Dans l’allégorie de la caverne de Platon, des hommes enchaînés dans une grotte ne perçoivent pas la réalité mais plutôt les ombres projetées par un feu et des objets derrière leurs dos, comme un théâtre d’ombres. Pour s’émanciper, ils doivent quitter la grotte et remonter à la surface de la terre, où la lueur du jour les aveugle de par la brillance du monde extérieur.
En Calédonie, pour se sortir du cul-de-sac des débats ad hominem, où la critique des personnes l’emporte sur celle des idées, il nous faut aborder les problématiques les plus importantes qui influenceront réellement l’avenir de la Calédonie.
Le débat âpre et polarisant sur le statut éventuel de la Nouvelle-Calédonie ressemble davantage aux ombres dont Platon parlait, car il soumet la société civile à une réactivité intellectuelle perpétuelle. Qui plus est, les faux débats qui découlent de cette fausse dichotomie (France ou indépendance ?) pérennisent l’assujettissement de la société par les moyens de la peur, la haine, et l’incompréhension de l’Autre.
Lorsque l’on se penche sur les questions les plus urgentes qui concernent la survie de tous les bipèdes sans plumes qui ont fait leurs nids sur une île du Pacifique en forme de cigare – peu importe la couleur de leur plumage, où la date relative de leur arrivée migratoire sur ce bout de terre – on se rend rapidement compte du fait que la fameuse question binaire, noir-et-blanche, non seulement sème la discorde mais obscure des questions beaucoup plus importantes et pertinentes.
J’interpelle les bipèdes intelligents de cette île à se poser la question suivante :
La réponse à la question « l’indépendance ou le statu quo ? » règlera-t-elle les problèmes de la délinquance, la délinquance routière, le marché noir de l’alcool, l’avenir économique du pays, la prolifération des armes de chasse, la protection de l’environnement, le logement social, l’autosuffisance économique et alimentaire, les mesures d’adaptation au changement climatique, et le rôle stratégique de la Nouvelle-Calédonie dans une Asie-Pacifique en pleine ébullition ?
Et j’en passe.
De toute évidence, ces questions dépassent la logique bipolaire d’une autre époque. Pourtant, ces problèmes seront essentiellement les mêmes – peut-être empirés, peut-être pas – au lendemain des référendums d’autodétermination, quoiqu’en soit le résultat. Enfin, ce qu’il y a de plus attristant dans toute cette histoire est que toutes ces questions ont vocation à être traitées de manière strictement bi- (voire non-) partisane, car elles relèvent toutes de la survie de l’espèce bipède calédonienne, et donc de l’intérêt national et non d’une faction, dans une région et un monde imprévisibles.
À un moment donné, si nous souhaitons sortir de l’Accord de Nouméa par le haut, il faudra arrêter d’attiser la peur, la haine, l’incompréhension, les préjugés, les accusations infondées, les rumeurs, et d’instrumentaliser les différences des habitants de cette île plutôt que de faire valoir leurs réelles similitudes. Le danger de cette approche se constate d’ores et déjà dans les discours belliqueux, qui ont comme effet de désemparer les citoyens, les modérés et les partisans du destin commun d’entamer un débat courtois et constructif sur les sujets les plus importants. Dans un contexte aussi toxique, et contre leur gré, les intellectuels, les acteurs associatifs et la société civile abandonnent l’arène publique au profit des discours polarisants.
Pour moi, le moment est venu d’ouvrir ce dialogue à l’échelon de la société. Il est impératif que la société civile calédonienne dépasse les débats centrés sur les personnalités politiques, et commence à débattre des politiques publiques, des possibilités, des projets de société. Il ne suffit pas, si nous souhaitons réellement faire de la Calédonie un pays d’avenir, de détruire les uns et les autres, en critiquant les initiatives de certains sans rien proposer à leur place.
