Radiations : Pierre Frogier gesticule

Contrarié par la charge de l’Union Calédonienne sur les listes électorales, Pierre Frogier propose une révision de la constitution, la réunion du comité des signataires et menace de demander le report des provinciales. Virage à 180°.

Nul doute qu’après avoir remis sur le devant de la scène politique Roch Wamytan, Pierre Frogier attendait autre chose de la part de son ancien allié. Ce dernier, qui demande l’exclusion de près de 6700 calédoniens des listes électorales, le place désormais en position très difficile vis-à-vis de son électorat. A la suite des annonces faites par l’UCF et Calédonie Ensemble, la situation l’oblige maintenant à ruer dans les brancards en demandant tout de go au Premier ministre de faire réviser la constitution française, de reporter le scrutin des provinciales et de réunir un comité des signataires en urgence. Paradoxe dans cette affaire : le Rassemblement menace maintenant de lister et de faire radier les électeurs indépendantistes qui seraient indument inscrits sur la liste spéciale. « Si le FLNKS continue d’adopter une démarche jusqu’au-boutiste sur le sujet, nous adopterons la même attitude » prévient le secrétaire général du Rassemblement. De quoi radicaliser encore une campagne qui n’en avait pas besoin.

Ces initiatives peuvent-elles aboutir ?

Non ! Parce qu’en dépit des déclarations des uns et des autres, l’affaire des radiations n’est pour l’heure qu’un problème juridique dont on ne pourra s’extraire que grâce à une solution juridique. Déplacer le problème sur le terrain politique – même si l’on en comprend la justification et que l’on peut légitimement se scandaliser de la situation – ne va pas permettre de le résoudre. Car la réalité est qu’à un moment donné de l’histoire de l’accord de Nouméa, quelqu’un (l’État, les partis politiques ?) n’a pas fait son travail. Cela a créé un vide, ce dont le droit a une sainte horreur, que l’on ne peut plus combler.

L’union : vœu pieu ?

On peut ensuite s’interroger sur les motivations des uns et des autres, mais on comprend bien qu’à quelques encablures des municipales et des provinciales, il y a du grain à moudre avec cette affaire. Cela étant, la stratégie qui consiste à appeler à l’union, mais à agir chacun de son côté est-elle la bonne ? De toute évidence non. Mais cela montre à ceux qui nourrissaient encore quelques illusions que le fossé qui existe entre les différents partis loyalistes est si profond qu’il est désormais infranchissable. L’union des partis non-indépendantistes, quel que soit le sujet, ne semble pas être pour demain.