Internet: Abus de position monopolistique

L’OPT a encore frappé !

Non content de réaliser 2,4 milliards de Francs de bénéfices en 2010 (soit plus de 10% de leur CA 2010, de 20,635 milliards), l’OPT, un organisme public en situation de monopole, propose une nouvelle grille tarifaire absolument scandaleuse aux fournisseurs d’accès à internet et utilisateurs du réseau fédérateur pour l’achat de leur bande passante internationale. Celle-là même qui représente plus de 50% de votre facture d’accès à internet, et qui nous relie au reste du monde !

En effet, selon que vous soyez un « gros » FAI (comme Offratel-Lagoon, leur propre filiale), ou un « petit » consommateur (comme Can’L, MLS, InternetNC ou Nautile), vous ne paierez pas votre megabit/s au même prix !

Il est tout à fait normal dans un marché concurrentiel que les prix publics soient fonction de la quantité achetée, mais ils sont alors négociables entre le fournisseur et l’acheteur. Or ici, s’agissant d’un organisme public, en situation de monopole, pas de négociation possible !

Et quand la différence de prix atteint 50% pour un même megabit/s, il y a clairement un abus de position monopolistique destiné à favoriser leur propre filiale Offratel-Lagoon, qui représente 42% du marché ADSL. Et donc une volonté de tuer le marché des FAI en introduisant une telle distorsion de concurrence.

Voyez plutôt :

Ce qui représente 50 % d’écart entre 10 Mbit/s à 324 000 F et 10 Mbit/s à 486 000 F !

Dans les conditions actuelles, seul Lagoon, de part son parc d’abonnés (plus de 17 000 abonnés), est à même de pouvoir atteindre la tranche des 610 Mbit/s et plus (comme par hasard !).

Si l’OPT est capable de « produire » (plus précisément de faire transiter) 10 Mbit/s pour 324 000 F, pourquoi ne pas en faire profiter l’ensemble des acteurs, et améliorer ainsi la qualité et le confort d’utilisation d’Internet, et permettre aux calédoniens de pouvoir se rapprocher un peu plus rapidement des standards de connexion du reste du monde ?

Pourquoi faire au minimum 50 % de marge bénéficiaire sur une activité de transit Internet en surtaxant les petits fournisseurs, et donc leurs abonnés ?

Une telle grille de tarifs n’a qu’un seul but, c’est de faire porter sur les petits acteurs l’importante baisse de tarif (et donc la diminution du bénéfice résultante) concédée à Lagoon !

Or, en tant qu’opérateur public, œuvrant pour le bien commun (l’OPT joue ici un rôle de mutualisateur obligatoire des achats de bande passante pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie), l’office devrait être neutre dans ce rôle, et donc proposer un même prix du megabit/s pour tous, le moins cher possible de surcroît !

À quand la mise en place d’une autorité de régulation des télécommunications pour mettre fin à cette situation d’abus de position ? À quand l’ouverture réelle du marché des télécommunications, permettant au consommateur de bénéficier de prix attractifs et concurrentiels ?

À quand une utilisation optimale du câble sous-marin qui nous relie au reste du monde : sur 640 Gbit/s de capacité, moins de 10 Gbit/s sont actuellement utilisés – soit moins de 2%, alors que le câble a été mis en service il y a 3 ans déjà !!!

Que l’OPT baisse ses marges, et propose un transit à prix raisonné, ou bien laisse les acteurs privés s’organiser pour proposer une offre concurrente et forcément plus attractive, et on pourra enfin utiliser ce câble sous-marin comme il se doit, fournir un internet de qualité aux calédoniens, à meilleur tarif, restituer ainsi du pouvoir d’achat aux internautes, tout en permettant à l’OPT de réaliser des bénéfices (certes moins importants en % du CA, mais possiblement tout aussi élevés en valeur) afin d’investir dans les infrastructures d’avenir dont la Calédonie aura besoin certainement plus tôt que tard !

Avis est donc donné au gouvernement, chargé de valider la grille tarifaire présentée ci-dessus, d’encourager le développement numérique de la Calédonie par un moyen tout simple : une équité des tarifs entre les acteurs concernés.

Nicolas Aupetit