Une politique à 18 000 francs !

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caton nouvelle caledonie

La province sud vient de s’illustrer brillamment en publiant une brochure intitulée « comment bien manger pour 18 000 francs par mois ». Une sorte de « Manuel des Castors juniors » économico-nutritionnel à destination des plus pauvres. Le tollé a été tel que ladite brochure, que l’on pouvait télécharger, a vite été retirée du Net. On peut également imaginer que la version papier a été remisée aussi sec dans un dock tenu secret, avant d’être pilonnée !

Par quel truchement la province Sud a-t-elle pu concevoir, mettre en œuvre et financer une telle ineptie ? Les adversaires politiques du Rump auraient voulu discréditer la province, sa présidente Cynthia Ligeard et ses équipes, qu’ils n’auraient pu mieux s’y prendre !

Parce qu’à la vérité, je trouve hallucinant qu’à aucun des échelons de commandement et de décision, politique ou administratif, il ne se soit trouvé quelqu’un à la province Sud et au Rump, pour s’interroger sur la pertinence politique et sanitaire d’une telle publication ! Jusqu’au sommet de la hiérarchie provinciale, le fameux 4ème étage (qui à l’évidence regorge de penseurs), on a considéré sans jamais sourciller, qu’il fallait faire œuvre utile en expliquant à ceux qui n’ont rien, comment se passer de tout et en particulier de l’essentiel ! Même le Charlie Hebdo de la belle époque, n’aurait pas osé publier un truc aussi dément…

Le scandale de cette affaire, car je crains que nous soyons effectivement dans ce registre, ne tient pas tant au fait que la province sud ait pu lancer ce genre d’initiative, errare humanum est, il réside dans ce que cette publication, dont la conception intellectuelle, philosophique et politique, est amorale et vexatoire, porte véritablement en elle l’alpha et l’oméga de la politique sociale du Rump.
Bonté divine ! N’est-il pas proprement incroyable que des responsables politiques affichent ouvertement leur mépris et leur outrecuidance à l’égard de cette part non négligeable de la population calédonienne dans la difficulté et la précarité, en lui recommandant de se contenter de repas à 66 francs ! Et ce sont les mêmes qui, depuis 2009 et au prétexte que les caisses de la province Sud auraient été vides, ont mis sous le boisseau toute avancée sociale, qu’il s’agisse de la construction de logements sociaux comme de la gratuité des licences sportives pour les élèves boursiers !

Mais c’est parce que des gens considérés comme sérieux, tels Pierre Brétegnier ou Didier Leroux, nous expliquent à longueur de prise de parole que la cherté de la vie n’est qu’un « ressenti », que l’institution provinciale qu’ils dirigent s’autorise à financer ce genre de bêtise !
Parce qu’à propos, combien cette plaisanterie a-t-elle coûté ?

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"