Les télés locales en ordre de marche ?

Les projets de télés locales qui doivent se greffer au bouquet TNT fin 2012 sont entrain de prendre forme. Pour discuter ensemble de NCTV & NC9 ces deux projets défendus respectivement par Paul Néaoutyine et Pierre Frogier, je vous propose une retranscription de l’information via RNC et Radio Rythme Bleu pour mieux vous imprégner du dossier. A savoir qu’ils viennent tous deux d’être auditionnés par les sages du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, lundi à Paris ce qui veut dire que les choses se précisent sérieusement. Un complément d’information est disponible sur le site des nouvelles caledoniennes (article gratuit)

Retranscription “mot à mot” RNC OCT 11 MAT6 – TELES

Journaliste : C’est cette nuit, pour nous, que le Conseil supérieur de l’audiovisuel auditionnait les deux projets de télévisions locales calédoniennes : NCTV, proposée par la société de télévision et radio, NC9, proposée, elle, par image, communication et information. Deux projets locaux, mais tout à fait différents. NCTV est portée par le gouvernement de la province Nord et souhaite être une chaîne pour tous les Calédoniens. NC9 est portée, elle, par la province Sud, une chaîne avec deux rédactions, l’une indépendantiste et l’autre non-indépendantiste. Les deux représentants de ces deux projets auront été auditionnés par le CSA qui avait lancé son appel à candidatures en début d’année. Deux canaux sont disponibles. Cela dit, les deux chaînes ne sont pas forcément choisies tout de suite.

Journaliste : Les huit sages du CSA ont écouté attentivement les deux projets tour à tour. Deux projets qui ont la même volonté, de rassembler, mais avec une perception différente de l’expression des sensibilités. NCTV, portée par la province Nord, se veut une télévision locale citoyenne pour tous les Calédoniens. Jean-Pierre Djaiwé, président du projet :

Jean-Pierre Djaiwé : C’est un moyen de se pencher sur la vie des personnes, leur sensibilité, leur culture, et c’est important pour la Nouvelle-Calédonie, dans la mesure où nous sommes dans un processus qui veut que l’on travaille ensemble pour aboutir à un destin commun. Et donc, la télévision locale peut permettre ce rapprochement des composantes vivant en Nouvelle-Calédonie.

Journaliste : Un rapprochement qui est aussi dans l’idée du projet NC9, mais avec une autre manière de faire. Élizabeth Nouar, vice-présidente de l’association ICI :

Élizabeth Nouar : L’originalité du projet, c’est de faire cette télé ensemble, indépendantistes et non-indépendantistes, en prévoyant deux rédactions, et donc, deux journaux d’informations quotidiens. Dans le contexte particulier de la Nouvelle-Calédonie, on pense qu’il y a ce créneau qui existe aujourd’hui de rapprocher les deux sensibilités, en ayant chacun la possibilité d’exprimer quelles sont ses convictions et quelles sont ses visions de l’avenir de la Calédonie.

Journaliste : Quant au financement, NCTV s’appuierait sur des capitaux mixtes, privés et publics, avec une partie prise en charge par la province Nord et 17 autres collectivités. NC9 serait financée à 80 % par le gouvernement calédonien.

Retranscription “mot à mot” RRB OCT 11 MID – TELES

Journaliste : Avec l’arrivée de la TNT, sur le territoire, deux projets de télévision locale sont à l’étude, et ces deux projets étaient donc présentés la nuit dernière pour nous devant les sages du CSA, à Paris.

Journaliste : Ces auditions marquent le coup d’envoi de la réflexion du CSA pour autoriser, à terme, l’une ou l’autre de ces télévisions, voire les deux, à émettre sur le territoire. Dans l’ordre d’apparition devant les sages du CSA, c’est le projet NCTV, porté par la province Nord, qui a été auditionné en premier, avant le projet de télévision NC9, porté par les deux légitimités politiques majoritaires. Élizabeth Nouar, bonjour et merci d’être avec nous en direct de Paris. Vous êtes un peu juge et partie, puisque vous avez assisté à ces deux présentations, mais que vous défendiez aussi le projet NC9, avec Serge Lamanière pour la partie technique et Viviane Aourou, représentant la sensibilité indépendantiste. Comment se sont passées ces deux auditions ?

