François Hollande : un tournant ?

Ce fut un exercice à haut risque pour le locataire du 55, rue du faubourg Saint-Honoré. Fragilisé sur le plan politique et privé, François Hollande a détaillé mardi, ces annonces faites au soir du 31 décembre et clarifié la politique qu’il entend mettre en œuvre pour les trois ans à venir.

« Les affaires privées se traitent en privé »

Ce fut le festival de Cannes avant l’heure, les quelques 587 journalistes présents devaient faire la queue devant les grilles du palais de l’Elysée, tous venu assister à la troisième conférence de l’acteur-président Hollande. Des journalistes nationaux et étrangers qui n’avaient qu’une question en tête, la relation « extra-conjugale » du président de la République, une affaire qui a fait les choux gras de la presse étrangère. François Hollande comme on l’attendait est revenu sur cette affaire privée en se retranchant de façon laconique derrière le respect de la vie privée. Le chef de l’Etat a promis de clarifier cette situation au plus vite, en tout cas avant son voyage officiel aux Etats-Unis le 11 février prochain.

Il s’agissait surtout pour lui de reprendre en main l’agenda politique de ce début d’année. Toujours au plus bas dans les sondages, malgré un léger rebond, François Hollande s’est appliqué à clarifier ses axes, la « méthode », ainsi que le calendrier du « pacte de responsabilité » aux entreprises.

« Suis-je un social-démocrate ? Oui »

Il assume pleinement sa méthode et veut continuer sur sa lancée de réformes entreprises depuis le début de son quinquennat. Autre grande promesse du président de la République la fin des cotisations familiales pour les entreprises d’ici 2017, qui entrainera un coup de pouce de 35 milliards d’euros pour les PME. Cette réforme devrait être accompagnée d’une baisse de 50 milliards des dépenses de l’Etat sur les exercices 2015-2017. Cependant à aucun moment le chef de l’Etat n’a expliqué quelles seraient les économies engagées et les secteurs concernés.

Pour faire ces économies, le président de la République va mettre en place un conseil stratégique de la dépense publique, qui se réunira chaque mois. Une nouvelle étape de décentralisation pourrait également voir le jour, avec notamment de nouveaux transferts de compétences vers les régions, dont le nombre pourrait évoluer. Le député PS Thierry Mandon évoque ainsi le passage de 22 régions actuellement à une quinzaine à l’horizon 2017.

« Je ne laisserai pas faire ceux qui veulent en terminer avec l’idée européenne »

Concernant la diplomatie française, la question du couple franco-allemand a été abordée. Pour François Hollande il faut « amplifier les relations entre la France et l’Allemagne ». Le chef de l’Etat veut redonner du souffle à cette vielle amitié qui lie les deux premières puissances économiques européennes. Le président souhaite enfin comme sur le modèle d’Airbus une entité économique franco-allemande pour l’énergie.

Très vite la conférence de presse du président de la République a été analysée et décortiquée : de « l’offensive courageuse », aux « annonces vaines ». Le gouvernement et la majorité présidentielle ont naturellement fait bloc derrière le chef de l’Etat. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a salué une conférence « mobilisatrice ». Mais ce ne fut pas le même son de cloche, sur la gauche de la gauche. Jean-Luc Mélenchon dénonce lui le rapprochement de Hollande avec le patronat et un virage totalement libéral. Du côté de l’opposition, le vice-président de l’UMP, Guillaume Peltier déclare : « on attendait des actes, on a eu un constat ». Pour la présidente du FN, Marine Le Pen, le discours du président de la République « frôlait presque le ridicule »…