Une campagne électorale déshumanisée où tous les coups seront permis

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Ces dernières semaines, le ton est devenu très dur entre candidats… L’agressivité est-elle désormais indispensable dans une campagne électorale ? Ils sont pourtant censés être appelés à vivre ensemble malgré les intempéries. Mais que non ! Les alliés d’hier sortis du même moule politique et avec la même fibre loyaliste que sont le RUMP, le MPC ou encore Caledonie Ensemble (n’en déplaise à Sonia Lagarde) pour ne citer qu’eux sont véritablement à couteau tiré. Les accusations réciproques que ces derniers s’expédient quotidiennement font froid dans le dos, pourtant se ne sont que de simples et gentils loyalistes qui devraient favoriser l’alliance à la division mais que voulez-vous, tant que certains feront de la politique comme seule source de revenus, cela perdurera. Je crois que cette violence verbale dans le cadre de campagnes électorales n’est que le reflet de notre époque où il faut tout exprimer sans retenue ni mesure. Etre basique pour être plus prêt du peuple est sans doute une façon moderne de communiquer ! Et puis c’est si efficace! Ca crée des remous qui suscitent aussitôt de l’intérêt. Qu’on soit indépendantiste ou loyaliste, la vulgarité devient un élément de communication à part entière (surtout en pleine campagne électorale), une façon de faire parler de soi. À défaut d’apporter du contenu, elle est l’expression du vide, de la violence à l’état pur. Violenter l’autre étant l’effet recherché. Construire non, détruire oui.

Je croyais les indépendantistes plus intelligents que les loyalistes sur ce plan là mais que nenni, la division du clan déplaît coté UC c’est flagrant ! Dernier exemple en date, ce torchon édifiant publié sur les réseaux sociaux à l’encontre de Marie-Claude Tjibaou accusée d’être gracieusement payée par la CAFAT depuis l’assassinat de son mari (voir aussi ce tract). Je comprends la réaction de son fils Jean-Philippe qui vomit certains propos sur sa page Facebook en essayant tant bien que mal de défendre sa mère. Je serai à sa place je ferais certainement la même chose. Bref, l’insulte ou encore la diffamation serait l’expression décomplexée, un jeu pour faire le buzz. Tout peut se dire, reste à savoir devant qui et où… L’incorrection et le non respect comme éléments de langage des forts à destination des faibles. L’incorrection et le non respect comme porte d’entrée dans le jardin des gens. Si l’incorrection et le non respect sont l’expression d’une domination de la passion sur l’esprit, l’on peut se demander qui, du politique ou de l’électeur, maintient l’autre dans la zone la plus primitive du cerveau.

L’agressivité est une arme redoutable si elle est maîtrisée. Elle se retourne contre ses auteurs quand elle devient un mode opératoire, perçue alors comme l’arme du faible, c’est ce que je pense… Je cite ci-dessus cet exemple car il m’a écœuré au plus haut point mais nul doute qu’il y aura d’autres démonstrations dans les semaines à venir. Et dire qu’après on incite les jeunes à s’intéresser à la politique et à aller voter…. BERKKKK ! Je comprends bien qu’en politique (presque) tous les coups sont permis pour affirmer ses idées et surtout pour discréditer celles de ses adversaires. Cependant, quand on occupe un office public (ou qu’on rêve le faire), on devrait toujours avoir à cœur le bon fonctionnement de l’institution qu’on représente.

Pour finir, je vous propose cette réflexion de Nietzsche et on en discute par le biais des commentaires

« Voyez-les grimper, ces singes agiles !
Ils grimpent les uns sur les autres et se poussent ainsi dans la boue et dans l’abîme.
Ils veulent tous s’approcher du trône : C’est leur folie,
comme si le bonheur était sur le trône !
Souvent la boue est sur le trône – et souvent aussi le trône est dans la boue »
Frédéric Nietzsche.

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Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »