La France bonnet d’âne!

« Reporter sans frontière » vient de livrer pour l’année 2014 son classement mondial sur la liberté de la presse et la France chute à la 39e place sur 180, un classement clos par l’Erythrée.

Ce classement 2014, révèle l’impact négatif des conflits sur la liberté de l’information et ses acteurs. Des démocraties ont chuté dans ce classement où une interprétation trop large et abusive du concept de secret défense et de sécurité nationale, sont mis en avant au détriment de la liberté d’information.

Les pays scandinaves sont encore bien présents dans les premières places, la Finlande reste encore pour cette année au top du classement, talonnée de près par les Pays-Bas et la Norvège. Comme chaque année la queue de peloton est occupée par le trio infernal que sont le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée, ces dictatures où la liberté de la presse est inexistante.

Les conflits sont à mettre en corrélation avec la liberté de la presse. Dans un contexte d’instabilité, les médias demeurent des cibles stratégiques pour des groupes ou des individus qui tentent de la contrôler et de la manipuler. Les nombreux conflits comme en Syrie, au Mali, où les journalistes sont pris pour cible, expliquent pour ces nombreux états leur chute dans le classement. L’ONU et la communauté internationale ont réagi face à ces exactions contre les journalistes, avec l’adoption, le 26 novembre 2013 par l’assemblée générale des Nations Unies, d’une résolution sur la sécurité des journalistes et par la création de la journée internationale contre l’impunité des crimes contre les journalistes. Cette nouvelle résolution adoptée à l’unanimité par les états souverains vient compléter la résolution 1738 qui condamne les attaques perpétrées contre les journalistes dans les situations de conflits.

L’information, dans les états de droits, est sacrifiée sur l’autel de la sécurité nationale et de la surveillance. Ces démocraties prennent comme prétexte la lutte contre le terrorisme pour faire une chasse aux sources d’information, coupant ainsi l’herbe sous les pieds des journalistes d’investigation, notamment aux Etats-Unis qui se retrouvent à la 46e place de ce classement. L’alliée historique des américains, la Grand Bretagne n’est pas en reste également puisqu’elle occupe la 33e place, en recul de 3 places. Le gouvernement Cameron s’étant illustré en exerçant des pressions contre le « Guardian ». Plus proche de nous dans le Pacifique, le Japon, par son vote de la loi sur les « secrets d’Etat » adoptée par la diète nippone fin 2013, ajoute plus d’opacité à la gestion par le gouvernement des questions de sécurité nationale.

La France n’est pas en reste, car elle laisse des plumes dans ce classement, se retrouvant à la 39e place derrière le Ghana, le Costa Rica ou encore la Slovénie. « Reporter sans frontière » s’inquiète de l’année 2013 pour la France où la justice est intervenue dans l’affaire Bettencourt au sujet d’enregistrements retirés aux journalistes du Point et de Médiapart. Il faut se rappeler aussi les derniers évènements en date avec des journalistes qui questionnent le couple Balkany sur une prise illégale d’intérêts. (http://www.youtube.com/watch?v=sBu_PdErlCc).

En Nouvelle-Calédonie, même si le pays n’est pas pris en compte dans le classement de l’ONG, le journalisme a du mal parfois dans ces enquêtes, où les principaux médias sont largement noyautés par les subventions des partis politiques et des collectivités publiques. Mais il existe dans ce petit bout de France du Pacifique, des médias petits certe qui restent encore neutre dans leurs démarches et où les journalistes ne sont pas tous à mettre dans le même panier de crabes.

Machiavel