Élizabeth Nouar : Ça ressemble un petit peu à ce qu’on appelle un grand oral. Les deux délégations qui défendent un projet de télévision locale en Nouvelle-Calédonie ont eu l’occasion d’exposer leur projet devant les 9 sages du CSA. Nous avions chacun un quart d’heure pour défendre notre projet, avant qu’ils nous posent des questions sur le projet pendant un quart d’heure environ. L’ensemble a dépassé la demi-heure qui était impartie pour chacun des deux projets, le tout dans une ambiance un petit peu solennelle, tout de même, face aux 9 sages du CSA.

Journaliste : Le premier projet qui a été présenté, c’est celui de NC9. Qu’est-ce qu’on peut en dire ?

Élizabeth Nouar : La délégation qui défend ce projet était emmenée par Jean-Pierre Djaiwé, le premier vice-président de la province Nord. C’était une délégation importante, de 9 personnes, dont 6 ont pris la parole. Parmi eux, d’ailleurs, deux personnes qui sont extérieures à la Nouvelle-Calédonie et qui aident à la conception de ce projet de télévision. Jean-Pierre Djaiwé qui l’a présent comme un projet de télévision de la province Nord, axé sur la culture kanake et la citoyenneté, je reprends les termes qu’il a employés. Les membres du CSA l’ont d’ailleurs surtout interrogé sur la façon dont le pluralisme pourrait être respecté, pourrait être assuré sur cette chaîne qui semblait surtout centrée sur la province Nord, c’est en tout cas ce qu’on a ressenti comme observateurs, puisque nous avons pu assister à cette audition de la délégation qui portait ce projet NCTV.

Journaliste : Jean-Pierre Djaiwé, qui a donc porté ce projet NCTV, nous l’avons joint juste après l’audition :

Jean-Pierre Djaiwé : NCTV, c’est une télévision calédonienne, portée par la province Nord, qui entend couvrir l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie avec une rédaction unique, qui aura pour ligne de conduite une équité au niveau du traitement de l’information. Ce n’est pas parce qu’elle est portée par la province Nord que ça va être une télévision uniquement réservée à la province Nord ou uniquement réservée à une vision indépendantiste. Le CSA a surtout insisté de ce côté-là et posait des questions en termes de pluralisme politique.

Journaliste : Comment avez-vous répondu à ces questions, sur le pluralisme politique ?

Jean-Pierre Djaiwé : Nous leur avons dit que, déjà, ce que prévoit NCTV dans ses programmes, c’est la diffusion des débats des différentes assemblées de provinces, dans la mesure où ces assemblées de provinces donnent leur accord. C’est déjà une marque de respect du pluralisme politique. Nous leur avons dit qu’il y a également des règles qui sont édictées par le CSA, concernant le pluralisme, donc NCTV devra s’en inspirer et donc les respecter. Mais on va également mettre en place ce qu’on va appeler un comité étique qui va regrouper un certain nombre de personnalités qualifiées et qui seront là pour apprécier les programmes de NCTV et puis, ma foi, faire des remarques si ce comité est amené à constater un manque de respect dans le pluralisme politique. Tout cela devra être communiqué au CSA trois mois avant le démarrage de la télévision.

Journaliste : Et l’autre projet à l’étude, c’est celui de NC9. Élizabeth, vous avez présenté ce projet devant le CSA. Quelle est sa particularité, qu’est-ce qu’on peut en dire ?

Élizabeth Nouar : NC9, c’est une chaîne de télévision consensuelle, qui vise à associer les deux grandes légitimités de la Nouvelle-Calédonie, dans un projet commun et partagé. La grande originalité de ce projet, c’est l’existence de deux rédactions, qui permettent l’expression de chacune des deux grandes légitimités historiques qui existent en Nouvelle-Calédonie. Chacune de ces légitimités devront en outre assumer, en son sein, la représentativité de toutes les sensibilités et des différends courants qui existent dans celles des propres légitimités. C’est une chaîne qui se veut celle de tous les équilibres. En dehors de ces deux rédactions, il y a bien sûr tout un projet de chaîne généraliste, avec des programmes très variés qui associeront, à la fois, la production locale et les achats extérieurs. Mais ces deux rédactions, c’est vraiment la marque de NC9 et c’est un projet très original puisqu’il n’existe, en fait, nulle part ailleurs. Et d’ailleurs, c’est surtout sur cette spécificité, sur cette originalité que nous ont interrogés les membres du CSA qui semblaient très intéressés, dirais-je en tout cas, très étonnés, très surpris par ce projet et par la manière dont on pouvait concevoir et mettre, sur place, ces deux rédactions, à l’intérieur d’un projet commun. Un projet qui s’intègre dans l’évolution politique et institutionnelle que vit la Nouvelle-Calédonie depuis les deux drapeaux, depuis le nouveau partage institutionnel et dans l’optique de la mise en place du destin commun auquel appelle l’Accord de Nouméa. C’est un peu le discours que nous avons tenu devant les 9 sages du CSA. Et puis, un dernier mot si vous me le permettez, il y a une chose qui nous a un petit peu étonné, c’est la présence d’une forte délégation de RFO ou de Nouvelle-Calédonie 1ère, dont certains avaient fait le déplacement tout exprès depuis Nouméa pour assister à cette audition, alors que, à priori, cela ne les concernait en rien. Et c’est vrai que ça a un petit peu surpris tout le monde.

Journaliste : Élizabeth, vous avez défendu ce projet avec Serge Lamanière pour la partie technique et Viviane Aourou qui représentait la sensibilité indépendantiste. Nous avons joint Viviane Aourou juste après l’audition :

Viviane Aourou : La spécificité de ce projet, c’est surtout la particularité avec les deux rédactions représentant les deux légitimités politiques du pays. Donc, c’est un projet qui s’inscrit un peu dans la logique de la levée des deux drapeaux et cette particularité-là a bien sûr suscité beaucoup de questions de la part des 9 sages du CSA, puisque c’est tout à fait innovateur, on va dire. Ce qu’on a essayé de faire comprendre, c’est que…, c’est vrai que présenter deux rédactions, c’est comme si les deux choses, automatiquement, vont s’opposer, mais on a réussi à faire dire qu’il y a quand même des espaces, dans la grille de programmes, où on pourrait par exemple organiser des plateaux avec toutes les sensibilités politiques autour de thèmes, des problématiques d’avenir du pays.

Journaliste : Est-ce que vous pensez que vous avez été entendus par les sages du CSA ?

Viviane Aourou : Mon impression personnelle, je pense que notre intervention a été entendue. Je pense qu’on a suffisamment avancé des arguments pour faire comprendre que ce projet s’inscrit bien dans la logique de l’Accord de Nouméa. Cette télé va être là aussi pour continuer à travailler cette notion de destin commun. Si je peux me permettre, moi, je suis une militante indépendantiste, derrière cette télé, je vois aussi une façon, pour nous, en tant qu’indépendantistes, de continuer à porter notre message, mais toujours dans le sens de la recherche d’une compréhension mutuelle et les grands enjeux pour le pays de demain. Le montage technique du projet NC9, à mon sens, permet ce travail-là, de recherche de compréhension mutuelle, du dialogue de culture. Dans la grille de programmations, il y a beaucoup d’espaces qu’on pourrait exploiter dans ce sens-là. On aura aussi, dans la partie tronc commun la grille de programmation des espaces où on pourrait parler de l’identité kanake. Moi, je pense qu’on a été entendus. Les questions et puis les demandes de précisions de la part du CSA me font dire que le projet a été bien entendu et je pense que…, ben, on attendra ! Mais moi, je reste optimiste sur ce qui va sortir de l’avis du CSA.

Journaliste : Élizabeth, quelle est maintenant la suite pour ces deux projets ?

Élizabeth Nouar : C’est assez difficile à dire parce qu’il n’y a rien de très précis. On sait que les 9 sages vont maintenant débattre entre eux de ces deux projets, des réponses qui leur ont été apportées à leurs interrogations cet après-midi. Ils avaient bien sûr été saisis d’ores et déjà des dossiers complets. Les 9 sages qui vont maintenant se donner un délai de réflexion, avant de donner leur réponse et de savoir s’ils autorisent une chaîne, deux chaînes et lesquelles ou laquelle en Nouvelle-Calédonie. Mais donc, il y a encore un peu de suspens et pas de grandes précisions concernant le calendrier proprement dit.

Journaliste : Merci beaucoup Élizabeth d’avoir été avec nous en direct.