Le désordre et la cabale de l’UC

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Le film de Kassovitz n’en finit plus de créer la polémique. Cette fois, ce n’est plus sur Internet, les plateaux de télé ou derrière les micros de nos émissions de radio c’est carrément au sein de nos partis politiques. Dimanche, au cours du congrès de l’UC, le plus vieux parti calédonien je vous le rappelle, les débats ont été vifs si ce n’est même houleux au sujet de « l’Ordre et la Morale » qui doit sortir aujourd’hui sur les écrans métropolitains. Des pour et des contre bien sûr mais surtout une ligne de fracture qui s’est ouverte entre d’une part Gérard Reigner, le Secrétaire Général de L’UC, et d’autre part Roch Wamytan, le Président du congrès. Ce dernier a déclaré qu’il fallait « faire attention à la manipulation de ceux qui soutiennent ce film. Il retourne nos jeunes contre nous, ils veulent nous manipuler dans la perspective de 2014 et le PS est derrière tout cela. » Même si Gérard Reigner a tenté le soir au JT de calmer les choses on peut se demander pourquoi cette charge contre le Parti Socialiste de la part de l’ancien président du FLNKS ? Y-a-t-il un rapport avec la présence du maire RUMP de Dumbéa Georges Naturel lors de l’ouverture du congrès ? L’UC se méfierait-il désormais de la possible victoire de François Hollande aux présidentielles de 2012 ? Et si oui quelle est cette « manipulation » ? Une chose est sûre il faudrait être bien malin pour comprendre les forces qui ont été en jeu ce week-end et ce à l’approche de la réunion annuelle du bureau du FLNKS.

Ci-joint la retranscription du reportage de RRB pour essayer d’y voir plus clair.

Retranscription RRB 14/11/2011 : le Congrès de l’UC

Journaliste : Charles Pidjot, réélu pour un cinquième mandat à la présidence de l’UC. Avec 75 % des suffrages, il garde la tête de l’UC et voit conforter sa stratégie, même si les débats ont été vifs. Pascal Naouna a dû renoncer à présenter sa candidature puisqu’il est suspendu du parti. Charles Pidjot conserve donc la présidence de l’UC, au terme du 42e congrès du parti. Il a été réélu, hier, pour un cinquième mandat à la tête de l’UC.

Journaliste : Charles Pidjot, réélu avec 75 % des suffrages. Sur 198 votants, il a recueilli 148 voix contre 49 bulletins blancs et un bulletin nul. Il était le seul candidat en lice, après que Pascal Naouna ait dû renoncer à se présenter, puisqu’il a été récemment suspendu du parti. La première réaction de Charles Pidjot, recueillie hier soir, à la clôture du 42e congrès, qui se réunissait à Dumbéa, et il revient d’abord sur sa réélection :

Charles Pidjot : On a un système très démocratique, qui repose sur l’ensemble de nos comités locaux. On est candidats des comités locaux, on ne peut pas être le (?) candidat et ça a été un vote, je dirais, unanime du congrès.

Journaliste : Vous avez tout de même l’impression que c’est un soutien aux orientations que vous avez fait prendre à l’UC ces derniers mois ?

Charles Pidjot : Non, l’UC a une feuille de route qui n’est pas le fruit d’un travail récent. C’est une feuille de route qui est propre à l’UC, qui reprenait l’histoire de l’UC. C’est plusieurs phases de construction et l’UC a réaffirmé cette phase de construction. Elle n’a pas parlé d’alliance. Elle a eu des échanges là-dessus, mais elle s’est plutôt arrêtée sur son travail, elle a fait le point sur son travail et elle a dit ce qu’elle en pensait.

Journaliste : Les débats ont tout de même été vifs ?

Charles Pidjot : Comme à l’UC, c’est une tradition, les débats sont toujours très vifs, mais c’est un débat à l’intérieur de la maison. On s’explique, on s’engueule, on échange, mais on a des explications qui nous permettent de redonner de la perspective à tout ce qu’on fait.

Journaliste : Quelles sont maintenant vos ambitions pour ce cinquième mandat, où est-ce que vous voulez amener l’UC ?

Charles Pidjot : On a une feuille de route qui a été arrêtée par l’Accord de Nouméa. Les échéanciers sont dedans. C’est un échéancier qui place la Calédonie et les Calédoniens face à leurs responsabilités. L’UC s’y prépare, elle organise son travail de façon à pouvoir répondre à tous ces sujets. Il ne suffit pas de dire qu’on veut bâtir un destin commun, il faut dire, et là, c’est le rôle des partis, de dire dans quelles conditions et comment elle entend construire ce destin commun.

