« Je ferme ma gueule »

C’est la dernière sortie médiatique en date du président du gouvernement. Harold Martin s’en est pris vigoureusement à la justice au sujet de l’affaire Boiteux. Ce qui l’a conduit à ce débordement.

Interrogé en marge de la réunion hebdomadaire du gouvernement, Harold Martin a commenté une décision de justice, ce que la loi interdit, pour la critiquer et la dénoncer. On sait que dans l’affaire Boiteux, s’appuyant sur un avis du Conseil d’État, le tribunal administratif de Nouméa a annulé toutes les décisions du gouvernement, en particulier la révocation de Stéphanie Boiteux de ses fonctions de directrice des services fiscaux. Outre qu’il se voit ainsi désavoué sans équivoque par la justice, Harold Martin n’a pas accepté que dans son jugement, le tribunal administratif fasse référence à des déclarations que le président du gouvernement a faites dans la presse au sujet de l’affaire Boiteux. Et depuis, Harold Martin ne décolère pas ! « Quand on est juge, a ainsi déclaré le président du gouvernement, on fait, un, ce qu’on veut, deux, on est inamovible, et trois, l’élu, c’est de la chair à canon et il est là pour fermer sa gueule, même s’il va aux élections régulièrement ».

Deux poids, deux mesures

Le président du gouvernement a conclu cette prise de parole tonitruante, en précisant qu’il ne dirait plus rien au sujet de l’affaire Boiteux, « donc, tu es élu, a-t-il déclaré, tu es là pour te faire élire si tu y arrives, et sinon, le reste du temps, tu fermes ta gueule. Voilà, eh bien, je ferme ma gueule ». Ses adversaires ont eu tôt fait de souligner qu’au sujet de cette affaire, il valait mieux pour Harold Martin qu’il n’en dise pas plus ! Cela étant, on peut dénoncer le fait qu’il y a là deux poids deux mesures et que la justice est sans doute plus sévère à l’encontre du justiciable moyen en face d’une décision de justice qui lui serait défavorable, qu’à l’encontre du président du gouvernement qui à l’évidence peut bien déclarer n’importe quoi.