Le gouvernement bloque les hélicos du CHT

A minuit hier soir, le contrat d’exploitation qui lie la société INAER* au CHT est arrivé à son terme. Sans l’aval du président du gouvernement la société ne peut plus effectuer d’héliportage sur l’hôpital avant le lancement d’un nouvel appel d’offre. Le personnel médical est scandalisé.

L’affaire avait fait les choux gras de la presse il y a de cela deux ans : les remous autour du marché des Evasan avait en effet opposé la société Inaer Helicopter France à la société Hélicocéan. Cette dernière, détenue à 49% par l’Australien John McDermott et à 51 % par la société Montagnat, avait perdu en 2011 l’appel d’offre lancé par le CHT. Le gouvernement Martin, qui par la voix de Sylvie Robineau penchait plutôt pour Hélicocéan avait alors refusé de signer la licence d’exploitation de transport aérien à Inaer – qui s’était pourtant vu attribuer le marché public, obligeant celle-ci a avancé des fonds propres pour effectuer les Evasan. Après une première bronca du personnel hospitalier, le gouvernement avait dû céder et Inaer a, durant ces trois dernières années, effectué les héliportages des malades et des blessés sur l’hôpital.

« Plus d’hélico, veuillez patientez avant de mourir ! »

Aujourd’hui le contrat arrive à son terme et un nouvel appel d’offre sera lancé le 28 avril prochain. Cependant, d’ici là, le gouvernement doit signer une prorogation d’utilisation à l’exploitant afin de permettre à Inaer d’effectuer les rotations en attendant les conclusions de l’appel d’offre. Au jour d’aujourd’hui, rien n’a encore été signé et les hélicoptères n’ont plus l’autorisation de se poser sur l’héliport du CHT. Ils devront donc utiliser l’aérodrome de Magenta et il faudra compter sur un trajet supplémentaire en ambulance vers l’hôpital, distant de 4km.

Pour le personnel hospitalier, les choses sont claires : « Sans autorisation, pendant les prochaines semaines il n’y aura pas d’hélicoptère sur le toit, donc un retard dans la prise en charge des patients ce qui entrainera une perte de leur chance de vie. C’est parfaitement scandaleux » Chaque année il y a environ 350 recours à l’hélicoptère, soit près d’un vol par jour. Autant dire qu’en brousse ou sur les îles, pour les accidentés de la route notamment, il valait mieux être blessé avant le 6 avril que ces prochains jours… Une infirmière du service de réanimation nous confie amère « Qu’est-ce que j’vais dire aux patients ? “Il n’y a plus d’hélico, veuillez patientez avant de mourir ?” » Le gouvernement interpellé sur la question via les médias répondra peut-être à ces interrogations lors de sa réunion collégiale hebdomadaire.

(*) Inaer est un groupe espagnol international, spécialisé dans l’activité sanitaire aéroportée. Il s’est implanté en France, au Portugal, au Chili, en Australie, en Italie, au Royaume-Uni, ou encore en Afrique du Nord.