Le Centre pour le Destin Commun, le premier pôle de réflexion (think tank) calédonien, représente une tentative d’ouverture de dialogue sur de telles questions au sein de la société calédonienne. Néanmoins, si ce projet non-partisan – mais militant de la paix et la raison – a pour mission d’encourager le pays à enterrer le tamioc, le but n’est pas d’enterrer ou d’ignorer la question la plus vexante, qui influera évidemment sur toutes les questions posées ci-dessus : France ou indépendance ? Par conséquent, plutôt que d’argumenter dans le vide en s’appuyant sur des vieux slogans, nous invitons la population, les intellectuels et les élus politiques à proposer leurs visions concrètes de l’avenir en envoyant vos scénarios de prospective à l’équipe du Centre pour le Destin Commun. En s’émancipant intellectuellement de la grotte de Platon, les débats seront éclaircis à la lumière du jour.
Certes, il est plus attirant de rester à l’ombre, d’être cynique, de se moquer, de critiquer les personnes et non leurs idées, et de rejeter cette responsabilité comme relevant exclusivement de la compétence des élus politiques, lâchant au passage qu’ils sont « tous les mêmes », « tous des pourris », et cetera ad nauseam. Cette mentalité se comprend, mais elle est puérile et irresponsable, car « dans une démocratie, nous sommes tous des élus » (John F. Kennedy).
Afin de débattre des véritables enjeux sociaux, politiques et stratégiques de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, et de tenter d’y trouver des solutions consensuelles, nous devons résister à la tentation de se laisser distraire par les ombres – les querelles personnelles, les critiques ad hominem, les slogans – afin de pouvoir s’émanciper intellectuellement et rejoindre la surface de la terre. Comme les hommes émancipés dans l’allégorie de Platon, affronter cette réalité nous brûlera les yeux au début, mais ça en vaudra la peine.
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Daryl Morini est le Directeur du Centre pour le Destin Commun : http://www.destincommun.org/
Bonjour Libertad et tous,
EPLP a engagé un recours au Tribunal administratif afin que soit annulée la délibération du Fonds Nickel prenant en charge une partie des billets et du séjour indonésien de ces messieurs (de 9 administrateurs sur 12. Quelle pléthore !). Nous vous indiquerons avec quel résultat le moment venu…
Bien cordialement, Martine Cornaille
Trop long à lire et trop phisolophique……
Y’en a marre des solutions consenSUCElles et des “éclairages” à la bougie. Faut arrêter de pinailler: Vous avez voté pour un accord dans lequel il est prévu un référendum !!! alors faut voter !!! et on verra/passera à l’étape suivante après. (punaise, y’en a vraiment qui ont les c……. croisées dans leur slip !)
Les Indonésiens grands démocrates adoreraient s’occuper d’ un pays frère ,car le stock de leurs” timorés catho “et “mélanésiens “diminue sérieusement sous les massacres menés par leurs adorables Forces Spéciales .D’ici quatre,cinq ans il ne restera plus rien à massacrer violer, torturer .Le spleen absolu pour ces grands romantiques!!!!
ENORME: Wamytan en Indonésie ce jour, avec Tuyenon (les 2 n’y connaissent rien de rien a la Mine) et ceux qui accompagnaient (les mineurs) se sont fait payé leurs billets par le Fonds Nickel (si, si! au depart 15 billets, ramenés à 2 sur pression de EPLP)
Wamy a déclaré: “Nous avons des points communs avec l’Indonésie, une partie de la populartion est mélanésienne” Oui effectivement, mais il oublie de dire que les populations mélanésiennes (Timor, irian jaya, voire bornéo) sont massacrées, exterminées, décultuyrées…)
Vraiment n’importe quoi!
L’inependance en kanaky, et l’indonésir viendra s’ocuper de vous chers freres kanaks!
c’est en référence a Platon qu’il nous faut donc un philosophe pour gouverner….«pour qu’un État soit éminemment bien gouverné», nous dit Platon mais la tâche du philosophe relève de la morale et «l’unique chose importante c’est l’instruction et l’éducation».
Dès lors, nous savons dans quel ordre faire face aux problèmes de notre Caillou….
Sauf que plus de 62% des Citoyens, dans un corps électoral figé, n’en veulent pas!!!