique c’était avoir une vision sociale et économique de l’avenir de son pays, pas uniquement une vision institutionnelle. Et puis si être loyaliste était une condition suffisante et nécessaire pour s’unir il n’y aurait qu’un seul parti aujourd’hui. Je pense sincèrement (mais je me trompe peut-être) que Blaise ne porte pas vraiment les mêmes valeurs que les 2 autres, et vraiment, je ne vois toujours pas ce qui les unit.
Enchanté.
Ben Mouton Noir, c’est déjà pas mal comme point commun, non ? Floyd, c’est pas parce que je sais parfaitement qui tu es que tu dois faire semblant de me connaître ! Mwarf !
Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi Blaise s’est associé avec Lafleur et Yanno, j’ai l’impression qu’ils ne sont d’accord sur rien à part sur leur volonté de rester français…
“t’as qu’à leur demander…” Hein!!!??? t’es pas au courant?Aille ya yaille. L’UCF, ce n’est pas un “think tank”, plutôt un “sink tank”, du genre Titanic.
Mwarf ! Que Blaise ne soit pas sur la même longueur d’onde que Yanno sur l’idée de la collectivité de type fédéré, je dirais que ben ça c’est pas un scoop. Quant à la position du MRC, t’as qu’à leur demander…
Merci pour la précision, donc on comprend que Blaise n’est pas sur la même longueur d’onde que Yanno. Ceci dit c’est quoi la position exacte du MRC? Un référendum couperet OUI ou NON à l’indépendance? Sans proposer de perspective d’avenir ni pour les uns, ni pour les autres?
Oui, et alors, c’est une raison pour continuer de trahir les Calédoniens ? Ils ont droit à leur référendum, celui prévu au départ. Y en a marre de ces trahisons à répétition et de cette façon de penser pour le peuple !
@Mouton Noir : Blaise, Yanno et Lafleur se sont assocés pour avoir des élus et des postes, et ainsi pouvoir exister. Le reste n’est que littérature…
Rien à voir entre ne voter qu’une fois au lieu de 3 dès lors que le verdict est connu, et modifier le texte des questions. Perso, voter 1 fois ou 3 fois ne me pose aucun problème puisque j’aurai exprimé mon avis au moins une fois. Voter pour un texte qu’on m’impose et différent de ce que pour quoi j’ai voté il y a 15 ans me pose un sacré problème…
Surtout que la majorité des décisions prises ne correspondent pas aux attentes des Calédoniens.
A Calédonie Ensemble ils sont forts pour comprendre ce que le reste n’arrive pas à saisir. Ca me fait penser à Pierre Frogier qui disait ” vous n’avez pas compris “
Cela fait bien longtemps que la parole n’a plus de raison d’être en nouvelle-calédonie, ils en ont usé et abusé; elle est érodée.
Solution consensuelle = référendum éclairé= se mettre autour d’une table= accordOr on nous explique que les indépendantistes ne veulent pas négocier, surtout un référendum perdu d’avance pour eux, je ne vois pas l’intérêt.Seule une solution consensuelle gagnante gagnante trouverait grâce aux yeux de tous.
Floyd, un moment faudra qu’ils prennent leurs responsabilités, ou qu’ils acceptent le fait d’être mis à l’écart à cause de la virulence de leurs actions. On va pas à l’infini courber l’échine devant des ” extrémistes “.
Il n’est pas question de courber l’échine. On va vers un référendum, point barre. Courber l’échine c’est le troisième accord de Frogier où il faudra encore faire des concessions pas possibles. Pas question, ça suffit.
Pas 10 ans ou 20 ans Rigo, c’est 2 ans après.
Le référendum éclairé pour qu’il soit accepté par les indépendantistes, c’est aussi courber l’échine pour les non indépendantistes.Donc ni l’un ni l’autre ?Les deuxième ou troisième référendums peuvent être déclenchés 10 ou 20 ans après le premier.Les indépendantistes peuvent jouer la montre en attendant une inversion de la tendance dans la mesure où, tant qu’on ne sort pas de l’ADN le corps électoral (Provinciales + référendum) est constitutionnellement irréversible.
On est d’accord 😉
Oui, mais ils ne veulent pas de solution consensuelle non plus. Alors on fait quoi? Réponse = un référendum.
Non, pas un référendum. LE référendum prévu par l’ADN, point barre.
Ah mais je ne crois pas tout savoir ! Mais quand tu me dis que ne faire qu’un référendum oblige à modifier la constitution, ben c’est faux, tout simplement.
Floyd et Samael, je veux bien que vous parliez ADN, à condition de maîtriser un minimum le sujet quand même. l’organisation des 2ème et 3ème réferendums est facultative, sur vote du congrès. Donc ce n’est pas trahir l’ADN que d’envisager une seule consultation, et il ne faudra pas modifier la Constitution.
Faut modifier les ADN dans ce cas là Beru et donc la constitution. Mais faudra faire attention à ne pas se faire entuber à la réécriture.
Non, il est tout à fait possible d’organiser un seul référendum si le verdict est accepté. On reste parfaitement dans l’esprit de l’ADN qui prévoit que les Calédoniens s’expriment sur la question posée au départ. On peut comprendre que les indépendantistes n’aient pas spécialement envie de se prendre 3 vestes.
Si on va dans ce sens, il faut dire “LES” référendums pas le “le”……………………. Problème: l’UC a dit qu’il ne participera qu’au premier réf et les deux autres seront boycottés… dont acte.
Oui mais qui va négocier dans ce référendum éclairé? Nos élus en place? Sa sent qu’ils vont nous la mettre profond. Laissons le peuple choisir son avenir.
“Seule une solution consensuelle gagnante gagnante trouverait grâce aux yeux de tous.”
Le maréchal de la Palice n’aurait pas mieux dit…
Mais vues les positions diamétralement opposées aujourd’hui, c’est pas gagné.