Journaliste : La stratégie de Charles Pidjot à la tête de l’UC et sa proximité supposée avec le Rassemblement ont été au cœur des discussions. Il n’y a pas de rapprochement, affirme le président de l’UC, mais une méthode de travail :

Charles Pidjot : Nous, on a signé l’Accord de Nouméa avec le RPCR. Aujourd’hui, on a une gouvernance Congrès-gouvernement qui sont avec les partis politiques, qui nous obligent à travailler ensemble, et quoi qu’on fasse ou qu’on dise, il faut se donner aussi des moyens de continuer à avancer. Il n’y a pas de rapprochement avec Pierre Frogier ou avec le RUMP, il y a une méthode de travail et une feuille de route qu’on s’est donnée et qui nous permet, aux uns et aux autres, d’assumer les responsabilités face aux enjeux à venir.

Journaliste : La stratégie et les orientations de l’UC ont bien sûr suscité des débats au cours de ce 42e congrès, mais cela permet des éclaircissements, estime Charles Pidjot :

Charles Pidjot : Oui, ça suscite de vifs débats. C’est parce que, bon, il y a une équipe, là, qui était proche de Gomès, à une époque donnée, qui ont du mal, aujourd’hui, à retrouver leurs repères là-dedans, et aujourd’hui, bon, l’UC a pu avoir ses explications pendant ces trois jours de congrès, et elle a su dire ses points faibles et ses points forts et comment, face à (?), il continue à avancer. Ce qui a de beau, c’est qu’aujourd’hui, toute l’UC est présente et en ordre de marche.

Journaliste : L’UC en ordre de marche, mais le FLNKS en situation délicate. Le 42e congrès de l’UC est favorable à une structure qui réunisse l’ensemble des composantes indépendantistes, mais la forme n’est pas encore arrêtée définitivement :

Charles Pidjot : (Ça peut être un congrès?). Maintenant, on va avoir la forme que ça va prendre. On s’est rendus compte aussi qu’on ne pouvait pas rester sur la charte du FLNKS, parce que la charte du FLNKS, il y a ceux qui sont à l’intérieur, qui n’ont pas signé la charte, et d’autres qui l’ont signée, il y a ceux qui ont fait les événements et puis d’autres qui ne l’ont pas faits. On se rend compte que dans cette structure-là, il est difficile aujourd’hui de fédérer tout le monde. L’idée, c’est de, c’est ce que demande le congrès, que sur toutes les compétences et les enjeux à venir, on voit cette feuille de route qui fasse l’objet d’une proposition aux différentes composantes indépendantistes et progressistes, et qu’on puisse tenir une réunion. Ça peut être un congrès.

Journaliste : Quant au prochain congrès du FLNKS, le président de l’UC semble assez sceptique en raison, dit-il, de l’attitude du Palika :

Charles Pidjot : C’est acté, maintenant, on voit parce que le problème, c’est que le Palika, il est absent depuis un moment ou botte en touche les décisions à prendre. Nous, on continue à avancer. On a fait des choix, on a un mouvement qui est là, on a notre feuille de route, on continue à avancer. C’est notre responsabilité, à l’UC. Et l’UC tient à l’affirmer comme ça.

Journaliste : Charles Pidjot qui est réélu à la tête d’un bureau quasiment inchangé. Néko Hnépeune et Gilbert Tuyénon conservent les vice-présidences. Le commissaire général reste Daniel Goa et le commissaire général adjoint, Angie Bowé. Gérard Régnier conserve son poste de secrétaire général et Damien Yéwéné de premier secrétaire adjoint. À noter le retour de Didier Poiroi au poste de deuxième secrétaire général adjoint, il remplace Pascal Naouna.

Journaliste : Et comme d’habitude, les débats ont été denses à l’UC. Les délégués ont notamment échangé sur le film de Mathieu Kassovitz, « L’ordre et la morale ».

Journaliste : Et les positions sont très tranchées, sur ce film qui est loin de faire l’unanimité au sein de l’UC. Lors d’un débat qui s’est déroulé en présence de la presse, de propos très forts ont été échangés. Pour Charles Pidjot, c’est un film qui parle de l’État, de Legorjus, de l’armée, mais qui, dit-il, ne parle pas de nous. À l’inverse, Mathias Waneux, originaire d’Ouvéa et acteur de la prise d’otage, a expliqué qu’il avait soutenu ce film parce qu’il y voyait un instrument de la réconciliation. Une thèse récusée par le fils d’Alphonse Dianou qui a exprimé son opposition totale au film de Kassovitz, tandis que Rock Wamytan lançait une véritable mise en garde : faites attention à la manipulation, a-t-il déclaré, à ceux qui soutiennent ce film. Il retourne nos jeunes contre nous, ils veulent vous manipuler dans la perspective de 2014 et le PS est derrière tout cela, affirme le président du Congrès. On le voit, « L’Ordre et la morale » continue de susciter des débats.

Journaliste : Et ajoutons que lors de ce 42e congrès, cinq motions ont été adoptées : une motion de politique générale et les autres consacrées à l’économie, au foncier, à la constitution et au FLNKS. Les travaux avaient été ouverts vendredi, en présence de Georges Naturel, le maire Rassemblement de Dumbéa, la commune sur laquelle se déroulait ce congrès.

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Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »