Calédonie : Quand les parlementaires UMP financent des projets UMP

La presse métropolitaine, en particulier Le Monde, vient de lever le voile sur un système peu connu des Français : la réserve parlementaire. Il s’agit d’une somme allouée chaque année aux députés pour financer des projets dits « d’intérêt général ». Et la Nouvelle-Calédonie n’est pas oubliée.

L’enquête révélée par la presse ne porte que sur l’année 2011. Commune par commune, projet par projet et député par député, sur plus de 1000 pages, le lecteur sait tout de l’attribution cette année d’une réserve parlementaire d’un montant total de 150 millions d’euros ! Le principe est simple, les députés peuvent financer des projets à discrétion dans une enveloppe budgétaire définie. Le truc c’est que les députés ne sont pas obligés « d’investir » dans leur circonscription, ils peuvent le faire pour d’autres députés. Ce système permet en fait aux partis politiques d’aider des projets, sur lesquels d’ailleurs bien souvent on ne sait rien ou pas grand-chose ! C’est ainsi qu’en 2011 le président de l’Assemblée, l’UMP Bernard Accoyer a pu octroyer des subventions généreuses dans 44 collectivités territoriales, dont la Nouvelle-Calédonie, en portant des projets au nom d’autres députés, en l’occurrence Pierre Frogier.

Quatre projets en Calédonie

En Nouvelle-Calédonie en cette année 2011, la réserve parlementaire octroyée par des membres de l’UMP a été généreuse. Pour sa part, Pierre Frogier a aidé au financement d’un projet à Boulouparis à savoir la réhabilitation des locaux de la Maison des Associations. D’un montant de 11,4 millions de CFP, l’aide parlementaire s’est montée à 5 millions. Bernard Accoyer, agissant au nom des députés calédoniens, a participé au financement de deux projets. D’abord la construction d’une aire de stationnement pour covoiturage à Boulari au Mont-Dore d’un montant de 7,9 millions, l’aide s’est montée à 3,8 millions. Ensuite, l’aménagement du point de vue touristique sur le réservoir de Tendéa à Farino. Un projet d’un montant de 4 millions pour lequel la réserve parlementaire atteint 800 000 francs. Enfin, on note que pour l’aménagement de la place de Koutio à Dumbéa, projet d’un montant de 28,5 millions, une aide de 6 millions a été accordée sur la réserve ministérielle, très certainement le ministère de l’outremer détenu à l’époque par l’UMP Marie-Luce Penchard. Bien évidemment, il ne faut pas se choquer outre mesure que dans le cas qui nous intéresse l’UMP, qui à l’époque était au pouvoir, soutienne des projets dans des circonscriptions UMP. En revanche, et c’est ce qui fait débat notamment en Métropole, se pose la question de l’usage de la réserve parlementaire et du contrôle des fonds. Il sera intéressant de voir à quoi a été utilisée la réserve parlementaire, depuis l’élection des députés Gomès et Lagarde.